Comment créer son entreprise quand on est étudiant en France ?

Comment créer son entreprise quand on est étudiant en France ?

Le Statut National d’Étudiant-Entrepreneur permet aux jeunes d’être accompagnés dans la création de leur entreprise. Gratuit, il est accessible sur tout le territoire et délivré par le comité d’engagement du Pépite (Pôle Étudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat) sous conditions.


En France, les étudiants sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Une « très bonne idée », estime Alain Asquin, Coordonnateur national du Plan Esprit d’Entreprendre. « Si un étudiant veut créer une entreprise, ou entreprendre, le Statut National d’Étudiant-Entrepreneur (SNEE) permet d’être accompagné pour le faire. C’est gratuit, et dans toute la France », explique-t-il. Ce statut est accordé par le comité d’engagement du Pépite (Pôle Étudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat). « Pour candidater, c’est très simple, ajoute Alain Asquin. Il suffit de se rendre sur le site du Pépite, et cliquer sur le lien dédié ».

Les emplacements des pôles sont indiqués sur une carte. « En sélectionnant leur territoire, les jeunes auront les connexions nécessaires, selon leur ville la plus proche. Ils peuvent ensuite demander des informations par mail ». Qui peut postuler ? « Tous les étudiants, y compris en première année, jusqu’au doctorat, mais aussi les jeunes diplômés. Ces derniers peuvent, si besoin, redevenir étudiants une ou deux années supplémentaires, grâce à un diplôme créé sur mesure, le diplôme d’étudiant entrepreneur (D2E), un programme pour renforcer leurs compétences. Cela leur permet de se consacrer à temps plein à leur projet, et d’avoir des accompagnements, des modules… ». Les jeunes travailleurs peuvent quant à eux « revenir au Pépite ». « Ils vont avoir droit à l’allocation chômage, et pouvoir vivre avec cette ressource pendant qu’ils développent leur projet avec nous ». La limite d’âge, à « l’appréciation des pôles », ne dépasse pas les 30 ans. À l’exception des doctorants.

Afin d’obtenir le SNEE, le candidat doit présenter un dossier. « Le Pépite dans lequel vous allez candidater va indiquer ce qu’il attend de vous. De manière générale, on s’assure que l’étudiant est bien dans une posture d’apprenant. S’il vient juste pour rester étudiant un an de plus avec un discours qui sonne creux, le jury va rapidement le détecter. Ce qu’il regarde, c’est la motivation. Le candidat va être maladroit, bien sûr. Nous n’avons aucun problème avec cela. Certaines structures vont être très sélectives sur la nature des projets, car il y a une obligation de résultat. Nous, nous sommes des révélateurs de talents. On prend des jeunes maladroits pour les rendre plus adroits, » résume Alain Asquin. Il ne s’agit pas d’un examen, tient-il également à préciser. « C’est très bienveillant, on ne met pas les gens en difficulté. On ne juge pas l’idée, ou l’ampleur d’un projet, mais l’engagement. Ensuite, avec eux, on va les aider à construire leur projet ».

En cas de refus, il est possible de candidater plusieurs fois. « Si une idée n’est pas encore réfléchie, on peut proposer à l’étudiant un séminaire d’initiation à l’entrepreneuriat, et il pourra revenir lors d’un prochain comité ».

Le SNEE permet notamment aux étudiants d’aménager leurs horaires de travaux dirigés. « Si un étudiant a un programme très lourd, ça peut être compliqué. On va donc adapter notre proposition pour ce jeune, en faisant en sorte que les études soient prioritaires. Il est toujours temps de continuer sa création d’entreprise, mais les études, c’est maintenant, insiste Alain Asquin. Puis, progressivement, lorsque l’emploi du temps va s’alléger, on va pouvoir leur proposer des choses plus conséquentes. Pour les emplois du temps rigides, c’est donc un peu plus à la carte. Ceux qui n’ont vraiment pas le temps de souffler pendant leur formation, eux, demandent souvent le D2E ».

En accord avec le directeur des études, l’étudiant peut également consacrer son stage de fin d’année à son projet. « Il peut donc travailler pendant trois ou six mois dessus. En revanche, il faut que ce stage dans sa propre entreprise soit cohérent avec les études menées. Si vous faites des études d’ingénieur en mécanique mais que vous êtes passionnés par la musique, vous ne pouvez pas faire un projet d’édition musicale, car cela ne valide pas vos compétences d’ingénieur. En revanche, si vous travaillez sur un fauteuil roulant pour les personnes en situation de handicap, par exemple, vous pouvez vous consacrer au prototype, faire un mémoire sur le sujet et gagner du temps ».

Autre avantage du SNEE : il permet de faire une césure entre deux années, pour se consacrer à son projet entrepreneurial. Le jeune entrepreneur a aussi la possibilité de candidater à des prix, comme le prix Pépite, par exemple. Les lauréats territoriaux remportent une bourse de 2 000 euros, décernée par Bpifrance, et les lauréats nationaux une dotation financière supplémentaire de 5 000 euros offerte par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les étudiants bénéficiant d’une bourse sur critères sociaux peuvent par ailleurs continuer à la percevoir dans le cadre du D2E. 

Sans oublier le réseau. Alors qu’un étudiant, tout comme un entrepreneur, peut souffrir d’isolement, Alain Asquin évoque une communauté soudée. « Ils deviennent amis, se soutiennent. Ils se passent des tuyaux, des contacts », s’enthousiasme-t-il.

Les secteurs d’activité sont, eux, très variés. « Un étudiant entrepreneur ne va pas se demander où sont les opportunités, où est-ce qu’il va pouvoir gagner beaucoup d’argent. Souvent, il crée à partir d’une expérience de vie, d’une passion. En fonction d’une situation vécue, il va vouloir réagir, améliorer quelque chose. Par exemple, il n’est pas rare qu’un étudiant dont le projet porte sur des dispositifs pour les personnes en situation de handicap, ou pour les aidants, ait dans son propre entourage une personne en situation de handicap. Il y a aussi des gens engagés dans les problématiques liées à l’environnement, ou contre la malbouffe, entre autres. De nombreux nouveaux entrepreneurs réfléchissent à de nouvelles formes de consommation, d’upcycling… ».

Quant à la création d’entreprise, c’est à l’étudiant de décider « s’il va au bout ou s’il renonce ».

« Dans tous les cas, ce n’est pas un échec. Ils auront acquis de la compétence, que nous les aidons à valider. Les chefs d’entreprises qui vont les embaucher savent qu’ils ont tenté quelque chose en entrepreneuriat, qu’ils vont savoir décoder les contraintes de patrons de PME par exemple », assure Alain Asquin.

« Des entreprises voient le jour tous les ans, plein de choses magnifiques. Mais notre objectif, c’est surtout de développer des talents et des compétences », conclut-il. En dix ans, près de 40 000 étudiants ont été accompagnés dans la création de leur projet. En 2023-2024, ils sont 5 843 à avoir bénéficié du SNEE.


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : le Statut National d’Étudiant-Entrepreneur (SNEE) et son rôle dans l’accompagnement des jeunes créateurs d’entreprise en France.

Accès à la résidence permanente : Le SNEE permet aux jeunes entrepreneurs francophones d’être accompagnés dans la création de leur entreprise, facilitant ainsi leur intégration et leur permettant d’obtenir une résidence permanente.

Soutien administratif et logistique : Les étudiants bénéficiant du SNEE ont accès à un accompagnement sur mesure, incluant une assistance pour les démarches administratives et la création d’un business plan, ce qui leur permet de construire leur projet solide et concret.

Flexibilité et aménagement des études : Il donne la possibilité d’adapter les horaires de cours et permet aux étudiants de consacrer leur stage de fin d’année à leur projet entrepreneurial, favorisant ainsi la combinaison des études et de l’entrepreneuriat.

Réseau et communauté : Les étudiants construisent un réseau d’entraide qui combat l’isolement, en tissant des liens avec d’autres créateurs et en échangeant des conseils et des ressources, ce qui enrichit leur expérience entrepreneuriale.

Diversité des projets et limitation des risques : Les projets des étudiants sont variés et souvent basés sur des expériences personnelles. Le SNEE permet d’acquérir des compétences précieuses, même en cas d’échec, valorisant l’effort entrepreneurial et préparant les étudiants à intégrer le marché du travail avec une expérience significative.