Après trois ans de croissance, les recrutements de cadres subissent en 2024 un recul de 8 points par rapport à 2023. Cette contraction du marché de l’emploi cadre impacte l’insertion des jeunes diplômés, y compris ceux ayant suivis des études longues (Bac+5). Ces derniers témoignent d’une difficulté accrue à décrocher un premier emploi. C’est ce que révèle une étude de l’APEC publiée début novembre 2025.
Un rallongement de la durée d’insertion professionnelle en 2024
Cette baisse du recrutement de cadres trouverait sa cause dans une chute importante de l’investissement des entreprises, affecté par les incertitudes politiques, budgétaires, fiscales et géopolitiques qui ont marqué l’année. Dans ce contexte, et comme souvent lorsqu’est constaté un retournement de marché, les jeunes figurent parmi les premiers touchés. L’APEC constate ainsi qu’en juin 2024, soit environ 12 mois après l’obtention de leur diplôme, 72 % de ceux diplômés en 2023 occupaient un emploi salarié. L’insertion dans l’emploi salarié a ainsi reculé de 2 points par rapport à la promotion précédente (diplômée en 2022).
Ce ralentissement semble toucher tous les domaines d’activités, même si certaines disciplines accusent plus fortement le coup que d’autres. C’est notamment le cas des diplômés de droit, économie et gestion qui sont seulement 69 % à occuper un emploi salarié 1 an après leur diplomation (-4 points par rapport à la promotion précédente). Pour les diplômés d’écoles de commerce, l’insertion est nettement en dessous de la moyenne et accuse un recul de 4 points (66 %). Même son de cloche pour les sciences, les technologies et pour la santé qui enregistrent un ralentissement de -4 points, malgré un taux d’insertion élevé (75 %). Les mathématiques et sciences de la vie, de la terre et de l’univers, parviennent quant à elles à se maintenir. Les diplômés de lettres, langues et arts demeurent les moins bien lotis avec un taux d’insertion de 59 %, relativement stables année après année.
Une recherche d’emploi complexe
Concrètement, ce ralentissement de l’insertion des jeunes diplômés Bac+5 sur le marché du travail se traduit par une recherche de travail jugée plus longue et complexe. 84 % des jeunes interrogés par l’APEC estiment leur recherche de leur premier emploi difficile, 43 % la qualifient même de très difficile : une hausse de 21 points par rapport à la promotion précédente. Même les ingénieurs ne sont pas épargnés et témoignent de difficultés accrues (80 %).
Selon les jeunes, les principaux obstacles à l’emploi pendant leur première année de vie active sont aujourd’hui le manque d’expérience professionnelle (pour 79 %) et le manque d’offres d’emplois disponibles dans leur métier ou dans leur secteur d’activité (54 %). Un ressenti qui souligne parfaitement la raréfaction des opportunités ouvertes aux jeunes diplômés.
La recherche d’emploi des jeunes diplômés Bac+5 s’avère donc plus longue et plus intense, nécessitant un engagement accru des candidats. Cet engagement se traduit notamment par une multiplication des candidatures envoyées. 57 % de ceux qui ont trouvé un emploi ont dû postuler plus de 30 fois avant de décrocher un travail, un chiffre en nette progression par rapport à la promotion 2022 (31 %). Pour 38 % de ces jeunes, les démarches pour trouver leur emploi actuel ont duré au moins 6 mois. Ce qui était le cas pour seulement 18 % des diplômés de la promotion 2022.
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Les jeunes font des compromis pour trouver un emploi
La sécurité de l’emploi s’imposant comme un enjeu fort pour les jeunes, ils sont nombreux à avoir du faire des compromis pour trouver un travail. Ainsi, 78 % ont déclaré qu’être en CDI (ou fonctionnaire) était un critère important, voire très important pour 32 % d’entre eux. 72 % indiquent également qu’accéder au statut cadre est important (très important pour un tiers d’entre eux).
Toutefois, face aux difficultés rencontrées pour décrocher un contrat, les jeunes ont fait preuve de souplesse concernant les conditions d’emplois qui leur étaient proposées, y compris sur ces critères, leur priorité étant de décrocher un premier emploi afin de se forger une première expérience. Ainsi, la possibilité de faire du télétravail (pour 71 %) ou d’être en CDI (pour 70 %) font partie des premier compromis envisagés. Plus de la moitié des jeunes interrogés se déclaraient également prêts à accepter une rémunération inférieure à leurs prétentions (59 %) ou un poste hors statut cadre (51 %), ceci dans le but d’accélérer leur insertion professionnelle.
En revanche, les jeunes diplômés se sont montrés plus exigeants sur les missions du poste et sont nettement moins nombreux à envisager d’accepter un premier emploi éloigné de leur formation ou ne correspondant pas à leur niveau d’études. Ils sont toutefois un quart de la promotion 2024 à avoir accepté un poste ne correspondant pas à leurs attentes en matière de contenu : un chiffre en hausse de 7 points par rapport à la promotion 2022.
Changer d’emploi, un pari jugé risqué
Dans ce contexte, la promotion 2024 se montre assez pessimiste quant à son évolution professionnelle à court terme, tant en interne que grâce à un changement d’entreprise. Parmi les jeunes actuellement en emploi pérenne, 34 % considèrent que leurs perspectives d’évolution au sein de leur entreprise ne répondent pas à leurs attentes. Cette proportion monte à 57 % parmi les jeunes en contrat court.
Les jeunes diplômés sont également mitigés concernant le bénéfice de changer d’entreprise à court terme. 44 % d’entre eux estiment en effet que la mobilité externe constitue aujourd’hui un risque qu’ils ne sont pas prêts à prendre. Ils sont nombreux (67 %) à juger difficile de trouver un travail au moins équivalent au leur dans la période actuelle, sans même parler de trouver un mieux.
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NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : les difficultés d’insertion des jeunes diplômés Bac+5 sur le marché du travail
Un marché de l’emploi cadre en recul
Après trois années de croissance, les recrutements de cadres ont chuté de 8 % en 2024, selon l’APEC. Cette baisse, liée aux incertitudes économiques, politiques et géopolitiques, pénalise directement les jeunes diplômés Bac+5, dont l’insertion dans l’emploi salarié recule à 72 % un an après le diplôme (-2 points par rapport à 2023).
Tous les domaines touchés, mais à des degrés différents
Les diplômés de droit, économie et gestion sont les plus impactés (69 % en emploi, -4 points), suivis des écoles de commerce (66 %, -4 points). Les disciplines scientifiques et de santé conservent un taux d’insertion élevé (75 %) malgré un recul similaire. Les lettres, langues et arts restent à la traîne (59 %).
Une recherche d’emploi plus longue et plus difficile
84 % des jeunes jugent leur recherche d’emploi difficile, un record (+21 points). Le manque d’expérience (79 %) et la rareté des offres (54 %) sont les principaux freins. Plus d’un jeune sur deux (57 %) a dû envoyer plus de 30 candidatures avant de décrocher un poste, et 38 % ont mis plus de six mois à trouver un emploi — deux fois plus qu’en 2022.
Des compromis pour décrocher un premier poste
Face à la conjoncture, les jeunes diplômés se montrent plus flexibles : 70 % sont prêts à accepter un CDD ou un poste sans télétravail, et 59 % à revoir leurs prétentions salariales à la baisse. En revanche, ils restent attachés au sens des missions : un quart seulement a accepté un emploi éloigné de sa formation, un chiffre en hausse (+7 points).
Des perspectives professionnelles jugées incertaines
La prudence domine : 34 % des jeunes en emploi estiment leurs perspectives d’évolution internes insatisfaisantes, et 57 % des titulaires de contrats courts partagent ce sentiment. Changer d’entreprise apparaît risqué pour 44 % d’entre eux, tandis que 67 % pensent qu’il serait difficile de retrouver un poste équivalent dans le contexte actuel.












