Camille Yonnet, 24 ans, étudiante en génie informatique à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers (ENSAM), vise un poste d’ingénieure CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation). Elle a d’ores et déjà reçue une promesse d’embauche de l’entreprise dans laquelle elle effectue son alternance. Habituée à travailler avec des équipes majoritairement masculines, la jeune femme a su trouver sa place.
« J’ai trouvé quelque chose qui me plaît ». Du haut de ses 24 ans, Camille Yonnet, étudiante en génie informatique à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers (ENSAM), est sur le point de décrocher son premier CDI.
Cela fait maintenant deux ans que la jeune femme est en alternance chez SPIE, une entreprise spécialisée dans les systèmes CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation) et l’énergie. Camille, elle, participe à l’élaboration des systèmes de refroidissement des data centers, ou centres de données.
Elle obtiendra son diplôme en juin 2025, avant de se lancer pour de bon sur le marché du travail. Toujours au sein de la même société, dans laquelle elle semble désormais bien intégrée. « Je vise le poste d’ingénieur projet CVC, chargé d’encadrer un projet du chiffrage jusqu’à la livraison, et d’entretenir le lien avec le client », explique l’étudiante.
Concrètement, de quoi s’agit-il ? « Il y a plusieurs étapes. Il faut d’abord chiffrer le projet de construction du data center. En l’occurrence, celui que nous avons récemment proposé à un client a été accepté. Vient ensuite la phase d’exécution : les consultations fournisseurs en vue des commandes, puis le chantier. Et plus particulièrement les réseaux de refroidissement. Celui sur lequel nous sommes actuellement mobilisés va s’étaler jusqu’en 2028 ».
« On représente toujours une minorité »
Camille, qui évolue dans un domaine majoritairement masculin, n’a jamais été freinée par le manque de diversité. « J’ai toujours été la seule fille à travailler dans mon équipe, jusqu’à cette année, avec le recrutement de trois femmes supplémentaires. Mais globalement, on représente toujours une minorité ».
Pour autant, l’alternante n’estime pas être traitée différemment au sein de son entreprise. « Cela arrive plutôt sur le chantier. C’est vrai que l’on a tendance à me demander, parce que je suis une fille, si je suis sûre de vouloir y aller, si je pense que tout va bien se passer. Et oui, tout se passe bien », raconte Camille. Elle avoue cependant remettre elle-même en cause sa crédibilité. « Est-ce que c’est parce que je suis une fille ou parce que je suis encore étudiante ? Je ne sais pas. Je me pose beaucoup de questions », détaille-t-elle, soulignant une « solidarité féminine, dans l’entreprise et à l’école ».
Avec 15 % d’étudiantes, l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers, comme d’autres établissements tournés vers l’industrie, peine à attirer les jeunes femmes. « Dans les travaux de groupe, sur 5 ou 6 personnes, il y a souvent une seule fille, voire aucune. Et là, je me suis rendue compte qu’on ne m’écoutait pas. Je l’ai fait remarquer à mes collègues masculins, qui ont admis ne pas avoir pris en considération l’avis des filles », déplore Camille, tout en évoquant un fait isolé, lié, selon elle, à l’éducation. « En dehors de cela, tout se passe plutôt bien. Il peut parfois y avoir des blagues un peu lourdes, mais je n’ai jamais été témoin de choses qui m’ont vraiment choquée, au point de me donner envie de partir », assure-t-elle. La jeune femme, engagée au sein de l’école, participe notamment à un groupe de travail sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. « À ce niveau-là, nous sommes bien encadrés », affirme-t-elle.
Après trois ans passés au sein de l’établissement, Camille « ne regrette pas du tout » son choix. Si elle confie son inquiétude quant à sa petite sœur de 18 ans, « beaucoup plus timide », qui entame les mêmes études qu’elle, elle reste cependant optimiste. « C’est peut-être une chance, mais pour moi, tout s’est toujours très bien passé. Cela montre que c’est possible ». Elle encourage notamment les lycées à faire preuve d’ouverture d’esprit quant aux jeunes femmes souhaitant se lancer dans cette voie. « Lorsque j’ai voulu rejoindre une filière un peu masculine, on a essayé de m’en dissuader. Mais pour ma sœur, ça a été tout le contraire ! Ce qui est encourageant pour la suite ».
Lire le dossier complet :
#1 La place des femmes dans les écoles d’ingénieurs – Nadège Trousset, Directrice Générale de l’ENSAM
#3 RDV demain
#4 RDV lundi
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Camille, étudiante en génie informatique : « Je ne regrette pas du tout mon choix ».
Parcours et ambitions professionnelles : Camille Yonnet, 24 ans, étudiante en génie informatique à l’ENSAM, effectuera son alternance chez SPIE, une entreprise spécialisée en CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation). Elle vise le poste d’ingénieur projet CVC et a déjà reçu une promesse d’embauche.
Minorité féminine dans l’industrie : Camille évolue dans un environnement majoritairement masculin, avec seulement 15 % d’étudiantes à l’ENSAM. Bien qu’elle soit souvent la seule femme dans son équipe, elle ne ressent pas de traitement différencié au sein de l’entreprise.
Sensibilisation aux inégalités : Malgré un environnement généralement bienveillant, Camille fait toutefois face à quelques des préjugés de genre, comme des questions sur sa capacité à évoluer sur des chantiers. Elle souligne également un manque d’écoute des avis féminins dans les groupes de travail.
Engagement pour l’égalité des sexes : Camille est engagée dans des initiatives visant à lutter contre les violences sexuelles et sexistes au sein de son école. Elle constate que de telles questions sont prises au sérieux et qu’il existe un soutien pour les étudiantes.
Encouragement à la diversité : Camille ne regrette pas son choix d’études et encourage les jeunes femmes à s’engager dans des filières techniques. Elle note un changement de mentalité, où les établissements scolaires encouragent désormais davantage les filles à se lancer dans des domaines traditionnellement masculins.