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Classement de Shanghai : que dit-il de nos universités françaises? 

Le classement de Shangai

Entrée dans le top 20 du classement de Shanghai depuis sa création en 2020, l’Université Paris-Saclay se loge désormais à la douzième place. Cette position historique place la France au troisième rang mondial, qui peut également compter sur la présence de trois autres établissements dans le top 100. Entre reconnaissance honorifique et rayonnement, que dit vraiment ce classement de nos universités françaises ? 


Créé en 2003 par l’université Jiao Tong de Shanghaï, le classement de Shanghai est devenu une référence en matière d’excellence universitaire internationale, fondée sur la recherche intensive. Ce classement a en effet pour particularité des critères aussi bien quantitatifs que qualificatifs qui concernent la recherche : le nombre d’alumni prix Nobel et médailles Fields, le nombre d’enseignants-chercheurs Prix Nobel et Médailles Fields, les chercheurs les plus cités (Highly Cited Researchers), le nombre de publications dans les revues scientifiques Nature et Science, etc.

L’Université Paris-Saclay, présente dans le top 20 depuis sa création en 2020 (1ère université française et d’Europe continentale) atteint cette année la 12e place mondiale (+3 places par rapport à 2023), « une fierté pour toute notre communauté universitaire. Si ce classement ne représente pas un objectif en soi, c’est une conséquence du travail reconnu de tous nos chercheurs, chercheuses, doctorantes, doctorants et personnel administratif », commente Camille Galap, élu à la présidence de l’Université Paris-Saclay en juin dernier. « Mon objectif en tant que président de l’université est de maintenir notre position pour rester dans le top 20, et surtout de continuer à soutenir nos 220 laboratoires au sein de l’Université Paris-Saclay, tous domaines confondus, pour que nos étudiantes et étudiants continuent de bénéficier de cette reconnaissance, visibilité et attractivité. »

Comme l’Université Paris-Saclay, les trois autres établissements figurant dans le Top 100 connaissent une progression significative par rapport à 2023 : l’Université Paris Sciences Lettres passe à la 33ème place (+8), Sorbonne Université à la 41ème (+5) et Université Paris Cité à la 60ème (+9). Par ailleurs, Aix-Marseille Université et l’Université de Strasbourg enregistrent une avancée de 50 places, rejoignant ainsi l’Université Grenoble Alpes dans le top 150. Nantes Université (+200) et Université Paris Est-Créteil (+100) affichent les plus fortes progressions. 

Cependant, malgré une belle performance des établissements français, le classement de Shanghai continue d’être dominé par les universités anglophones, principalement étatsuniennes, de façon presque écrasante. Pour le Président de l’Université Paris-Saclay, cette “surperformance” s’explique pour deux raisons : tout d’abord, dans les lettres et sciences humaines, les publications en français ne sont pas toujours prises en compte dans le classement de Shanghai. « C’est regrettable : si les publications en français, notamment en SHS étaient prises en compte par le classement de Shanghai, nos universités pourraient remonter encore plus dans le classement. » 

Ensuite, vient évidemment la question des financements, poursuit Camille Galap : « Nous ne sommes pas sur des modèles économiques équivalents : nos universités sont publiques, d’où l’importance du soutien de l’État sur le long cours. » Notons que Paris-Saclay est la première université publique à figurer dans le classement de Shanghai. « Les investissements faits par les alumni dans les universités américaines et anglaises représentent des montants 20 fois supérieurs aux fonds publics reçus par les universités françaises. » 

Le classement de Shanghai établit le score des établissements d’enseignement supérieur en matière de recherche intensive. Il est aujourd’hui reconnu pour sa stabilité : « Il ne suffit pas d’avoir des prix Nobel dans son corps enseignant pour y figurer, il faut aussi avoir des alumni ayant reçu des prix et former ceux de demain », et ce dès le premier cycle. « Quand nos étudiantes et étudiants deviennent doctorants ou chercheurs dans nos laboratoires, ils sont très performants grâce à l’excellence de la formation reçue. Notre objectif est de créer les conditions de leur réussite », poursuit Camille Galap. 

Cette douzième place sera sans doute bénéfique pour les étudiants de Paris-Saclay en quête de mobilité internationale, car le classement est un des plus reconnus au niveau mondial. Très attendu chaque année, il offre un étalonnage du positionnement de la qualité scientifique. Il donne aussi des indicateurs stratégiques et des éléments d’analyse sur les améliorations à mener. Scruté par les partenaires universitaires, il permet aux établissements de gagner en rayonnement et d’attirer les meilleurs étudiants, qui savent qu’ils seront bien formés et opérationnels lorsqu’ils arriveront sur le marché de l’emploi. « Nos masters ont en général de très bons taux d’insertion dans la vie active » : mais ces critères là ne sont pas pris en compte par Shanghai, à l’inverse d’autres classements comme le Quacquarelli Symonds ou le Times Higher Education. 

Camille Galap ne cesse de le rappeler durant cet entretien : les classements ne sont pas un objectif en soi. Il souligne l’importance d’éléments comme la qualité de vie étudiante sur le campus ou encore le taux d’insertion professionnel. Paris-Saclay dispose également de plateaux techniques de très haut niveau, qui créent les conditions de travail idéales pour les chercheurs, dans un environnement socio-économique remarquable. De nombreuses entreprises comme Danone, Thales, Sanofi, s’installent sur le campus avec leurs départements de R&D et investissent sur le territoire, tout en offrant des opportunités de collaboration avec les étudiants : stages, alternances, formation continue. 

Paris-Saclay recense aujourd’hui cinq prix Nobel dont celui d’Alain Aspect, prix Nobel de Physique 2022 et onze médailles Fields dont Hugo Duminil-Copin, médaille Fields 2022 ainsi que vingt-sept scientifiques parmi les plus cités dans leur discipline. Les équipes pédagogiques sont essentiellement constituées d’anciens chercheurs : « Le fait de former par la recherche est un élément clé pour avoir demain des cadres, des techniciens de très haut niveau, capables de s’adapter aux évolutions et aux ruptures technologiques », conclut le nouveau Président, qui a pour objectif premier de continuer à soutenir la politique scientifique de l’université tout en travaillant les problématiques de santé, d’inclusion et de diversité.