REFERENCER VOTRE ECOLE

Les accréditations uniformisent-elles la stratégie des écoles ?

Les accréditations uniformisent-elles la stratégie des écoles ?

Dans un paysage éducatif de plus en plus concurrentiel, les accréditations jouent un rôle clé dans la stratégie des écoles de commerce et de management. Si ces labels garantissent un niveau d’excellence, ils influencent aussi profondément la manière dont les établissements se développent. Pour le pire ou pour le meilleur ? Delphine Manceau, Directrice Générale de NEOMA Business School, apporte son éclairage sur le sujet.


EQUIS, AACSB, AMBA… Depuis une vingtaine d’années, ces acronymes font l’objet d’une course effrénée de la part des écoles de commerce. À l’heure où les formations privées se multiplient et où la concurrence s’intensifie, la simple reconnaissance de l’État n’est plus un argument suffisant pour se différencier. « Les familles sont souvent perdues devant la surabondance des programmes, où chaque établissement peut s’auto-proclamer “grande école” grâce à un marketing efficace, alors que d’excellents établissements communiquent très peu. Les accréditations envoient un signal de qualité », souligne Delphine Manceau, également membre de l’EQUIS Committee de l’EFMD et membre du Bureau de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE). 

Les accréditations, qu’elles soient internationales ou nationales, sont devenues incontournables pour les écoles de commerce et les directeurs d’écoles. À l’international, comme au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, les organismes AACSB, EQUIS et AMBA (spécifique aux MBA) les délivrent sur des critères rigoureux. « Ces accréditations sont des labels de qualité dans un secteur où il est difficile d’évaluer la qualité des programmes. Pour les familles et les étudiants, elles servent de boussole dans un paysage saturé », explique Delphine Manceau. Elles renforcent également la visibilité des écoles sur le marché mondial : « Elles nous sont tout aussi utiles pour choisir nos partenaires internationaux, nous regardons s’ils sont accrédités pour savoir si nous appartenons à la même catégorie. »

À l’échelle nationale française, les visas et grades sont attribués par la Commission d’Évaluation des Formations et Diplômes de Gestion (CEFDG), une entité clé de l’enseignement supérieur en France. « Ces accréditations sont essentielles pour faire partie de la Conférence des Grandes Écoles. Elles distinguent les établissements des formations privées validées uniquement par le ministère du Travail. » 

Mais comment obtient-on ces accréditations si convoitées ? Le processus, extrêmement rigoureux, repose sur la soumission de rapports très détaillés pouvant atteindre jusqu’à 120 pages pour l’EQUIS. Ces documents abordent des thématiques variées et s’accompagnent de données précises, allant des performances en matière de recherche à la composition du corps professoral en passant par l’insertion professionnelle des diplômés. Ce travail minutieux est suivi d’une évaluation sur le terrain par une équipe de pairs. « Je ne vous cache pas que c’est assez stressant, on est vraiment sur le grill, toutes les questions sont posées sans tabou. Nous avons une équipe à plein temps sur ce dossier », confie Delphine Manceau. À l’issue de ce processus, un rapport final est rédigé, et la décision d’accréditation est prise par le comité de l’organisme concerné. Elle est délivrée pour une durée de 3 à 5 ans. 

Les processus d’accréditation ne se limitent pas à des évaluations formelles : ils poussent les écoles à repenser leurs stratégies et à se conformer à des normes internationales. « Obtenir une accréditation, c’est passer par un processus rigoureux. C’est stressant, mais cela pousse à l’excellence ». Chaque dossier est évalué sur des aspects tels que la recherche, la qualité des enseignants, l’internationalisation ou encore la RSE. 

Cependant, ce phénomène de quête de l’accréditation penche vers un effet uniformisant. En quête des mêmes labels, les écoles de commerce et de management commenceraient-elles à toutes se ressembler ? « Cela a en effet généré une convergence stratégique, notamment sur l’internationalisation. Même les écoles régionales se sont ouvertes à l’international ». Les accréditations ont également encouragé les écoles à développer des activités de recherche de haut niveau, à renforcer la diversité des corps enseignants et à investir dans la pédagogie. Une uniformisation pour le mieux, peut-on alors supposer ? « Ces labels ont servi de levier d’amélioration de la qualité collective de nos écoles. Cela a uniformisé les stratégies, certes, mais pour devenir une école de très haut niveau et avoir un corps professoral d’excellence. » La Directrice de NEOMA rappelle que la France est l’un des pays comptant le plus grand nombre d’écoles triple-accréditées, le graal du secteur, à égalité avec le Royaume-Uni.

Néanmoins, Delphine Manceau insiste sur le fait que ces accréditations ne suppriment pas la différenciation : « L’accréditation met en avant la cohérence stratégique, mais permet tout de même des axes de différenciation. Par exemple, sur la transformation digitale, chaque école peut avoir son approche tant qu’elle justifie ses choix. » Contrairement aux classements qui tendent à normaliser et hiérarchiser les écoles, les accréditations permettent de souligner les spécificités et les forces de chaque établissement.

En définitive, si les accréditations tendent à homogénéiser certaines pratiques des écoles de commerce, elles constituent aussi un levier puissant d’amélioration continue. En France, où la concurrence est forte, elles ont permis aux écoles de se hisser au plus haut niveau international.


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : l’impact des accréditations sur la stratégie des écoles de commerce.

Importance des accréditations : Les accréditations comme EQUIS, AACSB et AMBA sont devenues fondamentales pour les grandes écoles de commerce pour assurer leur reconnaissance sur un marché de plus en plus concurrentiel, envoyant un signal de qualité aux familles et aux étudiants pour qu’ils soient au rendez-vous, de même à l’international, comme au Royaume-Uni.

Critères d’évaluation rigoureux : Le processus d’obtention des accréditations implique la soumission de rapports détaillés et une évaluation sur le terrain, ce qui pousse les établissements à se conformer à des normes élevées en matière de recherche, d’internationalisation et de qualité de l’enseignement.

Uniformisation des pratiques : Ce phénomène de quête des accréditations peut engendrer une convergence stratégique entre les écoles, favorisant des approches similaires, notamment en matière d’internationalisation et de recherche, mais ceci peut aussi permettre une amélioration collective de la qualité.

Maintien de la différenciation : Bien que les accréditations encouragent certaines uniformités, elles laissent également de la place pour la spécificité des institutions, permettant à chaque école de développer ses propres axes de différenciation, comme la transformation digitale.

Amélioration continue : Les accréditations ne se contentent pas d’homogénéiser les pratiques, elles sont aussi un puissant levier d’amélioration continue. Ce phénomène permet aux écoles de commerce françaises de se hisser parmi les meilleures au niveau international et de développer le sentiment d’appartenance de la part des étudiants et des enseignants.