Parcoursup : un premier bilan d’étape mitigé

Un bilan mitigé pour Parcoursup

Crée en 2018, Parcoursup est une plateforme qui recueille et gère les vœux d’affectation des futurs étudiants de l’enseignement supérieur français. Décriée pour son manque d’équité, son caractère anxiogène et son opacité, le site connaît chaque année de nouvelles évolutions.


« J’avais un peu peur, car j’avais eu pas mal d’échos catastrophiques sur Parcoursup, explique Olivia Pikoik, maman de Louise, 17 ans, jeune bachelière. Finalement, ça a été hyper facile ! ». Elle trouve la plateforme « très claire » et dit avoir été bien préparée par l’école de sa fille. Une fois inscrite sur la plateforme, elle était heureuse de recevoir des mails de Parcoursup lui indiquant « les dates butoirs ». Autre atout de taille, qui lui a grandement facilité les choses : « J’ai une fille qui est très autonome et qui savait ce qu’elle voulait. Elle s’était renseignée sur la formation qu’elle souhaitait. J’ai juste eu à valider son choix. On ne s’est pas pris la tête, je n’ai pas été moteur sur quoi que ce soit et elle et a eu cinq de ses vœux acceptés sur la plateforme ».

Fanny Semin, conseillère d’orientation indépendante, abonde dans le même sens : « C’est une mine d’informations qui sont tenues à jour régulièrement. Il existe de moins en moins de formations hors Parcoursup : presque toutes les écoles sont sur la plateforme ». Elle cite notamment comme un avantage la possibilité de rechercher des informations sur une formation dans toute la France ou de cibler une ville en particulier. « Les écoles et universités jouent le jeu et détaillent leur accessibilité, leurs attendus, leurs débouchés… » Pour elle, « la plateforme fonctionne bien, comme une boîte aux lettres entre les lycéens et les formations du supérieur. C’est un outil de plus en plus transparent qui évolue bien. Les élèves peuvent écrire des mails aux formations ou poser des questions et la hotline leur répond dans l’heure ». 

Grande nouveauté cette année, la possibilité de s’inscrire dès la seconde pour se familiariser avec l’outil. « On crée son compte et le lycéen navigue et prend des informations sur les filières qui l’intéressent. Il peut liker les formations pour créer une sorte de portfolio » explique-t-elle. Un véritable gain de temps, car lorsqu’en terminale le lycéen se connecte, « toutes les formations qu’il a retenues se mettront sur son compte officiel ». La plateforme est ouverte mi-janvier, les élèves de terminale ont jusqu’à mars pour rentrer leurs dix vœux et jusqu’à avril pour les compléter avec des lettres de motivation et des books avant les résultats, début juin, pour la première phase d’admission.

Néanmoins, Fanny Semin reconnaît que cela peut s’avérer « difficile si l’élève ne sait pas ce qu’il veut faire. Il peut être perdu s’il n’arrive pas à préciser sa demande ou s’il n’est pas aidé par son entourage ». Elle convient qu’il faudrait améliorer et faciliter la recherche des formations : « Il faut que ce soit exactement au mot près le bon intitulé pour trouver une formation. On risque de passer à côté si l’on n’a pas tapé le bon ».

Olivia Pikoik reconnaît quant à elle que le processus peut provoquer « un stress monstrueux » pour certains jeunes et certains parents, notamment lorsque les enfants sont sur liste d’attente et partent en vacances sans savoir où ils iront à la rentrée. Et de citer l’exemple d’Aurore, l’amie de sa fille, qui n’a vu aucun de ses vœux validés et a dû faire des sous-vœux lors de la deuxième phase d’admission. « Elle a choisi une formation par dépit » confie-t-elle. 

Fanny Semin conseille de choisir soigneusement ses dix vœux, qui doivent tous être « de vrais choix, indique-t-elle. La sélection est rude dans toutes les formations. Les élèves doivent suffisamment réfléchir leurs choix de secours pour ne pas être déçus ». Elle insiste sur la lettre de motivation, qui doit être personnalisée, et sur l’importance de se rendre aux portes ouvertes des écoles. « Il n’y a pas que les notes comme paramètre, mais aussi ce qu’est l’élève, son savoir-être, ses engagements, ses stages… ».

À l’inverse d’Olivia Pikoik, Clémentine Pelegrin Melet, maman de Charlotte, confiait être « stressée et perdue dans la jungle opaque de Parcoursup qui ferme dans trois jours » sur un post publié sur Linkedin le 8 juillet dernier. Alors que sa fille a obtenu le bac avec mention “bien” spécialités maths et physique et qu’elle avait formulé 56 vœux sur Parcoursup – « 56 vœux en attente » –, elle prenait à parti le président de la République : « Malgré ses bons résultats, elle est toujours sur liste d’attente et n’a obtenu aucun de ses choix. Depuis ses 9 ans, elle rêve de devenir médecin. Elle a suivi en parallèle de sa terminale une année de prépa médecine, elle a fait deux stages dans des hôpitaux, a passé son PSC1, a fait du bénévolat à la protection civile et… rien ! Quel désarroi ! Il n’y a donc pas de place sur les bancs de la faculté pour les élèves sérieux et motivés ? ». Et d’ajouter en commentaire « Je pense aussi que les élèves du privé sont désavantagés par cette plateforme ».

Laetitia Desfosses fait, elle aussi, partie des déçues de Parcoursup : alors que sa fille a obtenu son bac avec mention “bien” avec 17 en maths et 18 en SVT, elle n’a obtenu aucune place en école vétérinaire en France. Résultat, « il faut se tourner vers l’étranger » avance-t-elle. Pourtant, la plateforme n’intervient en rien dans les admissions, ce sont les responsables des formations qui ont la main. Parcoursup centralise les demandes et les transmet aux formations qui pour la plupart utilisent leur propre algorithme pour le premier classement. Ensuite, bien souvent, il y a un second tri fait par les personnes responsables des admissions.