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La césure, un atout pour gagner en maturité

Les bénéfices d'une année de césure

Sorte de « pause » dans le cursus des études supérieures, l’année de césure est fortement plébiscitée tant par les étudiants eux-mêmes que par les écoles de management ou d’ingénieurs.


Véritable sésame pour acquérir de l’expérience et affiner son projet professionnel, l’année de césure, anciennement surnommée « année sabbatique » est devenue monnaie courante chez les étudiants. Cette pause de six mois à un an, souvent réalisée entre le master 1 et le master 2, « est un dispositif qui permet d’acquérir de l’expérience en autonomie en dehors de la scolarité » expose Nicolas Glady, vice-président Formation & Carrière de la Confédération des grandes écoles (CGE).

« Cette année supplémentaire a été hyper bénéfique car elle m’a permis de prendre du recul et de choisir un master en 5e année dans le marketing du luxe qui me convient mieux et me plait plus. Cela m’a permis d’affiner ce que je voulais faire et ce que je ne voulais pas faire. J’ai vu le secteur et les missions qui me plaisaient ou pas » confie Jade Rebois, étudiante à l’Essca, une école de commerce post-bac, qui vient de terminer son année de césure entre sa 4e et sa 5e année d’école. Pendant un an, Jade a fait un premier stage de six mois dans une start-up parisienne et un deuxième de trois mois au Portugal.

Pour Nicolas Glady, l’année de césure permet aux étudiants de choisir les options et spécialisations de leurs masters en toute connaissance de cause, en fonction de ce qu’ils ont appris et aimé pendant cette période. « C’est là que les options prennent tout leur sens » insiste-t-il. Les étudiants apprécient particulièrement pendant cette année de césure le fait de pouvoir tester une fonction, une mission ou un secteur. Carla Latham, actuellement à l’ESCP en master 1, apprécie d’avoir pu tester le secteur du sport automobile pendant son deuxième stage de césure. « Je voulais voir si cela me plaisait vraiment et si ce n’était pas juste une passion ». Son test en tant qu’assistante hospitality pour les courses automobiles organisées par le Mans Spirit Club s’est avéré concluant et l’a confortée dans sa voie puisqu’elle a décidé de poursuivre son master 2 à la rentrée en alternance dans l’entreprise.

A contrario, Alexandre Giordani, qui souhaitait à tout prix travailler dans le domaine sportif, a pu voir grâce à son expérience de césure qu’il était finalement plus intéressé par les missions proposées par une entreprise que par son secteur d’activité. « Pour mon stage de fin d’étude, je vais donc me concentrer sur les missions plus que sur le secteur » conclut-il.

Egalement étudiant à l’Essca, il finit son année de césure après deux stages de six mois. « Je voulais faire cette année de césure pour gagner en expérience, avoir un cv plus rempli et aiguiller mon projet professionnel » explique-t-il. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais fait ma dernière année de master et recherché mon dernier stage sans avoir d’expérience professionnelle ». Le plus souvent, le choix de faire une année de césure est guidé par la volonté de faire un stage de longue durée en France ou à l’étranger. « Si nous avons des stages à faire tout au long de notre cursus, nous n’en avons pas de si long prévus pendant la scolarité, sauf à la fin de nos études. Je voulais faire un stage plus significatif et dans le milieu qui m’interessait » confie Jade Rebois.

Pour Tina Robiolle, directrice des études (PGE) de l’Essec, l’année de césure répond aux besoins actuels du marché du travail : « Les étudiants se retrouvent de plus en plus face à des employeurs qui attendent un certain niveau d’expérience chez les jeunes diplômés. Avec moins d’un an d’expérience, leur taux d’employabilité est très faible » explique-t-elle. Nicolas Glady voit une vraie différence entre les élèves passés par une année de césure et ceux qui ne l’ont pas fait. « Il y a une vraie maturité par rapport aux cours dispensés et par rapport à la compréhension de leur utilité ».

Pour le directeur général de Télécom Paris et enseignant-chercheur, cette expérience différente est d’autant plus intéressante pour des étudiants qui « sont sur des rails dans un univers très cadré pendant toute leur scolarité. Cette expérience va ouvrir leurs chakras et leurs esprits. Ils ont un vécu que les autres élèves n’ont pas nécessairement » explique-t-il. Outre les stages et l’expérience, les raisons qui poussent les étudiants à opter pour une année de césure sont très hétérogènes. « Il y a beaucoup de modalités et de raisons différentes » argue-t-il. Et de citer pêle-mêle des stages, un CDD, un service civique, un projet sportif, associatif ou humanitaire, une formation ou de l’entrepreneuriat. De fait, « il est difficile d’avoir des statistiques sur quelque chose d’aussi polymorphe ».

Côté recruteurs comme côté écoles, ces breaks sont très appréciés. « C’est fortement encouragé par l’école car c’est un gros plus au moment des stages de fin d’études qui débouchent souvent sur des CDI » affirme Jade Rebois.

Si l’Essec est moins coutumière de ces années de césure du fait de la souplesse et de la flexibilité qu’offre déjà l’école, Tina Robiolle a vu l’importance de l’année de césure lorsqu’elle travaillait à Sciences Po Paris. « C’est bénéfique pour les programmes plus rigides ou intensifs dans leur structure. Les étudiants, recrutés dès la fin de leur bachelor, n’avaient pas ou presque pas d’expérience professionnelle. La césure est alors utile pour développer leur expérience professionnelle, pour augmenter leur taux d’employabilité à la sortie du programme et mieux saisir et développer leur projet professionnel, insiste-t-elle. Cela leur permet également d’être moins dans le flou et de mieux s’orienter ». 

Autre motivation de taille, découvrir le monde. Entre ses deux stages de six mois, Alexandre a eu le temps de partir pendant un mois au Chili et en Argentine et à la fin de son année de césure, il a profité d’un dernier mois pour parcourir le Cambodge et la Malaisie. Jade, qui souhaitait également en profiter pour voyager, est partie à l’issue de ses deux expériences trois mois au Pérou et en Bolivie. « Je voulais prendre le temps d’aller à l’autre bout du monde sans avoir un CDI qui m’attend » confie-t-elle.