Plus de 300 000 jeunes diplômés du supérieur entrent chaque année sur le marché du travail en France. Issus d’écoles d’ingénieurs, de management ou d’universités, leurs attentes vis-à-vis de l’entreprise et leurs carrières se dessinent avec un regard nuancé, mêlant optimisme, pragmatisme et volonté d’adaptation. Explications.
Des étudiants prêts à débuter leur vie professionnelle en entreprise
Entre les étudiants et les entreprises, c’est un peu « je t’aime, moi non plus » si l’on se réfère à l’étude Début de carrière : ce que veulent les futurs diplômés 2025 menée par le Gen Z Lab de JobTeaser et l’EDHEC NewGen Talent Centre*. L’entreprise est perçue positivement par 83 % des jeunes talents.
Si elle est décrite comme collaborative (77 %) et captivante (71 %), 76 % la jugent également stressante et 70 % compliquée. Au global, bienveillance (63 %), bonne relation au sein de l’équipe (62 %) et équilibre vie pro/perso (61 %) sont les trois attentes principales pour un premier emploi. « Ils n’ont pas le même rapport au travail que les générations précédentes. Ils veulent aimer LEUR travail et pas LE travail », soutient Michaël Giaj, insight manager chez JobTeaser.
Au travail, la génération Z ne courent plus après un CDI
40 % des étudiants (seulement) n’envisagent pas de CDI en sortie d’études. « Une telle proportion est une véritable nouveauté. En fait, ils considèrent leur début de carrière comme une expérience transitoire. Pour eux un CDI est perçu comme un engagement trop fort, trop sur le long terme. Ils ne se projettent pas à plus de 18/24 mois. Les entreprises ont également dû écourter la durée de leur graduate programme. Des structures me disent que plus personne ne signe de VIE pour une durée de deux ans », analyse Manuelle Malot, directrice de l’EDHEC NewGen Talent Centre.
Une nouvelle génération prête à changer de travail d’ici deux ans
La durée moyenne idéale pour un premier poste s’établit à 18 mois mais révèle en réalité de fortes disparités. Les universitaires sont les plus incertains (12 mois) tandis que les ingénieurs se projettent davantage (23 mois). « Au global, une majorité (58 %) anticipe même un changement de métier au bout de deux ans. À plus long terme, ces changements de cap, parfois subis, parfois choisis, deviennent monnaie courante : 56 % des futurs diplômés envisagent déjà une réorientation professionnelle par choix au cours de leur carrière.
Ces incertitudes sont aussi étroitement liées aux transformations technologiques rapides : 28 % s’inquiètent de l’impact de l’IA sur leur métier, et notamment les profils managers (33 %) », soulignent les auteurs de l’étude. Cette volatilité répond également à un souci d’employabilité de la part de ces futurs jeunes salariés. « Ils estiment qu’en restant trop longtemps dans leur poste, ils n’auront pas de nouvelles compétences à mentionner sur leur CV et leur profil en ligne », précise Manuelle Malot.
En fait, ils sont prêts à rester dans la même entreprise mais pas au même poste. « Le premier emploi est une étape où les jeunes découvrent leurs forces et faiblesses. Si l’entreprise fait à son tour preuve de flexibilité et d’ouverture, elle leur offre l’opportunité de trouver leur véritable place, que ce soit par la redéfinition des missions, la gestion de projets en autonomie ou encore la mobilité interne », souligne Michaël Giaj (JobTeaser).
« En résumé, la nouvelle génération ne tourne pas le dos à l’entreprise mais elle aspire à maîtriser les conditions de son engagement. Managers et recruteurs doivent repenser leurs modèles pour répondre à cette quête de sens, de flexibilité et d’employabilité », conclut Manuelle Malot, directrice du NewGen Talent Centre, EDHEC Business School.
Dis-moi quelle formation tu as suivi, je te dirai à quoi tu aspires dans ton boulot
En fonction de leur formation initiale, les futurs diplômés n’aspirent pas exactement au même début de carrière. C’est ce que révèle l’étude Gen Z Lab de JobTeaser et l’EDHEC NewGen Talent Centre. En voici quelques exemples.
Profil type écoles de management
● Volatilité : Ces jeunes talents visent une durée moyenne de 18 mois pour leur premier poste, et 61 % d’entre eux auront changé de métier dans les deux ans.
● Contrats alternatifs : Le CDI perd du terrain, avec près de 50 % préférant des formats comme le VIE ou les graduate programs.
● Grands groupes : Les grandes entreprises sont leur premier choix (31 %)
● Rémunération : Il s’agit de leur critère le plus important pour un premier emploi (66 %)
● Désir d’évolution : Leur priorité est de progresser rapidement dans la hiérarchie (29 %).
Profil type ingénieurs
● Optimisme : 90 % des jeunes ingénieurs ont une vision positive de l’entreprise.
● Cadre de travail : Ils valorisent des éléments comme les relations au sein de l’équipe, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle et un travail porteur de sens.
● Passion : Contrairement aux profils managers, la passion prime sur les conditions financières (57 % préfèrent en effet un métier passionnant mais peu rémunéré).
● Volatilité : Ils se projettent sur 23 mois pour leur premier poste, et 54 % auront changé de métier dans deux ans.
● Sérénité face à l’IA : Seuls 20 % des ingénieurs s’inquiètent de l’impact de l’IA sur leur avenir professionnel.
Profil type universitaires
● Volatiles : Ils visent 12 mois seulement pour leur premier poste.
● Spécialisation : 39 % cherchent en priorité à se spécialiser une fois en poste
● Petites structures : 34 % se dirigent en priorité vers les PME.
*Méthodologie : Étude menée en partenariat avec Kantar entre le 2 mai et le 10 juin 2024, auprès de 5 866 étudiants et jeunes diplômés ainsi que 561 recruteurs.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Emploi des jeunes, quelles attentes vis-à-vis de l’entreprise ?
Image contrastée de l’entreprise : 83 % des jeunes diplômés perçoivent l’entreprise positivement, mettant en avant des aspects collaboratifs et captivants. Cependant, elle est aussi considérée comme stressante et compliquée. Les attentes principales incluent la bienveillance, de bonnes relations d’équipe, et un équilibre vie pro/perso.
Nouveaux rapports au CDI : Près de 40 % des étudiants n’envisagent pas de CDI à la sortie de leurs études, considérant leur début de carrière comme une expérience transitoire. Ils privilégient des engagements plus courts, souvent autour de 18 à 24 mois.
Volatilité des carrières : 58 % des futurs diplômés anticipent un changement de métier dans les deux ans. L’inquiétude face aux évolutions technologiques, notamment l’impact de l’IA, incite cette nouvelle génération à rester mobile et à acquérir de nouvelles compétences pour maintenir leur employabilité.
Aspiration à la flexibilité : Les jeunes souhaitent que leur premier emploi leur permette de découvrir leurs forces et faiblesses. Ils désirent des entreprises flexibles qui offrent des possibilités de redéfinition des missions ou de mobilité interne pour trouver leur place.
Diversité des attentes selon les profils : Les attentes des jeunes varient selon la formation. Les étudiants d’écoles de management et d’ingénierie ont des visions positives, privilégient des entreprises de grande envergure, alors que les universitaires sont plus enclin à rechercher des postes dans des PME et à se spécialiser rapidement.