Les psychologues de l’Éducation nationale de la spécialité « éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle » (psyEN EDO), guident les élèves du second degré dans leur projet d’orientation. Ils n’ont pour autant pas vocation à orienter les jeunes vers des métiers spécifiques. Explications.
« Les élèves ne sont pas orientés, nous les accompagnons à faire des choix d’orientation ». Si la différence peut paraître subtile, elle est pourtant essentielle dans la définition du rôle du psychologue de l’Éducation nationale (psyEN), assure Elisabeth Boyer, déléguée de région académique adjointe à l’information et à l’orientation pour l’académie de Créteil, qui regroupe trois départements : Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne.
Guider les élèves dans l’élaboration progressive de leur projet d’orientation est l’une des missions des psyEN de la spécialité « éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle » (EDO), qui interviennent auprès des collégiens et lycéens (ex-conseillers d’orientation psychologues). Ceux de la spécialité « éducation, développement et apprentissages » (EDA) œuvrent quant à eux dans les écoles maternelles et primaires.
Le psyEN EDO exerce dans le Centre d’Orientation et d’Information (CIO) auquel il est rattaché (ouvert à tous y compris pendant les vacances scolaires), et dans plusieurs établissements scolaires. « Cette année, je suis dans trois collèges, explique Marine Cordonnier, psyEN au CIO de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). L’an dernier, c’était un lycée et deux collèges ». Cette diversité dans l’accompagnement permet d’avoir « une vision globale », souligne Elisabeth Boyer.
Les différentes actions liées au conseil d’orientation professionnelle
« Ce qui nous importe avant tout, c’est d’emmener les élèves vers un épanouissement personnel, qui conduira à un épanouissement professionnel, détaille Marine Cordonnier. Nous avons plusieurs champs d’action, le développement, l’éducation et l’orientation. Tout est lié. Un adolescent qui va bien est un adolescent qui peut développer des compétences pour pouvoir s’orienter », estime-t-elle.
Le psyEN EDO peut échanger avec les élèves et les parents lors d’entretiens individuels. Il organise également des activités de groupe au sein des classes, entre autres actions. Ces interventions peuvent varier, selon les besoins de chaque établissement.
« En cinquième, on aborde, par exemple, les stéréotypes dans les métiers, ajoute la psychologue. Nous travaillons aussi avec les professeurs documentalistes pour l’éducation aux médias, ou encore avec nos partenaires, qui interviennent dans les établissements. Dans le cadre de la découverte des métiers, les élèves vont aussi à la rencontre de nos commerces de proximité (opticien, libraire, supermarché, boulangerie…). On sollicite ces professionnels pour que les élèves puissent aller les voir, leur poser des questions. Cela leur permet d’échanger avec des personnes qui ne sont pas des personnels de l’éducation, mais de ‘vraies personnes’, comme les qualifient certains élèves ».
« Nous n’informons pas sur tous les métiers qui existent »
Contrairement à certaines idées reçues, les psyEN EDO n’ont pas vocation à orienter un élève vers un métier précis. « Nous ne sommes pas dans une démarche prescriptive, assure Elisabeth Boyer. Par ailleurs, nous n’informons pas sur tous les métiers qui existent ou qui vont exister. Notre démarche, c’est comment permettre aux élèves de s’approprier les informations, les identifier et les intégrer à leur réflexion sur leur projet d’orientation, développe-t-elle. Si cela était juste une question d’information, on pourrait s’interroger sur la nécessité du titre de psychologue. Nous sommes donc bien sur une approche psychologique du projet d’orientation de l’élève, de sa démarche de projection dans sa vie future et ses études futures ». « On ne connaît pas tous les métiers, complète Marine Cordonnier. Je ne suis pas là pour dire aux élèves ce qu’ils doivent faire, c’est un choix personnel. Ils ne nous voient pas comme des voyants, mais comme des psychologues ».
L’information sur les métiers et les formations est quant à elle « une compétence de la région, qui informe sur le tissu local, à laquelle s’ajoute la compétence nationale, notamment par l’intermédiaire de l’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions), ajoute Elisabeth Boyer. Il faut bien faire la différence entre information et orientation, insiste-t-elle. Les compétences de la région sont des compétences en matière d’information, et celles de l’éducation nationale des compétences en matière d’accompagnement à l’orientation. Elles sont complémentaires, mais partagées », résume-t-elle.
L’évolution des métiers, elle, est prise en compte « dans l’offre de formation », note Elisabeth Boyer, évoquant « la coloration des diplômes en fonction de nouveaux besoins ». Les FCIL (formations complémentaires d’initiative locale), « créées en fonction d’un besoin identifié par les acteurs économiques », sont également en développement. « Nous sensibilisons aussi les élèves sur l’éventualité de ne pas faire le même métier tout au long de leur vie. Soit parce qu’il n’existera plus, soit parce qu’il va tellement évoluer qu’il faudra s’adapter à de nouvelles technologies, dans le même secteur professionnel ».
« Permettre aux élèves de faire un choix éclairé »
L’orientation n’est donc pas un champ réservé aux psyEN. « Toute cette réflexion se fait à différents moments, parce qu’il y a plusieurs interlocuteurs qui rentrent en compte. L’élève construit petit à petit son projet d’orientation », analyse Elisabeth Boyer.
L’orientation n’est pas « subie » par les élèves, tient-elle à préciser. « Nous sommes vraiment dans la volonté, avec tout ce que l’on met en place, de leur permettre de faire des choix éclairés. Et ce, à différents moments de leur vie. Il y a des transitions importantes, à la fin du collège et de la terminale par exemple. Mais tout ne se joue pas à ce moment-là, leur parcours va évoluer ». « Grâce au développement de leurs compétences et connaissances, ils seront en mesure de faire des choix, assure quant à elle Marine Cordonnier. C’est valable dans l’orientation, mais aussi tout au long de leur vie ».
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le rôle des psychologues de l’Éducation nationale dans l’orientation scolaire et professionnelle :
Accompagnement plutôt qu’orientation : Les conseillers d’orientation psychologues de l’Éducation nationale (psyEN) aident les élèves à élaborer leur projet d’orientation sans leur imposer de choix spécifiques, encourageant l’autonomie dans la prise de décision.
Mission diversifiée des psyEN (ex-conseillers d’orientation psychologues) : Intégrés aux Centres d’Information et d’Orientation (CIO) et divers établissements, les psyEN mènent des missions variées comme des entretiens individuels et des activités de groupe pour une approche globale de l’orientation.
Interactions variées : Les psyEN collaborent avec différents acteurs, tels que les professeurs documentalistes, pour élargir la perspective des élèves sur les métiers, notamment par la découverte des métiers de proximité.
Rôle de l’information régionale et nationale : Les psyEN ne couvrent pas l’information exhaustive sur les métiers, laissant cette fonction à la région et l’Onisep, et se concentrent sur l’accompagnement à l’orientation.
Évolution et adaptabilité professionnelle : Les psyEN sensibilisent les élèves à l’évolution des métiers et l’importance d’anticiper les changements technologiques, tout en leur permettant d’effectuer des choix éclairés tout au long de leur parcours scolaire et professionnel.