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Devenir enseignant : pourquoi passer l’agrégation ?

Passer l'agrègation pour devenir enseignant.

Pour devenir enseignant du secondaire et du supérieur, il existe plusieurs voies possibles. L’une d’elles est le passage du concours de l’agrégation. Une étape exigeante du parcours d’un professeur qui permet d’accéder à une meilleure rémunération et à des postes dans des niveaux plus élevés du supérieur. Il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer sur les bancs du concours des enseignants exerçant déjà leur métier et souhaitant évoluer. 


L’agrégation s’adresse donc à des profils variés et notamment à des personnes en reconversion professionnelle qui décident de quitter leur emploi pour travailler en tant qu’enseignant. Pourquoi ces derniers décident-ils de passer l’agrégation ? Quelles sont les différences entre un enseignant agrégé et un titulaire du CAPES ou du CAPET ? Antoine et Elodie ont fait ce choix de quitter leur travail pour se lancer dans la préparation du concours. Ils nous expliquent leurs motivations.

Elodie et Antoine ont tous les deux suivi des parcours professionnels bien éloignés de l’enseignement. Suite à une classe préparatoire, Elodie a intégré une école de commerce, KEDGE Business School, où elle a obtenu le diplôme du Programme PGE ainsi qu’un MSC Marketing et communication. En sortant de l’école, elle a été embauchée dans un cabinet de conseil parisien au sein duquel elle a occupé pendant 3 ans les postes de consultante en communication digitale. De son côté, Antoine a lui aussi fait une classe préparatoire pour intégrer une école d’ingénieur, l’ICAM. Pendant ses études, il a suivi un parcours en alternance chez Vallourec, spécialisée dans le transport du gaz et du pétrole. Suite à ses trois années d’alternance, il a rejoint l’entreprise en CDI pendant encore trois ans.

Le point commun entre Elodie et Antoine, c’est qu’ils ont toujours porté en eux le désir d’enseigner un jour. Ils ont tous les deux eu le déclic après quelques années d’entreprise et ont vu dans l’enseignement la possibilité d’exercer un métier porteur de sens. « C’est quelque chose que j’avais en tête depuis toujours, témoigne Elodie. Plus jeune, je faisais de l’aide aux devoirs. J’étais déjà attirée par l’accompagnement et j’avais ce besoin de transmission. » Antoine, quant à lui, se rêvait professeur de mathématiques : « C’était toujours moi qui expliquais les cours aux copains. J’aimais comprendre et apprendre aux autres. Je savais que je serai un jour enseignant, mais je ne voulais pas le faire tout de suite après le Bac. Je voulais d’abord vivre autre chose. » explique-t-il.

Un beau jour, ils ont sauté le pas et ont démissionné de leurs emplois respectifs pour, enfin, devenir professeurs. Pour cela, ils ont choisi de passer le concours de l’agrégation. 

Conscient de l’exigence de cette épreuve, Antoine a justement pris cette décision pour se lancer un défi. Surtout, il voulait pouvoir enseigner dans un niveau du supérieur. Entre-temps, les mathématiques ont laissé la place à la physique-chimie. Une matière pour laquelle Antoine a eu un coup de cœur lors de ses années de classe préparatoire. « Je suis assez curieux de nature et j’aime bien comprendre comment les choses fonctionnent, même à l’échelle microscopique. Si on creuse un peu, en se posant la question “Pourquoi ?”, on en revient toujours à de la physique ou de la chimie. Je l’ignorais et c’est quand je l’ai découvert que j’ai voulu enseigner cette matière à ce niveau-là. » raconte Antoine.

Pour Elodie, le choix s’est porté lui aussi sur le concours de l’agrégation dont les épreuves d’admission lui semblaient plus en phase avec son parcours. « Je me sentais plus à l’aise avec les épreuves de l’agrégation qui sont purement disciplinaires, par rapport à celles du CAPET. J’ai ensuite pu apprendre la pédagogie en stage et pendant ma formation. » explique-t-elle.

Quelles différences entre un professeur agrégé et un enseignant titulaire du CAPET/CAPES ? C’est principalement la rémunération qui différencie les deux statuts, ainsi que le nombre d’heures d’enseignement dispensé devant les élèves : 15 heures pour un enseignant agrégé, contre 18 heures pour un titulaire du CAPES/CAPET. Les enseignants agrégés peuvent également enseigner dans des niveaux post-bac : en classes préparatoires ou en BTS par exemple. C’est notamment le cas d’Elodie qui, après son stage, où elle dispensait des cours à des classes STMG au lycée, enseigne aujourd’hui en BTS communication.

Elodie comme Antoine s’accordent à dire que le concours de l’agrégation est une étape passionnante de leur parcours. Ils ont particulièrement apprécié le fait de solliciter leur intellect. « Il y a plein de choses à apprendre et nous sommes intellectuellement très stimulés. On peut débattre, échanger avec des professeurs très qualifiés. C’est vraiment intéressant. » témoigne Elodie. Et Antoine d’ajouter : « Il y a beaucoup d’informations à intégrer. C’est un peu comme une montagne qu’il faut gravir. Il faut trouver un chemin et avancer à son rythme. Mais j’adore apprendre et c’est un milieu qui permet de le faire, tout le temps. »

Pour les inconvénients, ils citent tous les deux la solitude qu’ils ont vécu en passant le concours. « On peut parfois se sentir un peu seul. Nous n’étions que quatre dans ma formation. » confirme Antoine. Elodie quant à elle s’est sentie en décalage avec son entourage qui ne comprenait pas l’intensité de la préparation qui lui prenait tous ses week-end, soirées et temps libres. Heureusement, elle a pu tisser des liens avec les autres candidats. « Ce n’est pas la même compétition qu’en prépa. Il y a plus de solidarité et d’entraide : on organisait des groupes de travail et de révision. » ajoute-t-elle. 

En plein dans les concours, Antoine poursuit actuellement un Master 2 préparation agrégation. De septembre à décembre, il a donc suivi un planning de cours très dense. Il a également consacré beaucoup de temps à la préparation des oraux du concours désignés sous le terme de “leçons”. Son allié dans ses révisions : l’application Anky qui propose un système de cartes retournées à l’arrière desquelles se trouvent les réponses aux questions posées. Ce qui est intéressant avec cet outil, c’est qu’il fait réapparaître autant de fois que nécessaire les questions auxquelles le candidat n’a pas su répondre correctement. « Je passe beaucoup de temps à agréger mes cours sur l’application. Grâce à cet outil, je me sens serein pour passer mes concours car je sais que je ne peux rien oublier. » se réjouit Antoine qui a réussi en avril dernier ses écrits et s’apprête maintenant à passer les oraux. 

De son côté, Elodie a réussi le concours en 2021, après plusieurs tentatives. Elle conseille aux candidats de ne pas se mettre trop la pression. « C’est un concours difficile qui rassemble des profils très différents. Il faut se rappeler qu’on n’a pas tous la même situation et envisager dès le début de le passer en deux ou trois ans. » Un conseil que partage Antoine : « Il ne faut pas se laisser impressionner par les autres candidats qui, pour certains, sont déjà enseignants depuis plusieurs années. »

Une fois admis au concours de l’agrégation, le candidat est affecté à une académie et un établissement en fonction de son classement. Mieux il est classé et plus il a de chance de se voir affecté dans l’établissement souhaité. Des points supplémentaires sont attribués en fonction de la situation de chacun : handicap, enfants, conjoint, etc…

En 2021, Elodie a donc été affectée à l’académie de Paris où elle a d’abord enseigné dans un lycée en classes STMG. Aujourd’hui, elle enseigne en BTS Communication dans les matières dites “professionnelles”, c’est-à-dire celles qui sont liées au métier de la communication. Sur une semaine, elle passe 17 heures en salle de classe, face aux élèves. Le reste de son temps est partagé entre la préparation des cours et des recherches approfondies pour pouvoir répondre aux questions de ses étudiants. En tant que professeur référente, elle a aussi un rôle de gestion des problématiques individuelles et prend part aux réunions, aux conseils d’enseignement et à la sélection des dossiers Parcoursup. Elle suit également régulièrement des formations. Au total, Elodie abat donc une cinquantaine d’heures de travail par semaine. 

Pour autant, elle ne regrette pas son changement de vie. « Ce que j’aime le plus dans ce métier, c’est la transmission, l’accompagnement personnalisé des étudiants et la relation qu’on a avec eux. »