Plongés dans un environnement économique incertain, les 18-24 ans semblent redéfinir les contours de leur relation au monde professionnel. Entre quête de sécurité matérielle, recherche de liens humains authentiques et volonté d’avoir un impact positif sur la société, cette génération propose une nouvelle vision du travail.
Une enquête menée par la Fondation Jean-Jaurès, la Macif et BVA Xsight met en lumière leurs priorités structurées autour de trois valeurs clés : stabilité, solidarité et utilité sociale.
La stabilité financière : un socle essentiel pour l’avenir selon les 18-24 ans
Pour de nombreux jeunes, la sécurité financière constitue une condition fondamentale pour envisager leur futur avec sérénité. Près de 47 % d’entre eux se déclarent préoccupés par leur capacité à subvenir à leurs besoins. Le salaire se hisse au rang de priorité pour 40 %, soulignant leur besoin de stabilité matérielle. Dans un contexte économique marqué par l’inflation et les incertitudes croissantes, la rémunération apparaît comme un facteur rassurant.
Malgré ces défis, les jeunes restent attachés à des repères traditionnels : 56 % valorisent l’accès à la propriété, et 50 % souhaitent fonder une famille, une hausse de 4 points par rapport à 2023. Ces aspirations traduisent une volonté affirmée de bâtir un avenir stable, structuré et sécurisé.
Association stabilité-flexibilité : la quête d’une vie professionnelle dynamique et épanouissante
Si la stabilité demeure une aspiration centrale, elle s’accompagne chez les jeunes d’un fort désir de dynamisme et de flexibilité professionnelle. Ainsi, 35 % d’entre eux expriment l’envie de changer régulièrement de métier, témoignant de leur quête d’un environnement de travail adaptable et stimulant. L’attrait pour la formation continue, adopté par 65 % des jeunes, illustre leur volonté de développer en permanence de nouvelles compétences pour soutenir leur évolution professionnelle. Depuis 2022, cet intérêt a progressé de six points, confirmant l’importance croissante de la mobilité et de l’apprentissage dans leur parcours.
Solidarité et relations humaines au travail : des priorités nouvelles pour les jeunes
Au-delà de la sécurité matérielle, les jeunes accordent une importance capitale aux relations humaines dans leur environnement professionnel. La solidarité entre collègues, citée par 41 % des répondants, est perçue comme un pilier essentiel, tout comme l’ambiance de travail (44 %) et les moments de convivialité (13 %). Ces éléments reflètent leur vision de l’entreprise comme un lieu de soutien mutuel et de collaboration.
Un management bienveillant et axé sur la reconnaissance est également privilégié. Pour 28 % des jeunes, le « manager idéal » est celui qui favorise un cadre épanouissant, tandis que 24 % mettent en avant l’importance de valoriser les efforts accomplis. Ce style de leadership répond à leur quête d’autonomie et de respect mutuel.
Enfin, 34 % des jeunes privilégient les entreprises locales et françaises, perçues comme plus humaines et en adéquation avec leurs valeurs et leur vie personnelle, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance et d’engagement.
Bien-être, solidarité et impact social : vers un rôle redéfini de l’entreprise et de sa croissance
Les jeunes accordent une importance croissante à l’impact sociétal des organisations. Pour 43 % d’entre eux, une entreprise doit avant tout contribuer au bien commun, une préoccupation en hausse de 5 points depuis 2022, témoignant de leur sensibilité accrue aux enjeux sociaux. De plus, 33 % considèrent l’amélioration des conditions de travail comme une priorité, soulignant une attente forte envers des modèles d’entreprise davantage centrés sur le bien-être des employés.
Cependant, les préoccupations environnementales semblent passer au second plan, n’étant citées que par 13 % des répondants. Ce recul pourrait traduire un recentrage sur des enjeux plus immédiats, tels que la rémunération et la qualité de vie au travail.
Dans cette quête d’un environnement professionnel plus équitable et humain, les valeurs de respect (52 %), de confiance (38 %) et de solidarité (31 %) se révèlent essentielles, redéfinissant les attentes envers le rôle et les responsabilités des entreprises.
Le défi de l’insertion professionnelle : une entrée difficile sur le marché du travail
Malgré des attentes clairement formulées, les jeunes font face à des obstacles majeurs dans leur parcours vers l’emploi. Le manque d’expérience demeure le frein principal pour 48 % d’entre eux, un chiffre inchangé depuis deux ans. De plus, 30 % pointent un manque de confiance envers leur génération, tandis que la faible valorisation de l’alternance, mentionnée par seulement 14 %, limite leurs opportunités professionnelles.
Pourtant, les jeunes perçoivent les stages et l’alternance comme des leviers essentiels pour accéder à l’emploi. Ils reconnaissent également la valeur des séniors, dont l’expérience et la capacité à transmettre des savoirs sont vues comme des ressources précieuses pour les accompagner dans leur insertion.
Conclusion : créer des entreprises plus humaines en phase avec les aspirations des jeunes
Entre leur quête de stabilité, leur aspiration à des relations humaines authentiques et leur besoin de sens, les jeunes redéfinissent les contours de l’entreprise idéale. Ces attentes, parfois perçues comme contradictoires, reflètent avant tout une recherche d’équilibre dans un monde en constante évolution.
Pour répondre à ces aspirations, les entreprises doivent engager une transformation profonde, conciliant sécurité matérielle, solidarité et impact sociétal. C’est en adoptant ces nouveaux paradigmes qu’elles pourront attirer et fidéliser une génération porteuse de valeurs novatrices. Les organisations capables d’incarner cette vision renouvelée du travail deviendront des employeurs de choix, en phase avec les attentes d’une jeunesse en quête de bien-être et de sens dans leur vie personnelle et professionnelle.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Une génération en quête d’équilibre : les aspirations des jeunes face à l’entreprise.
Évolution des attentes des jeunes : Les jeunes actifs de 18 à 24 ans font face à un marché du travail incertain et redéfinissent leurs priorités face à l’entreprise idéale, alliant recherche de sécurité financière, liens humains authentiques dans leur vie personnelle et professionnelle, bien-être et souhait d’avoir un impact positif dans la société.
Importance de la mixité sociale : La mixité sociale est perçue comme un enjeu majeur. Les écoles et universités doivent mieux communiquer sur les opportunités dans les grandes écoles pour aider les jeunes actifs issus de milieux défavorisés à envisager ces voies au sein du monde professionnel.
Valeur des compétences humaines : Les recruteurs recherchent des compétences humaines (soft skills) telles que l’adaptabilité, l’écoute et le travail d’équipe. Les étudiants doivent être préparés à cette nouvelle réalité en développant des qualités comme la curiosité et la proactivité.
Impact de la RSE : La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue une priorité, les jeunes sont de plus en plus attentifs à l’impact environnemental et social des entreprises. Les organisations doivent intégrer ces enjeux dans leur fonctionnement.
Défis d’insertion sur le marché du travail : Malgré leurs attentes claires d’une entreprise idéale, les jeunes actifs rencontrent des obstacles dans le monde professionnel, comme le manque d’expérience et la reconnaissance limitée de l’alternance. Les stages et l’alternance sont parfois vus comme des opportunités cruciales pour accéder à l’emploi aujourd’hui.