La 11e édition du Prix Pépite s’est déroulée le 5 décembre dernier, à Paris. Organisé chaque année par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en partenariat avec Bpifrance, il permet à des jeunes entrepreneurs, titulaires du statut national d’étudiant-entrepreneur (SNEE), de bénéficier d’une bourse de 5 000 euros. Trois lauréats nous présentent leur projet.
Soutenir des projets de création d’entreprise portés par des étudiants et jeunes diplômés. C’est le but du Prix Pépite, organisé chaque année par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en partenariat avec Bpifrance.
En France, 32 Pépite (pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) sont répartis sur le territoire. Parmi les 4 lauréats territoriaux de chaque Pépite, le jury désigne un lauréat national. Tous sont titulaires du statut national d’étudiant-entrepreneur (SNEE), délivré par le comité d’engagement du Pépite. Gratuit, il permet aux jeunes d’être accompagnés dans la création de leur entreprise. En 2023-2024, 5 861 étudiants bénéficiaient du SNEE.
Les projets lauréats nationaux remportent une dotation de 5 000 euros financée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (les projets territoriaux bénéficient d’une bourse de 2 000 euros décernée par Bpifrance). La remise des prix de la 11e édition du Prix Pépite s’est déroulée le 5 décembre dernier à Paris. 31 lauréats issus des 32 Pépites ont été récompensés pour leurs projets entrepreneuriaux novateurs, dans des domaines variés. Nous avons échangé avec trois d’entre eux.
CLARNIE, un service de mise en relation entre agriculteurs et étudiants (Pépite ÉCRIN)
Clara Silveiro, 24 ans, et Marnie Atgé, 23 ans, ont créé CLARNIE, un service de mise en relation entre les agriculteurs à la recherche de main-d’œuvre et les étudiants issus de toutes formations. Les deux jeunes femmes sont tout juste diplômées de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse (ENSAT).
« Lors de nos stages, nous nous sommes rendues compte qu’il y avait une très grosse charge de travail pour les agriculteurs, et un manque de main-d’œuvre important, explique Marnie. On s’est demandé comment il était possible de les aider, comme nous l’avons fait pendant nos stages ». « J’ai toujours travaillé à côté de mes études, ajoute Clara. Pendant mon stage en agriculture, j’ai réalisé que j’aurais adoré faire des missions similaires, plus valorisantes que certains jobs étudiants. C’est en partant de ces deux constats que notre projet a vu le jour ».
Comment ça marche ? « Les agriculteurs postent des offres d’emploi sur le site de CLARNIE. Il peut s’agir de tous types de contrats (stages, missions ponctuelles, contrats étudiants, alternance…), détaille Marnie. Les tâches peuvent être très variées, puisque l’on fait appel à des étudiants de tous bords. Cela peut concerner l’agriculture, mais aussi la communication, la vente sur les marchés, l’événementiel… L’animation de conférences à la ferme par exemple, la gestion de réseaux sociaux, l’entretien d’un poulailler ou la traite les samedis matins. Cela dépend des besoins des agriculteurs. L’objectif est de sensibiliser tous les étudiants à ce secteur ».
Le site a été mis en ligne le 11 décembre 2024. Les missions, elles, ont débuté dès le mois de mars par le biais des réseaux sociaux. « Les agriculteurs qu’on rencontrait nous donnaient des offres. Nous avons commencé de manière un peu artisanale sur Instagram. C’est comme ça que s’est créée la communauté étudiante. Il y a des écoles qui repartageaient les stories », détaille Marnie. Une initiative qui a déjà fait ses preuves. « Nous avons effectué une trentaine de mises en relation sur les réseaux. Maintenant, on bascule sur le site. Les retours des agriculteurs et des étudiants sont très positifs. Les agriculteurs trouvent rapidement des jeunes. Cela permet aussi, pour certains, de sortir un peu de leur isolement ».
L’objectif est également de réduire les coûts associés aux recrutements pour les agriculteurs, avec des tarifs attractifs. Ceux qui sont adhérents à une coopérative agricole, eux, n’ont rien à débourser.
Parsewaves, un outil de mesure qui fiabilise le DPE (Pépite Normandie)
Paul Brémond, 23 ans, a créé Parsewaves, un outil de mesure qui fiabilise le diagnostic de performance énergétique (DPE). Le jeune homme, qui vient de terminer un master entrepreneuriat, est associé à Corentin Plaine (BEMG Industries) et Stéphane Buchon, professionnel depuis plus de 20 ans dans le secteur du bâtiment.
« L’outil se présente sous forme de pistolet qu’on va pointer contre le mur, explique Paul Brémond. Il va mesurer l’épaisseur et les composants du mur ». Une technique plus fiable et moins invasive que les méthodes actuelles. « Aujourd’hui, les diagnostiqueurs peuvent être amenés à percer des cloisons ou retirer des prises électriques pour obtenir des données plus ou moins fiables. De plus, en cas d’erreur, ils risquent des amendes et la perte de leur certification. Une donnée erronée peut leur coûter jusqu’à plusieurs milliers d’euros », souligne-t-il.
Le projet, actuellement au stade de maquette, est né en mars 2023. « Pour l’instant, nous travaillons sur la recherche et le développement de la technologie. Viendront ensuite le développement de la base de données, le traitement du signal, et la conception. On estime pouvoir avoir au moins une preuve de concept fonctionnel d’ici fin 2025. Nous prévoyons des tests de marché dès la certification en 2026, et une commercialisation en septembre de la même année ».
Pictaderm, une expertise dermatologique accessible sur tout le territoire (Pépite PSL)
John Djaffar, 27 ans, a quant à lui développé une solution de premier recours dermatologique en pharmacie : Pictaderm. Il est associé à un médecin généraliste, le Dr Thomas Lafon, formé en dermatologie.
Comme de nombreux Français, le jeune homme a déjà rencontré des difficultés pour consulter un dermatologue. « J’avais un problème de peau. Mon médecin généraliste n’était pas disponible, donc je me suis rendu en pharmacie. Comme mon cas relevait du médical, on m’a renvoyé vers mon médecin, avec qui j’ai eu rendez-vous deux semaines plus tard. Ce dernier m’a renvoyé à son tour vers un dermatologue, raconte-t-il. J’ai attendu quatre mois supplémentaires pour enfin obtenir un rendez-vous. Je suis sorti avec une ordonnance au bout de cinq minutes. Attendre plusieurs mois pour une consultation si courte, je me suis dit que ce n’était pas normal ».
Son associé, lui, constate qu’il pourrait prendre en charge 80 % des demandes adressées à un dermatologue, dont des actes chirurgicaux (retrait d’un grain de beauté par exemple). « Il y a aussi un problème d’adressage vers les médecins formés à la dermatologie, parce que les autres médecins ne les connaissent pas », déplore John Djaffar.
Pour répondre à ces problématiques, les deux hommes ont créé Pictaderm. Lorsqu’un patient se présente en officine avec un problème de peau nécessitant l’intervention d’un médecin, le pharmacien prend une photo des lésions et remplit un questionnaire clinique. La demande est transmise à un médecin expert partenaire, qui rend, dans les 12 heures en moyenne, un avis détaillé et une ordonnance si besoin. « On a imaginé une solution où on place le pharmacien au cœur du système. Environ un patient par jour se rend dans une pharmacie française pour des problèmes de peau qui relèvent du médical, indique l’entrepreneur. Nous avons donc créé une base de médecins experts, sollicités par les pharmaciens. Ce sont des médecins généralistes formés à la dermatologie et des dermatologues ».
Des personnes atteintes d’eczéma, de psoriasis, d’un zona ou encore d’un herpès ont ainsi déjà eu recours à cette solution. Les lésions pigmentées, dont les grains de beauté, ne sont quant à elles pas encore prises en charge. « Cela nécessite un dermatoscope, une loupe grossissante à lumière polarisée que va utiliser le médecin, détaille John Djaffar. De plus, il y a généralement besoin d’une consultation pour examiner tout le corps, parce que ce n’est pas forcément le grain de beauté qui nous inquiète qui est le plus à risque ».
« Dans 80 % des cas traités par Pictaderm, les médecins envoient une ordonnance, car il n’y avait pas besoin de consulter. En revanche, si le médecin estime qu’il faut aller plus loin, il peut diriger le patient vers un dermatologue. Ou encore envoyer une ordonnance pour des analyses en laboratoire ». À ce jour, Pictaderm, créée en février 2024, compte 25 médecins experts et un réseau de 400 pharmacies, réparties sur tout le territoire. « On espère en avoir 1 000 d’ici la fin de l’année 2025 », ajoute John Djaffar. Le nombre de médecins devrait lui aussi augmenter en conséquence.
Accompagnés dans leur projet entrepreneurial
Grâce à l’accompagnement proposé par le SNEE, ces entrepreneurs en herbe ont pu concrétiser leur projet pendant leurs études. Ce statut peut également être délivré à de jeunes diplômés, comme cela a été le cas pour John Djaffar (Pictaderm). Ce dernier est redevenu étudiant grâce à un diplôme créé sur mesure, le diplôme d’étudiant entrepreneur (D2E). Un programme sur une ou deux années visant à renforcer leurs compétences.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Prix Pépite : des étudiants et jeunes diplômés récompensés pour leur projet de création d’entreprise.
Objectif du Prix Pépite : Le Prix Pépite, organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur et Bpifrance, récompense chaque année les étudiants et jeunes diplômés qui souhaitent créer leur entreprise. Les lauréats reçoivent une bourse de 5 000 euros pour soutenir leur projet.
Écoles et initiatives : Les Pépites, qui sont des pôles d’innovation et d’entrepreneuriat, regroupent des établissements qui soutiennent les jeunes dans leur démarche entrepreneuriale. En 2023, 203 000 jeunes ont suivi une formation en apprentissage dans le secteur, reflétant un intérêt croissant pour les initiatives entrepreneuriales.
Projets novateurs des lauréats : Des étudiants comme Clara Silveiro et Marnie Atgé, qui ont créé CLARNIE, un service de mise en relation entre agriculteurs et étudiants, et Paul Brémond avec son outil de mesure pour le diagnostic de la performance énergétique, montrent comment les jeunes entrepreneurs répondent à des besoins de marché précis.
Engagement envers la communauté : Les lauréats s’engagent à améliorer leur environnement, comme CLARNIE qui aide les agriculteurs à trouver de la main-d’œuvre, contribuant ainsi à la fois à l’économie locale et à l’insertion professionnelle des étudiants.
Importance de l’accompagnement : Le soutien à travers des programmes d’orientation et de formation, notamment par Projet Voltaire et d’autres institutions, est crucial pour aider les jeunes à développer leurs projets bénéfiques et à s’intégrer dans le marché du travail. Ils apprennent à naviguer dans l’environnement entrepreneurial tout en renforçant leurs compétences.