Référencer son école

Ils ont fait une prépa et ne le regrettent pas

4 Min. de lecture
Ils ont fait une prépa et ne le regrettent pas

Un rythme de travail intense, un esprit de compétition… Entre mythe et réalité, attraction et répulsion, les prépas (CPGE) ne laissent personne indifférent. Passés par là il y a plusieurs années, cinq témoins s’en souviennent ; et pas forcément pour le pire. Encore aujourd’hui, ils recueillent le fruit de leur labeur d’antan. 


Accessibles aux bacheliers, les classes préparatoires se suivent en un ou deux ans. Elles permettent de préparer divers concours et d’entrer dans de prestigieuses écoles.

Son bac en poche, on ressent quoi en intégrant la prépa ? « De la fierté », assure Anne-Cécile, 43 ans, entrepreneuse, qui a suivi une prépa khâgne, tandis que Julien 45 ans, directeur B2B dans le jeu vidéo, à l’entrée de sa prépa HEC, évoque une sensation d’accomplissement : « Je suis arrivé en prépa par hasard, poussé par les professeurs. Je n’avais donc que peu d’idées préconçues ou de retour d’expérience. Je me suis vite senti dans mon élément avec des professeurs exigeants et une approche des matières beaucoup plus poussée qu’au lycée ».

Elodie et Céline se remémorent l’arrivée en prépa. Intégrant une classe préparatoire économique et commerciale (prépa HEC CPGE), la première se retrouve face à un « énorme défi et la peur de ne pas être à la hauteur ». Idem pour Céline, journaliste, 43 ans. Sa première année en Hypokhâgne la déstabilise : « J’étais la meilleure de la classe et je me suis retrouvée catapultée parmi d’excellents élèves dotés d’une très grande capacité de travail. »

Choisir la prépa, c’est renoncer. Âgée de 18 ans, Céline finance ses études avec un job d’étudiant et vit en couple, loin de ses parents : ses professeurs en CPGE n’hésitent pas à lui signifier que son rythme de vie est incompatible avec l’investissement attendu. Pour Valéry, 50 ans, professeur de philosophie, l’adaptation en prépa littéraire est laborieuse : « Ça a été dur car j’arrivais d’un lycée où j’étais tel le borgne au royaume des aveugles. Là, c’était moi l’aveugle ».

Cette charge de travail que tous décrivent ne revêt pas que des mauvais aspects, bien au contraire : « J’ai ressenti un vrai soulagement. Après un profond ennui toute ma scolarité, j’ai trouvé un lieu où apprendre m’amusait, entouré de professeurs stimulants et disponibles. Un cadre de travail propice à un sentiment d’appartenance également : mes acolytes sont rapidement devenus mes amis les plus proches », explique Julien.

« Beaucoup d’étudiants en école de commerce regrettent leur prépa car c’était un autre niveau de stimulation intellectuelle », souligne Anne-Cécile. « La prépa était tellement riche intellectuellement que mes études de commerce se sont révélées par la suite décevantes », approuve Elodie. Quant à Valéry, il a continué à suivre les heures de philo de khâgne pendant son année de maîtrise et de Capes.

À LIRE AUSSI

Comment se passent les concours d’écoles de commerce post-prépa ?
Devenir enseignant : pourquoi passer l’agrégation ?

Tous les anciens élèves s’accordent à dire que la CPGE les a marqués durablement. « Face à de telles charges de travail, on développe sa capacité d’adaptation, on met en place des subterfuges », explique Elodie. « On devient créatif. Il faut apprendre à prioriser, choisir, s’investir au bon endroit, au bon moment », complète Julien. « Tout ceci contribue à faire grandir sa confiance en soi », selon Elodie qui déclare même qu’elle n’aurait jamais été entrepreneuse sans passer par la case prépa. « Avoir des facilités ne suffit pas. Il faut mesurer sa force de travail et organiser sa pensée. J’ai pu explorer ma capacité de travail dans certaines matières et dès lors, m’orienter vers le journalisme », relate Céline.

Il y a presque un sentiment de reconnaissance de la part des anciens élèves, qui ont l’envie de partager leurs expériences des CPGE à leur tour : « Si j’ai eu mon agrégation du premier coup, c’est assurément grâce à la prépa. J’y ai tout appris et cela me sert tellement encore que j’enseigne dans le type de classe où j’ai moi-même été. Après avoir appris beaucoup, c’est à mon tour de transmettre beaucoup », déclare Valéry. La prépa, c’est en résumé l’école de la vie. « Il y a parfois les mauvais coups des camarades, mais on apprend comment les dépasser ! » observe Anne-Cécile. « On est confronté à des gens brillants, pas toujours bienveillants ; il faut se protéger », confirme Céline. « Cela prépare à la compétition, mais j’ai découvert aussi un groupe soudé et solidaire », nuance Julien. 

«  Alors qu’il faut faire un choix si structurant pour la vie à 18 ans, la prépa permet de rester généraliste. Je le recommande à tous les étudiants qui l’envisagent,» conclut Anne-Cécile.

Vous aimerez aussi !
groupe-de-personnes-preparant-un-plan-d-affaires-dans-un-bureau
Graduate Programme (ou “Graduate Program”) : c’est quoi ?

Un Graduate Programme est un parcours structuré proposé par les ...

6 Min. Formations, Orientation, Vocations

Thimoté Polet, étudiant et skipper.
Thimoté Polet, étudiant et skipper de 25 ans : « Je tiens à aller au bout de mon master ! »

Thimoté Polet, skipper et étudiant à la Grenoble École de ...

7 Min. Campus étudiants, Formations, Missions et engagement, Orientation, Vie étudiante, Vocations

Une jeune femme consulte son ordinateur
Comment accompagner les élèves face à la complexité du calendrier Parcoursup ?

Plus d’un jeune sur deux se dit mal accompagné dans ...

4 Min. Orientation, Parcoursup

Carole Marsella, DG de L'ICAM
À l’Icam, les valeurs humaines font tomber les barrières de genre

Avec 30 à 40 % de jeunes filles selon les ...

4 Min. Formations, Orientation

Une poignée de main entre deux hommes
Le commerce fait encore rêver les jeunes, mais quel commerce ?

Beaucoup de jeunes rêvent de devenir influenceur, avec des millions ...

4 Min. Monde du travail, Orientation, Vocations

Les étudiants de GEM en atelier de Design Fiction.
Design fiction : quand les étudiants de GEM conçoivent les jobs de rêve du futur

Dans un monde traversé par les crises et les transitions, ...

5 Min. Formations

devanture Hermes
Ces entreprises françaises ont créé leurs propres écoles : Hermès, Free…

De grandes entreprises françaises comme Hermès, LVMH ou Free ont ...

7 Min. Formations, Orientation, Reconversion, Vie professionnelle, Vocations

Des élèves en classe.
Miser sur des professionnels experts pour former les jeunes, pourquoi ça marche ? 

L’école de communication Sup de Pub fait appel à des ...

4 Min. Formations, Orientation

Malene Rydahl autrice, conférencière et enseignante à Sciences Po Paris.
« L’empathie est une compétence essentielle pour éduquer et préparer les métiers de demain »

Bienvenue dans 20 sur 20, le podcast de L’Express Éducation. ...

3 Min. Formations, Monde du travail, Orientation

femme sur son téléphone
BTS en Commerce et Vente : quelles formations existent ?

S’il n’existe pas de BTS intitulé Commerce, plusieurs formations permettent ...

5 Min. Formations, Orientation

Jean-Baptiste Morin devant un amphithéâtre.
Carriérologie : une orientation solide pour une société liquide

Le XXe siècle et les précédents ont organisé la connaissance. ...

9 Min. Formations

MSc et Mastères : réponse aux défis des entreprises
Pourquoi les entreprises misent gros sur la formation continue

Former vite, former mieux. La montée en puissance de l’IA ...

4 Min. Executive, Monde du travail, Vie professionnelle