Les médias sociaux et professionnels, en particulier LinkedIn, offrent aujourd’hui un réseau à portée de main où établir des connexions, partager ses succès et suivre les évolutions de son secteur. Pourtant, les réseaux d’alumni traditionnels des écoles continuent de jouer un rôle de premier plan. Quel est le rôle de ces associations d’anciens élèves, et comment subsistent-elles, voire prospèrent-elles, à l’ère des réseaux sociaux ?
Du latin alumnus, qui signifie élève, le terme d’alumni s’est imposé au fil du temps dans les grandes écoles pour souligner l’appartenance à une communauté d’anciens. Historiquement, ces réseaux ont été conçus pour faciliter l’entraide et favoriser l’influence des diplômés dans le monde professionnel. Une mission qui semble perdurer malgré l’essor des réseaux sociaux : certaines écoles comptent même des membres permanents salariés pour faire vivre leurs réseaux, comme Linda Sudasinghege, qui cumule les rôles de Secrétaire générale et cheffe de projet digital de Force EDC, l’association d’alumni de l’EDC Paris. Sa mission ? Animer la communauté de 18 500 anciens élèves et organiser une quarantaine d’événements par an.
Pour cela, les écoles injectent parfois des budgets conséquents pour compléter les frais d’adhésion des membres. « La cotisation à Force EDC coûte 300 euros, à vie. Les étudiants sont automatiquement cotisants dès la première année », détaille Linda Sudasinghege. D’autres tentent un modèle différent, comme le réseau d’anciens du CELSA qui a fait le choix de la gratuité. « Cela a permis de quadrupler le nombre de membres actifs, aujourd’hui au nombre de 4 000. Ici, pas de frais d’adhésion ni de salariés permanents — tout est porté par des bénévoles », explique Assaël Adary, qui préside depuis 10 ans le réseau CELSA Alumni.
Un réseau d’alumni, quelle définition ?
Les associations d’anciens ne se limitent pas à des annuaires ou à des événements mondains. Elles jouent un rôle concret en proposant des rencontres professionnelles, des conférences, des dîners en France ou à l’étranger, mais aussi du mentoring et des formations. Ces initiatives permettent de cultiver son réseau et de saisir de nouvelles opportunités de carrière. Chez Force EDC, par exemple, cela inclut des interventions d’alumni au sein de l’école, une aide pour les étudiants dans leurs recherches de stages ou d’alternance, mais aussi des clubs thématiques dédiés, comme le club sport, le club luxe ou encore le club entrepreneurs.
Au-delà de l’aspect relationnel, ces réseaux créent des opportunités professionnelles concrètes. Dernièrement, un poste au sein du groupe pharmaceutique Servier, dirigé par une ancienne du CELSA, a été pourvu grâce à CELSA Alumni. « Nous boostons les offres d’emploi de nos partenaires auprès de nos membres, mais sans exclusivité, car aujourd’hui les entreprises recherchent des profils variés », explique Assaël Adary. Les missions freelance, de plus en plus courantes, trouvent aussi un écho dans ces associations, où la transformation du monde du travail favorise ces formes de collaboration.
« L’essence d’un réseau d’alumni en France, c’est l’autre »
Contrairement aux réseaux sociaux, largement orientés vers la promotion personnelle, les réseaux d’alumni mettent en avant une logique de partage. « L’alumni, intellectuellement et humainement, est plus prêt à donner en physique qu’à travers les plateformes sociales », reprend le président de CELSA Alumni. Cette capacité à créer des liens authentiques se manifeste particulièrement à travers le mentoring, les rencontres professionnelles et parfois même le reverse mentoring, où les plus jeunes peuvent également être une ressource précieuse. « L’essence d’un réseau d’alumni, c’est l’autre : être éventuellement la solution de quelqu’un, sans le savoir encore, parce qu’on a le bon contact, la bonne connaissance », résume-t-il.
Les réseaux sociaux ne sont cependant pas à négliger dans la stratégie des associations d’alumni. « Nous utilisons LinkedIn pour montrer aux alumni que l’association bouge, qu’elle change et qu’elle reste utile », précise Assaël Adary. « Notre culture universitaire — le CELSA étant une Grande École au sein de Sorbonne Université — fait que nous n’avons pas l’esprit de corps d’une école d’ingénieurs, par exemple. Nous avons beaucoup d’anciens à aller récupérer dans la nature et pour cela, LinkedIn est un bon filet de pêche. » Pour Force EDC, leur présence sur les réseaux sociaux se traduit par la diffusion d’actualités sur les anciens, comme la création d’entreprises ou des articles de presse, mais aussi par le relais des événements et des publications de l’école. Un modèle hybride qui semble fonctionner pour toucher une audience plus large tout en conservant des échanges enrichissants et authentiques, loin du caractère impersonnel des plateformes digitales.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Réseaux d’alumni, quel rôle jouent-ils à l’heure des réseaux sociaux ?
Rôle continu des réseaux d’alumni : Les réseaux d’alumni des grands établissements de l’enseignement supérieur, bien qu’affrontés à l’essor des réseaux sociaux comme LinkedIn, continuent de jouer un rôle crucial dans l’entraide et le développement professionnel des diplômés, la diffusion des bonnes pratiques à adopter, en organisant des événements et des activités de networking.
Modèles de fonctionnement variés : Les écoles adoptent divers modèles pour gérer leurs réseaux d’alumni, allant de cotisations à vie (comme à Force EDC) à des structures entièrement bénévoles (comme CELSA Alumni), qui ont permis d’élargir leur nombre de membres actifs.
Opportunités professionnelles concrètes : Les associations d’anciens élèves vont au-delà des simples annuaires, offrant des services comme des conférences, du mentoring, et des opportunités d’emploi. Elles facilitent également l’insertion professionnelle des jeunes, avec des aides à la recherche de stages par exemple.
Logique de partage vs promotion personnelle : Contrairement aux réseaux sociaux, souvent orientés vers l’autopromotion, l’avantage des réseaux d’alumni est qu’ils prônent le partage et la création de liens authentiques. L’esprit d’entraide prime, où chaque membre peut potentiellement apporter une solution à un besoin d’un autre.
Stratégie hybride et utilisation des réseaux sociaux : Les réseaux d’alumni intègrent les médias sociaux dans leur stratégie, utilisant LinkedIn pour promouvoir leurs actions et événements tout en maintenant des échanges significatifs. Ce modèle hybride leur permet de toucher un public plus large tout en préservant la qualité des interactions.