Témoignage : pourquoi faire une classe prépa ?

Faire une classe préparatoire

Exigentes, les classes préparatoires sont réputées pour être stressantes et difficiles. Redoutées par les uns, recherchées par d’autres, ces études prestigieuses permettent d’accéder aux Grandes Écoles de commerce. Il existe cependant des alternatives pour accéder à de très bons établissements : via les admissions parallèles ou grâce à des programmes post-bac. Pourquoi, alors, choisir la classe préparatoire ? 


Après 2 ans de prépa, au Lycée de Saint-Just à Lyon, et plusieurs mois de concours écrits et oraux, Anna intègre en septembre 2024 Skema Business School à Lille. Il s’agit de la 6e meilleure école de commerce en France possédant deux campus à Lille et à Sophia Antipolis. Fière de ses résultats et de son affectation, Anna fait un retour sur ses deux années de prépa. Elle nous raconte.

Anna : Quand je suis rentrée en prépa, je ne savais pas exactement ce que je voulais faire plus tard. J’étais intéressée par le commerce, par la finance, par le marketing, et d’autres domaines enseignés en grande école de commerce. Parce que je n’étais pas sûre de ce que je voulais faire, la classe préparatoire représentait un atout. C’est la suite du lycée pendant deux ans, ce qui permet d’avoir du temps de réflexion en plus, par rapport à ceux qui ont fait un choix plus déterminant, sur Parcoursup, ou qui se sont professionnalisés directement. Pendant ces années, j’ai pu réfléchir à mon projet professionnel. Qui plus est, grâce à la classe préparatoire, on intègre un programme grande école, le PGE, qui n’est pas accessible en école post-bac ou via les concours parallèles.

Anna : Dès le début de la journée, il y a deux équipes : il y a ceux qui se réveillent 2-3 heures en avance par rapport à leur première heure de cours pour réviser, et il y a ceux, comme moi, qui se lèvent une heure avant d’arriver au lycée. Les cours commencent à 8 heures. On a environ 4-5 heures de cours le matin qui s’enchaînent par blocs de 2-3 heures. Ce sont des petites classes comme au lycée, nous sommes environ 35. Généralement, on essaie d’optimiser notre temps de pause du midi. Il y en a beaucoup qui mangent, par exemple, en 30 minutes et qui travaillent les 30 autres minutes pour avoir cette heure de pause rentabilisée. L’après-midi, on a encore 3-4 heures de cours. Les journées finissent assez tôt, vers 16-17 heures. Mais nous ne sommes pas libérés pour autant, car une seconde journée commence : trois fois par semaine nous avons des “khôlles” après les cours. Ce sont des mini-oraux, d’une vingtaine de minutes, dans toutes les matières. Après ça, on rentre chez nous, certains préfèrent aller directement à la bibliothèque universitaire, et on enchaîne avec encore 3 à 5 heures de travail. On rentre vers 23 heures, on dort, et on recommence. 

Anna : Oui, pendant deux ans on vit pour la prépa. Cela nécessite d’organiser tout son rythme de sommeil, d’alimentation, d’activité sportive par rapport aux cours. L’objectif est d’optimiser chaque chose qu’on fait. Après, on peut se laisser quelques temps libres. Moi, par exemple, je gardais mon vendredi soir. Les week-end étaient organisés autrement, aussi. Personnellement, j’allais à la bibliothèque universitaire. Je reconnais que, dit comme ça, ça peut faire un peu peur. Mais c’est faisable ! Quand on est dans la bulle de la prépa, cela nous choque un peu moins parce qu’on évolue en permanence avec des gens qui ont le même rythme que nous. 

Anna : Oui, la présence sur place est obligatoire. C’est comme au lycée : si on est absent, ou en retard, il faut le justifier. On n’est pas libre comme à la fac. Mais c’est le but de la prépa : on est vraiment encadré par l’équipe pédagogique. Cela a ses avantages. Personnellement, je pense que je n’avais pas le profil pour la fac. J’avais du potentiel, mais, toute seule, j’avais un peu du mal à le révéler. J’avais besoin d’avoir tout cet accompagnement pédagogique autour de moi, des amis qui font la même chose que moi et qui me soutiennent pour réussir. C’est vrai que je ne suis jamais allée à la fac, donc je ne peux pas dire, mais ce que j’ai entendu c’est que c’est un parcours où il faut savoir être autonome. 

Ana : On a souvent tendance à penser que la prépa est synonyme de compétition exacerbée entre les élèves d’une même classe. Mais, je pense que la compétition est davantage entre les différentes prépas qu’au sein d’un même établissement. Au contraire, dans une prépa, on rencontre des groupes d’amis qui essayent d’aller le plus loin possible ensemble et qui se tirent vers le haut.

Ana : On a six matières. Il y a les maths, c’est la matière qui prend le plus de temps, que ce soit en cours ou en travail personnel. On a environ 11 heures de maths par semaine, plus les dizaines d’heures qu’on passe à faire des annales tout seul. On a aussi beaucoup d’histoire géopolitique, c’est la deuxième plus grosse matière. Ensuite, on a des lettres, de la philosophie, de l’anglais et une seconde langue (espagnol, allemand ou italien).

Ana : L’écrit a eu lieu en avril : c’est environ 15-20 jours de concours, à raison de deux épreuves par jour, chacune dure 4 heures, donc c’est vraiment long et très fatiguant, même physiquement. Les résultats ont été publié en juin. On sait alors si on a réussi les écrits d’un certain nombre d’écoles. Si on est admissible, on passe ensuite les oraux dans chaque école. Ces phases de concours sont davantage portées sur les langues, il ne faut donc pas négliger ces matières, même si elles ont un plus petit coefficient à l’écrit.

Ana : On ne peut jamais regretter d’avoir fait une prépa, parce que c’est un réel enrichissement culturel et émotionnel. Il y a autant de ressentis que d’élèves et on n’a pas tous vécu les mêmes années. Personnellement, c’était un peu compliqué, parce que j’étais loin de ma famille et que j’avais des difficultés en maths pendant deux ans. Mais il y a plein d’aspects positifs dans la prépa et il ne faut pas diaboliser ce cursus. On grandit énormément et on apprend beaucoup de choses qui viennent alimenter notre culture générale. Avec le recul, je suis très contente d’avoir fait une prépa. Même si, sur le moment, je me suis souvent demandée pourquoi je me fesais du mal comme ça. Ce sont deux années difficiles, il y a plusieurs moments où on voudrait abandonner, mais je suis heureuse de l’avoir fait. 

Ana : Mon conseil serait de ne pas s’enfermer à 100 % dans la prépa et de garder au moins 5-10 % de son temps de cerveau disponible pour se connecter “à la vie réelle” et à des activités “d’étudiant normal”. En prépa, on est dans une bulle, mais c’est ausi important de prendre du recul. Rater un devoir d’histoire géo, alors qu’on avait travaillé 50 heures dessus, cela peut ressembler à un drame, mais en parlant avec ses amis, ses proches, on réussit à relativiser. C’est en cela que je conseille de ne pas s’enfermer dans cette bulle et de trouver des petites activités extérieures qui font plaisir et qui permettent de se détendre.

Un autre conseil. J’aurais adoré qu’on me dise cela avant d’entrer en prépa : prenez contact avec ceux qui ont déjà suivi ce cursus. Ça peut être les élèves de deuxième années, les carrés, qui sont déjà dans le lycée que vous intégrez. L’idée est d’échanger avec eux pour avoir des conseils.