Les nouvelles générations rêvent-elles toujours de construire des avions ? Alors que la filière aéronautique – qui emploie déjà près de 30 000 personnes en Pays de la Loire – peine à pourvoir ses postes techniques, le Campus des Métiers et des Qualifications lance Aero Quest, un outil immersif inspiré du jeu vidéo pour attirer les jeunes.
Saint-Nazaire, Nantes, Montoir-de-Bretagne : à l’ouest, l’aéronautique s’étend bien au-delà du seul pôle toulousain. Avec trois sites majeurs d’Airbus désormais regroupés sous la bannière Airbus Atlantic, la région des Pays de la Loire s’impose comme un bastion industriel stratégique, avec 29 687 emplois dans la filière et un tissu de 280 établissements industriels. Et pourtant, les tensions sur le recrutement y sont structurelles. « Tous les métiers de l’atelier sont concernés, mais les plus en tension restent les métiers manuels : usineur, chaudronnier, soudeur. Le secteur offre de belles opportunités de carrière, et les femmes y ont par exemple toute leurs place, », résume Agathe Samain, responsable communication et marque employeur du Campus aéronautique.
Pour raviver l’intérêt des jeunes pour l’industrie aéronautique, le Campus mise sur Aero Quest, une plateforme en ligne conçue pour les collégiens et lycéens. Inspirée de l’univers du jeu vidéo, ce serious game propose une immersion dans des ateliers modélisés à partir de vidéos tournées in situ, chez Airbus, Daher ou Mecachrome. « L’industrie reste trop souvent associée à des clichés : des environnements ternes, des gestes répétitifs, des carrières figées pour quarante ans. Pourtant, ce que nous voyons au quotidien, ce sont des sites impeccables, des équipements à la pointe de la technologie, des machines valant plusieurs millions d’euros, un engagement fort en recherche et innovation. Avec Aero Quest, notre objectif est de donner à voir aux jeunes cette réalité : celle d’une industrie moderne, dynamique, portée par des équipes engagées. »
L’industrie, terrain de carrière et d’ascension professionnelle
Ce Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence de l’aéronautique des Pays de la Loire et Bretagne fédère l’ensemble des forces vives de la filière. Il réunit des établissements de formation (du secondaire au supérieur), des entreprises comme Airbus, Daher, Stelia, Assystem, des laboratoires de recherche (IRT Jules Verne, CLARTE), des organismes d’emploi ainsi que des institutions publiques. Ensemble, ces acteurs travaillent à répondre aux enjeux de formation et d’emploi propres aux métiers de l’aéronautique, encouragent les échanges entre partenaires et contribuent à renforcer l’attractivité et la compétitivité du secteur sur le territoire.
Le projet Aeroquest, en apparence ludique, répond à une problématique bien concrète : donner à voir ce qui reste habituellement hors champ, et réintroduire une culture de la transmission dans un secteur confronté à une vague de départs en retraite et à une difficulté croissante de renouvellement des compétences. « On travaille avec des jeunes de 14 ans à qui l’on demande de choisir une voie sans connaître tous les métiers existants. Ce qu’on leur propose, c’est de regarder une vidéo de deux minutes, et de comprendre ce qu’implique concrètement les métiers de l’aéronautique : quelles compétences, quelle ambiance, quelle posture. » Cette mise en situation a un effet direct : « Certains se disent immédiatement : ce métier ne me correspond pas. D’autres, au contraire, découvrent une voie à laquelle ils n’auraient jamais pensé. »
À rebours des idées reçues, l’industrie aéronautique ouvre ses portes à une grande diversité de profils. « L’accès est élargi à tous les niveaux. Il y a des recrutements à bac pro, BTS, école d’ingénieur. Et ceux qui entrent tôt poursuivent souvent en formation continue pour monter en compétences. L’évolution interne est rapide, on accède très vite à des postes d’encadrement : les besoins sont tels que les entreprises font confiance aux profils motivés. » Une mobilité interne que peu de secteurs peuvent encore garantir aujourd’hui.
Flight-shaming : les jeunes veulent-ils encore construire des avions ?
Mais les nouvelles générations rêvent-elles d’avions dans un monde confronté à l’urgence climatique ? « Ils sont en effet nombreux à se poser cette question, et ils ont raison. Mais c’est justement parce que l’industrie aéronautique doit évoluer qu’ils ont un rôle à jouer. Il faut des ingénieurs pour concevoir l’avion décarboné, des techniciens pour travailler sur les nouveaux matériaux, des opérateurs capables de s’adapter à des processus plus propres, plus durables. »
La filière multiplie les projets dans ce sens : centre de développement zéro émission à Nantes, fabrication de réservoirs cryogéniques pour l’avion à hydrogène, généralisation des carburants durables, déploiement de jumeaux numériques pour anticiper l’usure des machines…
L’éternel défi de l’orientation
Pour qu’un jeune rejoigne cette dynamique, il faut d’abord qu’il puisse en prendre connaissance. « Les enseignants sont submergés. Ils reçoivent des centaines de mails sur l’orientation, et les outils comme Aeroquest risquent de passer inaperçus. C’est pourquoi on travaille en BtoBtoC : notre première cible, ce sont les enseignants, les conseillers d’orientation, les prescripteurs, à qui l’on fournit un kit prêt à l’emploi. » Des campagnes sont également menées sur les réseaux sociaux, y compris via des communautés de parents.
Ce travail de terrain, Agathe Samain le porte seule, ou presque. « Je prends littéralement mon bâton de pèlerin. Je vais présenter la plateforme dans des réunions, des salons, auprès de France Travail, de l’APEC, de la French Tech… Si je ne vais pas au contact, l’outil ne trouvera pas son public. »
Elle plaide aussi pour une implication plus forte des entreprises. « Organiser un job dating ne suffit plus. Il faut travailler sa marque employeur, former les managers, identifier des ambassadeurs parmi les salariés. Les jeunes n’adhèrent plus aux discours d’hier. Il faut leur parler d’avenir, d’engagement, de perspective. » Et de conclure : « Les outils d’orientation existent. Ce qu’il faut développer, ce sont les relais. Les jeunes s’engagent lorsqu’ils peuvent se projeter ! »
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Jeu vidéo d’orientation, la nouvelle arme de séduction de l’aéronautique pour attirer les jeunes talents.
Aero Quest : Un outil immersif pour les jeunes : Le Campus des Métiers et des Qualifications lance Aero Quest, un serious game inspiré des jeux vidéo, pour attirer collégiens et lycéens vers les carrières de l’aéronautique, en leur montrant la réalité dynamique et moderne de ce secteur.
Une réponse aux besoins de l’industrie: Avec près de 30 000 employés en Pays de la Loire et des recrutements à tous niveaux, l’aéronautique fait face à des difficultés de renouvellement des compétences, exacerbées par les départs à la retraite. Aero Quest vise à familiariser les jeunes avec les divers métiers disponibles.
Découverte des métiers : Grâce à des vidéos modulantes, les jeunes peuvent comprendre les différentes carrières et leurs exigences. Cela permet à ceux qui hésitent de découvrir des voies auxquelles ils n’auraient pas pensé, tout en clarifiant celles qui ne leur conviennent pas.
Engagement des nouvelles générations : Les jeunes se questionnent sur l’impact environnemental des métiers aéronautiques. L’industrie évolue vers des pratiques plus durables, nécessitant des ingénieurs et des techniciens pour développer des technologies comme l’avion décarboné.
Un besoin de communication efficace : Pour que des outils comme Aero Quest atteignent les jeunes, il est crucial d’impliquer davantage les enseignants et les conseillers d’orientation. Le défi réside dans la promotion active de ces ressources et dans la création de relais pour permettre aux jeunes de se projeter dans ces métiers d’avenir.