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Déserts médicaux : l’importance des médecins de campagne

Déserts médicaux : l’importance des médecins de campagne

Face aux difficultés d’accès aux soins, de nombreux Français abandonnent l’idée d’un suivi médical. Une décision qui peut avoir de lourdes conséquences. Pour y remédier, des médecins se mobilisent en zones rurales, mais les craintes liées à une installation en campagne sont toujours présentes chez la jeune génération.


« Des patients n’avaient pas vu de médecin depuis des mois, voire des années ». C’est le constat alarmant dressé par l’association Médecins Solidaires à l’ouverture de ses centres en zones rurales. En France, le manque de médecins dans certains départements peut avoir des conséquences dramatiques sur les habitants.

« Les gens perdent leur médecin traitant ou médecin de famille et n’arrivent pas à en trouver un autre, soit parce qu’il n’y en a pas, soit parce qu’ils ne savent pas où s’adresser, alors ils abandonnent ». Résultat : des milliers de personnes ne sont plus suivies, dont certaines atteintes de maladies graves ou chroniques.

L’association, cofondée par le docteur Martial Jardel, médecin généraliste, et l’association Bouge ton Coq, a vu le jour en 2022. Sa mission : redonner un accès aux soins de santé primaires aux populations en zones rurales sous-denses. « Le docteur Martial Jardel s’est entouré dès le départ de sept médecins pionniers, qui ont été les premiers à adhérer à l’idée du temps partagé solidaire : proposer à tous les médecins qui le peuvent de venir exercer une semaine par an dans un centre de santé en zone rurale », explique Médecins Solidaires. Le centre de santé devient lui-même médecin traitant des patients. Il est ouvert toute l’année, soit 50 semaines par an.

Le premier centre a ouvert le 31 octobre 2022 dans la commune d’Ajain (Creuse). Depuis, trois autres ont vu le jour (Creuse, Cher, et Nièvre). Sans oublier trois ouvertures supplémentaires d’ici la fin de l’année 2024 (octobre, novembre et décembre), et de nouveaux centres en 2025 et 2026.

Le docteur Hubert Vivier, médecin généraliste de 66 ans fraîchement retraité, intervient dans le centre médical de Médecins Solidaires à Bellegarde-en-Marche (Creuse). Il a effectué toute sa carrière à Châteaudun (Eure-et-Loir), et continue les remplacements dans la Maison de santé pluridisciplinaire de sa commune.

« Ce qui m’a touché, c’est l’extrême fidélité de ma patientèle. Quand j’ai pris ma retraite, j’étais ému aux larmes », confie le sexagénaire, qui a soigné jusqu’à cinq générations de la même famille.

Outre les liens créés avec sa patientèle, le médecin souligne les spécificités purement médicales de la médecine rurale. « Ici, on est un peu comme un couteau suisse. On ne sait pas tout faire évidemment, mais je n’ai pas eu une journée qui ressemblait à une autre », témoigne le médecin, évoquant par exemple la pédiatrie ou la gynécologie.

Quant à l’arrivée de la jeune génération en zone rurale ou semi-rurale, il se veut optimiste. « Je n’ai jamais su dire non à mes patients. Mais je pense que les jeunes, eux, savent mettre des cadres, des limites. Et ils ont raison ! », assure-t-il. « Le conseil que je leur donnerais, c’est de ne pas être seul, de ne pas s’isoler. J’étais heureux dans ma profession, mais il y a parfois des difficultés, du stress. Ce qui est important, c’est de pouvoir partager. Si vous êtes deux médecins, c’est différent », estime Hubert Vivier. « Seul, sur le long terme, ça me paraît plus difficile ».

La crainte d’un manque de limites est effectivement présente chez les jeunes médecins. « Ce qui fait peur avec la campagne, c’est qu’on se dit qu’on va être très sollicité. Je ne sais pas si c’est vrai. Peut-être qu’aujourd’hui, c’est différent », témoigne le docteur Clémentine Labouré, médecin généraliste chez SOS Médecins à Paris. Elle fait partie des médecins pionniers de Médecins Solidaires.

« C’est révoltant de se dire qu’il y a des gens qui n’ont pas d’accès aux soins. Pour autant, je ne me vois pas du tout aller m’installer dans un village. J’ai ma vie ici », explique la trentenaire. La jeune femme a donc opté pour Médecins Solidaires, afin d’« apporter sa pierre à l’édifice ». « Je décide quand j’y vais en fonction de mes disponibilités. On ne m’impose rien, et en même temps, je fais quelque chose qui a vraiment du sens ».

Comme son aîné, le médecin souligne des pathologies « souvent plus intéressantes ». « Mais ce qui est triste, c’est que les patients qui ne sont pas pris en charge peuvent arriver à un stade plus tardif d’une maladie », ajoute-t-elle. L’accueil des patients, lui, est extrêmement positif. « Les gens sont tellement contents de vous voir, ça fait chaud au cœur ». De quoi convaincre la jeune génération de s’installer ? « On se dit que 50 médecins passent dans un village en une année. Il y en aura peut-être qui se diront “J’adore, je vais rester”. Et c’est tant mieux ».


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : l’importance des médecins de campagne face aux déserts médicaux.

Constat alarmant : En France, de nombreux patients abandonnent le suivi médical, certains n’ayant pas vu de médecin depuis des mois voire des années, en raison d’un manque d’accès aux soins dans les zones rurales.

Initiative de Médecins Solidaires : Créée en 2022, l’association Médecins Solidaires s’engage à redonner accès aux soins primaires dans les zones sous-denses, en mobilisant des médecins pour exercer temporairement en milieu rural, permettant ainsi de maintenir des services de santé essentiels.

Rôle polyvalent des médecins : Les médecins exerçant en milieu rural doivent souvent avoir des compétences variées, allant de la pédiatrie à la gynécologie, ce qui rend leur quotidien riche et stimulant, selon des professionnels expérimentés.

Crainte de l’isolement chez les jeunes médecins : La peur d’être sur-sollicité et d’un manque de limites dissuade certains jeunes médecins de s’installer en milieu rural, mais beaucoup trouvent un sens à leur implication en participant à des missions temporaires pour leur patientèle dans des communautés rurales. 

Impact positif sur les communautés : Les retours des patients dans ces zones sont extrêmement positifs, et il est espéré que cette expérience incitera certains médecins à s’installer durablement en milieu rural en tant que médecin de campagne, contribuant à la réduction des déserts médicaux et à l’amélioration de la santé publique.