Bien choisir ses spécialités en seconde : quelles conséquences sur son orientation post-bac ?

Les astuces pour choisir sa spécialité.

Depuis la réforme du bac en 2019, les anciennes filières Littéraire, Scientifique et Économique et Sociale ont disparu au profit de spécialités à choisir au cours de l’année de seconde. Quel est leur impact ? Sont-elles vraiment déterminantes au moment des inscriptions sur Parcoursup ?


La réforme du lycée de 2019 a eu de gros impacts sur les choix des futurs étudiants en voie générale et technologique. Les séries L, S et ES ont été remplacées par trois enseignements de spécialité à suivre pendant la classe de première, dont deux seront gardés en terminale pour les épreuves du bac. Aujourd’hui, 13 spécialités sont proposées : 

  • Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques
  • Humanités, littérature et philosophie
  • Langues, littératures et cultures étrangères
  • Mathématiques
  • Physique-chimie
  • Sciences de la vie et de la Terre
  • Sciences économiques et sociales
  • Sciences de l’ingénieur
  • Ecologie – Agronomie et Territoire (dans les lycées agricoles)
  • Numériques et sciences informatiques
  • Arts (parmi lesquels sont au choix : Arts du cirque, arts plastiques, cinéma-audiovisuel, danse, histoire des arts, musique, théâtre)
  • Littérature, langues et culture de l’Antiquité
  • Sports : Education Physique, pratique et culture sportives

Il faut savoir que les établissements scolaires ne proposent pas toutes les spécialités. Christophe Richer, responsable recrutement et relations candidats à l’ESTP, grande école des ingénieurs de la construction, précise que « si la réforme a été chaotique à ses débuts, Parcoursup est aujourd’hui bien adopté et les élèves ne choisissent plus des spécialités contradictoires. » Car c’est là tout l’enjeu : devant un telle abondance de choix, comment bien sélectionner ses matières pour ne se fermer aucune porte, surtout lorsqu’on ne sait pas encore vers quel métier se diriger ?

Pour Christophe Richer, qui connaît Parcoursup comme sa poche, les spécialités sont extrêmement déterminantes, notamment pour les filières scientifiques. « Pour entrer dans une école d’ingénieur par exemple, les mathématiques sont incontournables. Ensuite, il est recommandé de choisir entre physique-chimie ou sciences de l’ingénieur, ou maths et NSI (Numériques et sciences informatiques). Les profils qui ont par exemple choisi maths et SVT seront étudiés, mais sous dérogation qu’ils aient suivi la physique-chimie en première. »

Qu’en est-il d’un lycéen qui prendrait deux spécialités scientifiques mais y ajouterait un enseignement de littérature ou d’histoire-géo ? « Il faudrait alors abandonner la littérature en terminale, c’est incontournable d’avoir deux spécialités scientifiques pour entrer en école d’ingénieur ». Cette réforme qui était censée ouvrir le champ des possibles ne serait-elle finalement qu’un leurre ? « On reste finalement sur le même modèle qu’un bac S », conclut le responsable des admissions de l’ESTP.

Cependant, lorsqu’on souhaite intégrer une filière tournée vers les sciences humaines, des assemblages moins traditionnels d’options sont possibles. Par exemple, pour entrer dans une fac de droit ou de journalisme, les prérequis d’options sont beaucoup plus flexibles – certains étant recommandés comme les sciences politiques ou les Humanités, littérature et philosophie – sans pour autant que cela soit éliminatoire. 

Ce moment du choix des spécialités au cours de l’année de seconde est généralement assez anxiogène pour les élèves, mais encore plus pour les parents. « Lorsqu’on se destine à des métiers scientifiques, l’association Mathématiques et Physique Chimie est la meilleure option pour ne pas se fermer de portes », conseille Christophe Richer, qui recommande également de se rendre dans les salons pour se renseigner, de fouiller les sites des écoles, d’aller aux portes ouvertes. 

Mais surtout d’explorer Parcoursup : avec plus de 23 000 formations proposées, la plateforme a corrigé ses erreurs des débuts et offre une vision extrêmement détaillée des prérequis indispensables, des critères d’analyse des dossiers et des débouchés professionnels. Parcoursup est en accès libre et toutes les fiches formation sont faites de la même manière. Chaque établissement remplit ses onglets, dont deux d’entre eux doivent faire l’objet d’une vigilance particulière : « Comprendre les critères d’analyse des candidatures » et « Consulter les modalités de candidature » pour savoir si on est bien dans le scope de la formation visée. 

Beaucoup d’établissements proposent sur Parcoursup des ambassadeurs à contacter, étudiants volontaires qui sont disponibles pour expliquer leur parcours et le choix de leurs spécialités. « C’est très important et sous exploité par les candidats. Ces étudiants sont passés par là, ils ont presque le même âge et peuvent apporter beaucoup d’informations utiles. »

La lettre de motivation est demandée dans certaines écoles ou cursus, et semble encore compter pour beaucoup. « À L’ESTP, les lettres de motivation sont vraiment lues et évaluées. Tout comme les engagements, les centres d’intérêts et activités. Tout est indiqué dans l’onglet “Comprendre les critères d’analyse des candidatures”, c’est très transparent. » La Fiche Avenir est aussi souvent prise en compte. Inconnue des candidats, cette fiche est remplie par les professeurs et le chef d’établissement. « Elle dit beaucoup sur leur capacité de travail, leurs comportements, et donne un avis sur la capacité à réussir dans la formation visée ». 

En fin de compte, si un choix de spécialité fait en seconde ne s’avère pas pertinent pour le cursus présenté en fin de terminale, il sera toujours possible de justifier ses choix et de donner à voir un aspect unique de sa personnalité à travers une lettre de motivation. Les spécialités sont importantes avec des majeures à suivre, mais d’autres éléments sont pris en compte comme les méthodes de travail, la capacité à s’investir, l’assiduité, les appréciations des professeurs. Sans oublier que certains établissements supérieurs proposent des cours de renforcement s’il manque une spécialité importante pour le début des études. 

Parcoursup peut aussi être utilisé dans les années qui suivent l’obtention du bac en cas de réorientation, souvent en fin de première année. En 2023, ils étaient 163 000 bac +1 à formuler des vœux de réorientation sur la plateforme. « Ces étudiants arrivent généralement tout penauds sur les salons, mais la réorientation est un signe très positif pour nous. Cela nous montre que l’étudiant a réagi, réfléchi et qu’il rebondit. Les réorientations sont vraiment bienvenues », conclut Christophe Richer.