Devenir avocat : « Il y a autant de façons d’exercer que de personnes » 

Devenir avocat : « Il y a autant de façons d’exercer que de personnes » 

Armé de sa célèbre robe noire et de son épitoge, l’avocat est bien connu chez les étudiants et au sein de la société. Loin d’être une profession simple, elle peut s’exercer de multiples manières, en fonction de la spécialité et de la structure dans laquelle l’avocat est employé. 


Nous avons rencontré Sabrine, avocate parisienne, qui a ouvert son propre cabinet depuis un an. Un rêve qu’elle poursuit depuis très jeune qui s’est consolidé avec le temps et l’exercice de sa profession. Pour elle, être avocate, c’est tout d’abord accompagner ses clients vers leurs objectifs et rester agile en toute circonstance. 

Sabrine : Je suis avocate individuelle spécialisée en droit des affaires et droit du sport, à Paris. J’exerce au sein de mon propre cabinet depuis un an maintenant. Mes clients sont des entreprises et des sportifs. Néanmoins, il y a énormément de façons d’exercer la profession d’avocat, qui varient selon les spécialités choisies, mais aussi selon le type de structure dans laquelle on peut exercer. 

Sabrine : J’ai obtenu un bac général Littéraire. J’ai fait une hypokhâgne, donc la première année de classe préparatoire littéraire aux grandes écoles. J’ai ensuite fait du droit pour intégrer le programme Grande École de l’EM Lyon Business School, qui m’a permis d’obtenir un master. Pour pouvoir exercer la profession d’avocat, il faut ensuite passer le barreau. C’est un examen d’entrée sélectif. Une fois passé, il y a 18 mois de formation à effectuer dans une école d’avocats. Et au terme de cette formation, on prête serment à la cour d’appel où on jure, en tant qu’avocat, d’exercer nos fonctions « avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». C’est très solennel. Après avoir prêté serment, on obtient le titre d’avocat.

Une fois l’examen réussi, j’ai travaillé par la suite pendant 15 mois au sein d’Euronext, au département Compliance & Regulatory. Mon parcours comprend aussi une expérience dans le Fonds d’Innovation pour le Développement (FID). Il existe différents types de structures pour lesquelles travailler. Pour ma part, j’ai réalisé tous mes stages dans des cabinets américains et des cabinets anglo-saxons à Paris. Comme les cabinets américains possèdent les plus gros dossiers de fusions-acquisitions, j’ai été plus intéressée par ces structures. Ce n’était pas le choix qui me convenait le plus, mais en début de carrière, c’était plus stratégique. J’ai ensuite exercé en collaboration pour le compte d’un cabinet, toujours spécialisée en fusions-acquisitions. Un an après la prestation de serment, j’ai ouvert mon propre cabinet. 

Sabrine : Il est nécessaire de posséder un master 1 en droit, un diplôme d’IEP, ou tout autre diplôme jugé équivalent par une commission, afin de passer le barreau. Je connais des confrères qui possèdent des parcours assez différents. Certains ont réussi le barreau après leurs études à Sciences-Po, ou après avoir obtenu une double formation en école de commerce option droit, même si les étudiants n’ont réalisé qu’une seule année de droit. Certains deviennent avocats après avoir passé une thèse ou après avoir été juriste pendant sept ans. Plusieurs chemins pour obtenir le titre d’avocat sont possibles.

Sabrine : Quand j’ai prêté serment, j’ai d’abord exercé dans un gros cabinet américain à Paris. J’étais dans une équipe très hiérarchisée. En tant qu’avocate maîtrisant le droit des affaires, je travaillais sur des fusions-acquisitions, c’est-à-dire des opérations d’absorption d’une entreprise par une autre ou d’unification de deux sociétés distinctes. On travaillait sur des deals énormes. Par la suite, je me suis installée à mon compte et je me suis mise à exercer un peu plus comme les avocats que l’on imagine, sur le fond. J’ai mon petit bureau, mes dossiers, mes propres clients. Je gère tout le dossier du début jusqu’à la fin, de la relation client à la rédaction des actes. Dans le cabinet américain, je n’étais qu’une petite main, je n’avais pas toujours la vision d’ensemble sur l’opération comme je peux l’avoir aujourd’hui. 

Sabrine : Ouvrir son cabinet n’est pas évident, mais au début c’est normal. Il y a énormément de choses à apprendre et de choses à faire. Lorsque l’on ouvre son cabinet, on n’est plus seulement avocat, on devient aussi chef d’entreprise. Il y a beaucoup de choses à gérer : la communication, l’administratif, la comptabilité, le business development, c’est-à-dire la recherche de clients. C’est totalement différent du métier des avocats collaborateurs. Aujourd’hui le poste que j’exerce est celui que je préfère, donc cela tombe bien.

Sabrine : Mes missions principales tournent autour de la prise en charge du client. Tout débute par une sollicitation. Nous organisons une première consultation durant laquelle il m’indique quels sont ses besoins. Je lui explique ensuite les différentes possibilités qui sont envisageables. Puis je rédige le contrat, je prépare le contentieux, selon la demande, que je transmets ensuite aux différentes parties concernées. Je me prépare ensuite aux différentes audiences programmées.

Sabrine : J’ai toujours voulu être avocate. Au collège et au lycée, j’ai parfois hésité avec la profession de journaliste. J’aimais bien l’idée d’avoir une profession qui me permettrait de voyager, d’apprendre toujours plein de choses. Finalement, c’est la profession d’avocat qui a fini par l’emporter. En soi, le journalisme et le droit ne sont pas des métiers si différents. Le journaliste dénonce des choses, permet de révéler certains scandales, de mettre un terme à certaines injustices. Ces idées me plaisaient et je les retrouve aujourd’hui dans mon métier d’avocate, surtout en ce qui concerne l’idée de défendre.

Sabrine : J’aime vraiment représenter les intérêts de mes clients et mettre en place des stratégies pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs de la meilleure des façons. Le métier d’avocat permet de jouer avec le droit. C’est une vraie stimulation intellectuelle. Plus que défendre, je dirais que conseiller est une mission vraiment très épanouissante. L’avantage aussi est d’accompagner mes clients, dans leurs besoins et d’être dans la relation client. J’aime beaucoup la diversité de mes missions. Au niveau des salaires, il y a autant d’honoraires que d’avocats. Cela dépend des spécialités, des structures dans lesquelles l’avocat va exercer. Il ne faut pas avoir d’idée fixe sur ce point. 

Sabrine : Les charges administratives sont assez lourdes. Comme tout métier, ce n’est jamais évident, mais cela fait partie du jeu. Il y a cette pression quand on est avocat individuel, mais heureusement je ne suis pas toute seule. Il y a une certaine solidarité et de l’entraide avec mes confrères, qui sont dans mon bureau. C’est un métier où il ne faut pas rester tout seul. Cela permet de partager ses visions des choses, réfléchir à sa stratégie à plusieurs. Quand on a une question, plutôt que de chercher pendant deux jours, on peut la poser à un confrère qui va nous répondre rapidement. 

Sabrine : La matinée est généralement dédiée à la lecture de mes mails, certains arrivent aussi en cours de journée. Je prépare les différents actes, la documentation contractuelle, je réponds aux emails et enchaîne avec mes rendez-vous clients. C’est un ordre d’idée, sachant qu’il n’y a aucune routine. Toutes les journées sont différentes et c’est ce qui est bien.

Sabrine : Mon meilleur souvenir est ma première plaidoirie, qui s’est évidemment très bien passée. Même si on se prépare, une première plaidoirie n’est pas simple. C’est très formel, on est dans les tribunaux, c’est dur à suivre au début mais c’était une super belle expérience. À l’inverse, un souvenir que j’ai moins bien vécu, c’est peut-être lorsqu’une cliente m’a proposé de faire des choses pas très légales. À l’époque, il fallait encore que je travaille ma relation client, donc cela ne fait pas partie de mes meilleures expériences en tant qu’avocate. Je n’irai pas dans les détails comme on est tenu au secret professionnel.

Sabrine : Je conseillerais aux étudiants d’exercer le métier comme ils l’entendent, de ne surtout pas chercher à rentrer dans des cases ou des parcours pré dessinés. Il faut se spécialiser mais surtout faire ce que l’on a envie. En deuxième point, il est nécessaire que les jeunes se fassent confiance. Lancer son cabinet peut faire peur, c’était mon cas, mais c’est une aventure extraordinaire. Connaître les compétences attendues pour un avocat est primordial, quel que soit sa spécialisation. Être évidemment rigoureux, sérieux, sont les compétences traditionnelles à travailler également. L’agilité est aussi très importante. En fonction des sujets que l’on rencontre, il faut savoir s’adapter.

Sabrine : Il y a les spécialités les plus communes : le droit de la famille, le droit pénal, le droit des affaires, le droit des étrangers… Jusqu’aux plus étonnantes, comme le droit animal, le droit de l’environnement etc… Le droit englobe tous les aspects de la vie en société. D’ailleurs, en tant qu’avocat, nous avons le droit de choisir une nouvelle spécialité au cours de notre carrière. 

Je l’ai déjà fait, à titre accessoire. Quand je vois que je maîtrise une spécialité, j’aime en découvrir d’autres et enrichir mon panel de compétences. Même s’il y a une multitude de spécialités, à la fin cela reste du droit et nous restons des juristes. Si on est agile, on peut jongler avec les différentes ressources et on sait s’adapter. 


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Devenir avocat, « il y a autant de façons d’exercer que de personnes ».

Diversité des carrières d’avocat : Le métier d’avocat en France offre de multiples voies. Sabrine, avocate en droit des affaires et du sport, indépendante à Paris, illustre cette variété en passant d’un grand cabinet spécialisé en fusions-acquisitions à son propre cabinet, accentuant l’importance de l’agilité dans l’exercice de la profession.

Parcours et formation : Pour obtenir le titre d’avocat, il est nécessaire de réussir l’examen d’entrée du barreau. Suite à cette épreuve d’admissibilité, il y a une formation qui inclut 18 mois de cours, suivis de la prestation de serment, rendant le parcours exigeant mais accessible avec des chemins diversifiés.

Missions quotidiennes : Les avocats ont un rôle important. Ils réalisent une gamme étendue de tâches, allant de la consultation avec les clients à la préparation des documents juridiques et la gestion des audiences. La journée d’un avocat est dynamique, sans routine. La rémunération n’est pas fixe et diffère selon chaque professionnel. 

Défis et soutien entre confrères : Les avocats font face à des défis comme la charge administrative et la pression quotidienne, mais le partage d’expérience et la solidarité entre collègues permettent de surmonter ces obstacles et de favoriser un environnement de travail collaboratif.

Conseils pour les aspirants avocats : Sabrine recommande aux étudiants et aux futurs avocats de ne pas se limiter aux parcours traditionnels, mais de suivre leurs passions. L’avocate d’affaires, explique que la spécialisation est importante, mais l’agilité et la capacité d’adaptation face aux situations variées sont essentielles pour réussir dans le métier.