Prendre soin de sa santé à l’Université : enquête et témoignages

Prendre soin de sa santé quand on est étudiant

Plus que jamais en période post crise sanitaire, la vulnérabilité des étudiants et leur précarité, notamment relative à la santé, sont mises en lumière. Une étude, pilotée par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) et la Direction de la Sécurité Sociale (DSS), s’est particulièrement intéressée au sujet. 


L’étude a été réalisée entre juillet 2023 et mai 2024 par le cabinet Asdo Études et a bénéficié de l’appui du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (CNOUS) en observant quarante étudiants aux situations sociales et scolaires plurielles, dont au moins la moitié sont des étudiants boursiers susceptibles d’être éligibles à la Complémentaire Santé Solidaire (C2S).

L’enquête révèle beaucoup de disparités financières entre les étudiants. Si pour certains aller chez le docteur est une pratique de consommation courante au contraire, pour d’autres il s’agit d’un luxe. « Je mets un peu de côté pour payer mes trucs mais j’essaie de faire attention. Je vis sans chauffage, j’allume le cumulus juste deux heures avant de prendre une douche pour avoir de l’eau chaude. On fait comme on peut ! Je vis avec 750 euros avec la CAF comprise. Après avoir payé le loyer de 480 euros, il ne reste plus beaucoup… (…) Je ne veux pas me priver de ma vie sociale (…) Je préfère donc ne pas avoir de chauffage, pas de télé, pas de coiffeur, pas de médecin, prendre le minimum quand je fais mes courses, juste ce dont j’ai besoin, et de la moins bonne qualité. Et pas de médecin non plus : en trois ans je n’y suis jamais allée. J’ai de la chance, je suis rarement malade. J’ai eu la grippe, mais je ne vais pas chez le médecin pour une grippe », confie Margaux, 24 ans, étudiante en licence de sciences de l’éducation. « Tenir bon », « ne pas trop s’écouter », voici un credo pour nombre d’étudiants et c’est valable autant pour résister à la pression scolaire que pour ne pas consulter un médecin rapidement.

Il y a eu un avant et après COVID-19 avec une grande majorité d’étudiants isolés, coupés de leur famille et de toute vie sociale. Près d’un étudiant sur trois (31 %) a présenté les signes d’une détresse psychologique pendant la première période de confinement. Cette crise sanitaire aura au moins contribué à une prise de conscience collective de la santé mentale des jeunes comme problème public. S’ils peuvent se déclarer en bonne santé physique au premier abord, il apparaît au cours de l’étude que les jeunes représentent un public particulièrement vulnérable quand il s’agit de santé mentale, santé sexuelle, alimentation et conduites addictives. « Je suis très stressée, je dors très mal. (…) Tu veux aussi profiter de ta vie, mais des fois c’est compliqué. J’essaie au max. Après les cours j’aimerais rentrer le plus vite possible, j’essaie de bosser, parfois jusqu’à minuit, une heure. Parfois, je dois prendre des vitamines le matin, ou de la mélatonine. (…) À la pharmacie on m’a filé ça. C’est cher : 15 euros la boîte, et ça me dure un mois et demi. (…) Je me dis que ça ira mieux après, et… Je suis en mode “tiens bon”, » évoque Ella, 20 ans, en deuxième année de parcours préparatoire au professorat des écoles. 

Pour que la santé soit au cœur des préoccupations des étudiants et de leur entourage, plusieurs pistes sont suggérées dans l’étude, comme faire connaître la C2S aux étudiants, encore trop mal informés et favoriser son utilisation auprès de profils particuliers (étudiants étrangers, en rupture familiale…). L’étude va même plus loin en suggérant la possibilité de l’automaticité de la C2S auprès des étudiants vulnérables. Enfin, il est essentiel de développer la communication autour des dispositifs de santé mentale et faciliter leur recours. (exemples : Mon soutien psy ou le chèque psy du dispositif Santé Psy Étudiant).

Depuis 2019, tous les étudiants basculent vers le régime obligatoire et sont automatiquement rattachés à la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de leur lieu d’habitation. Accordée sous condition de ressources, la C2S est entrée en vigueur en 2019 également et, comme son nom l’indique, elle donne droit à la prise en charge de la part complémentaire des dépenses de santé, y compris à l’hôpital. L’attribution de la C2S aux étudiants dépend de leur âge et de leur situation et, en principe, si l’étudiant a moins de 25 ans, il doit faire une demande de C2S commune avec ses parents.

Source :
Prendre soin de sa santé pendant les études,  Les Dossiers de la DREES, septembre 2024
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2024-09/DD121EMB.pdf


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Prendre soin de sa santé à l’Université, enquête et témoignages.

Disparités financières et impact sur la santé : L’étude révèle de grandes disparités financières parmi les étudiants, influençant leur accès aux soins médicaux, avec certains renonçant aux consultations médicales pour économiser.

Santé mentale fragilisée : La crise sanitaire a exacerbé la détresse psychologique étudiante, révélant une vulnérabilité accrue en matière de santé mentale, de santé sexuelle et de conduites addictives, malgré une apparente bonne santé physique.

Solutions proposées : L’étude suggère d’améliorer la communication autour de la Complémentaire Santé Solidaire (C2S) et de la rendre plus accessible, notamment pour les étudiants étrangers ou en rupture familiale, ainsi que de promouvoir les dispositifs de soutien psychologique.

Rôle de la C2S : La C2S, en vigueur depuis 2019, aide à couvrir les dépenses de santé des étudiants sous certaines conditions, mais son accès dépend de la situation familiale et des ressources, nécessitant souvent une demande commune avec les parents.

Nécessité d’informations : La sensibilisation et l’information sur les dispositifs de santé et d’assurance doivent être renforcées pour permettre aux étudiants de mieux gérer leur santé et réduire les obstacles à l’accès aux soins.