Référencer son école

Sciences : il faut encore lutter contre l’orientation genrée

4 Min. de lecture
Sciences : il faut encore lutter contre l'orientation genrée

Aujourd’hui en France, seulement 24 % des ingénieurs sont des femmes*. Fondée en 2005, l’association Elles Bougent a pour objectif de susciter des vocations féminines dans les secteurs de l’industrie grâce, notamment, à l’impact des rôles modèles. Aux côtés d’OpinionWay, l’association a mené une grande enquête nationale sur la trajectoire scolaire et professionnelle des femmes dans les domaines techniques. ** Les résultats sont loin d’être satisfaisants ; malgré des progrès notables, des stéréotypes et obstacles freinent encore l’orientation et l’épanouissement des femmes dans ces domaines.


Pour mieux appréhender l’étude, observons la méthode : la consultation a été menée en mars 2024 auprès de 6 125 femmes, contactées via le réseau de marraines et d’étudiantes adhérentes, parmi lesquelles, 4 202 actives, ingénieures et techniciennes 1 923 étudiantes, futures ingénieures ou techniciennes. En voici les principaux enseignements.

Quand elles étaient petites, les étudiantes et femmes actives interrogées se souviennent que les mathématiques et les sciences faisaient partie des matières préférées de 88 % d’entre elles. Des petites graines de scientifiques ? Pourtant près d’un tiers d’entre elles se rappellent qu’elles osaient moins s’affirmer que les garçons en cours de mathématiques et/ou de sciences. Il faut dire, 82 % d’entre elles déclarent également avoir été confrontées durant leur scolarité à des stéréotypes de genre.

Des exemples ? 44 % ont enduré des commentaires tels que « les filles sont moins compétentes que les garçons en mathématiques », 36 % « les filles ne sont pas faites pour les mathématiques » et 30 % « les filles ne sont pas au niveau en mathématiques pour suivre des études scientifiques ». Un constat sans appel, l’étude nous démontrant qu’une femme sur cinq a été découragée de poursuivre dans un parcours scientifique (21 %) et cela la plupart du temps par des enseignants et leurs parents. Un chiffre qui tend néanmoins à s’améliorer pour la nouvelle génération : elles sont 17 % dans ce cas versus 23 % parmi les actives. Et lorsqu’elles poursuivent leurs études d’ingénieure et de technicienne, les sentiments de ne pas être à leur place, le manque de soutien, de modèles féminins et l’existence de violences au lieu de s’apaiser, se retrouvent exacerbés.

1/5

femme a été découragée de poursuivre un parcours scientifique.

Stats illustration

Les idées reçues dont souffrent les femmes dans le secteur contribuent indéniablement au manque de mixité. Celles qui décident néanmoins de s’orienter vers ces études développent un syndrome de l’imposteur (63 % des étudiants et 53 % des actives interrogées), craignent l’échec (63 % des étudiantes, 53 % des femmes actives) et s’inquiètent du risque de subir du sexisme et des discriminations liées à leur genre (respectivement 81 % et 72 %).

Qu’est-ce que redoutent les étudiantes pour leur future carrière ? Souffrir de commentaires et « blagues » discriminants (61 % des étudiantes), de préjugés sur leurs compétences techniques (57 %), d’être discriminées en raison de leurs choix de parentalité (35 %), ou encore d’évoluer dans un environnement où il existe du harcèlement (33 % ).

Conséquence, les disparités se répercutent aussi dans le monde du travail et le sentiment de malaise, également. 81 % des femmes pensent que les hommes accèdent plus facilement aux postes à responsabilités et 75 % qu’à poste égal, les hommes ont un meilleur salaire.

À LIRE AUSSI

Si des initiatives sont déjà mises en place dans les écoles et les entreprises, elles sont trop faibles au goût de la majorité des sondées. 62 % des étudiantes et 73 % des actives souhaitent que soient initiés ou renforcés des programmes de sensibilisation dans les écoles et entreprises. Elles souhaitent également que les réseaux d’entraide féminins soient plus soutenus, ou encore aimeraient bénéficier d’un environnement de travail plus inclusif, qui tienne compte de leurs besoins.

73 %

des femmes actives souhaitent que soient initiés ou renforcés des programmes de sensibilisation dans les écoles et les entreprises.

Stats illustration

Gageons qu’alors, en effet, des résultats positifs se feraient rapidement sentir. Car les interrogées l’affirment : pour une sur quatre, l’envie d’exercer ces métiers était une évidence très jeune, avant d’avoir 16 ans (26 %), puis pour 60 % des étudiantes et 49 % des femmes actives, ce choix s’est fait entre 16 et 18 ans. Il est essentiel que de telles vocations puissent s’exprimer en toute liberté, pour chacun… et pour chacune.

* Enquête IESF 2023

** Carrières en Sciences : l’orientation est-elle toujours genrée en 2024 ?, Consultation OpinionWay pour Elles bougent

Vous souhaitez travailler dans le domaine du cinema ?

Vous souhaitez travailler dans le domaine des sciences, de la technologie et de l'ingénieurie ?

Découvrez une multitude de métiers dans ce domaine pour vous aider à faire votre choix de carrière

En savoir plus

AI Summary

NOTRE RÉSUMÉ EN

5 points clés

PAR L'EXPRESS CONNECT IA

(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)

Voici en cinq points clés de l’article sur le sujet : l’impact des stéréotypes de genre sur l’orientation des femmes dans les sciences et l’ingénierie.

  • Faible représentation des femmes dans les STEM

    Aujourd’hui, seulement 24 % des ingénieurs en France sont des femmes, avec des obstacles persistants qui freinent leur épanouissement dans les secteurs scientifiques et techniques, malgré des progrès notables.

  • Stéréotypes de genre dès l'école

    Une enquête révèle que 82 % des femmes interrogées ont été confrontées à des stéréotypes de genre pendant leur scolarité, ce qui les a souvent découragées dans les disciplines scientifiques, comme les mathématiques et les sciences.

  • Syndrome de l'imposteur et peur de l'échec

    Les inégalités perdurent dans le monde du travail, où 63 % des étudiantes développent un syndrome de l’imposteur. La peur du sexisme et des discriminations reste élevée dans les environnements techniques.

  • Besoin de changements structurels

    Les femmes expriment le besoin de programmes de sensibilisation, de partenariat et de soutien renforcé au sein des écoles et des entreprises pour lutter contre les inégalités et favoriser un environnement de travail inclusif.

  • Encourager les vocations précoces

    Il est crucial de permettre aux jeunes filles de s’épanouir dans leur choix de carrière dès le plus jeune âge. 26 % des femmes souhaitant travailler dans des spécialités scientifiques affirment que leur intérêt s’est manifesté avant 16 ans.

Vous aimerez aussi !
groupe-de-personnes-preparant-un-plan-d-affaires-dans-un-bureau
Graduate Programme (ou “Graduate Program”) : c’est quoi ?

Un Graduate Programme est un parcours structuré proposé par les ...

6 Min. Formations, Orientation, Vocations

Thimoté Polet, étudiant et skipper.
Thimoté Polet, étudiant et skipper de 25 ans : « Je tiens à aller au bout de mon master ! »

Thimoté Polet, skipper et étudiant à la Grenoble École de ...

7 Min. Campus étudiants, Formations, Missions et engagement, Orientation, Vie étudiante, Vocations

Une jeune femme consulte son ordinateur
Comment accompagner les élèves face à la complexité du calendrier Parcoursup ?

Plus d’un jeune sur deux se dit mal accompagné dans ...

4 Min. Orientation, Parcoursup

Carole Marsella, DG de L'ICAM
À l’Icam, les valeurs humaines font tomber les barrières de genre

Avec 30 à 40 % de jeunes filles selon les ...

4 Min. Formations, Orientation

Une poignée de main entre deux hommes
Le commerce fait encore rêver les jeunes, mais quel commerce ?

Beaucoup de jeunes rêvent de devenir influenceur, avec des millions ...

4 Min. Monde du travail, Orientation, Vocations

Les étudiants de GEM en atelier de Design Fiction.
Design fiction : quand les étudiants de GEM conçoivent les jobs de rêve du futur

Dans un monde traversé par les crises et les transitions, ...

5 Min. Formations

devanture Hermes
Ces entreprises françaises ont créé leurs propres écoles : Hermès, Free…

De grandes entreprises françaises comme Hermès, LVMH ou Free ont ...

7 Min. Formations, Orientation, Reconversion, Vie professionnelle, Vocations

Des élèves en classe.
Miser sur des professionnels experts pour former les jeunes, pourquoi ça marche ? 

L’école de communication Sup de Pub fait appel à des ...

4 Min. Formations, Orientation

Malene Rydahl autrice, conférencière et enseignante à Sciences Po Paris.
« L’empathie est une compétence essentielle pour éduquer et préparer les métiers de demain »

Bienvenue dans 20 sur 20, le podcast de L’Express Éducation. ...

3 Min. Formations, Monde du travail, Orientation

femme sur son téléphone
BTS en Commerce et Vente : quelles formations existent ?

S’il n’existe pas de BTS intitulé Commerce, plusieurs formations permettent ...

5 Min. Formations, Orientation

Jean-Baptiste Morin devant un amphithéâtre.
Carriérologie : une orientation solide pour une société liquide

Le XXe siècle et les précédents ont organisé la connaissance. ...

9 Min. Formations

MSc et Mastères : réponse aux défis des entreprises
Pourquoi les entreprises misent gros sur la formation continue

Former vite, former mieux. La montée en puissance de l’IA ...

4 Min. Executive, Monde du travail, Vie professionnelle