Courant mai, des milliers de candidats admissibles aux concours post-bac des écoles de commerce ont passé les oraux. Nous avons assisté à ceux de Kedge pour les programmes EBP International (grade master) et International BBA (grade licence).
Ils s’appellent Pierre, Camille, Aurélien, Laura, Gabriel et Adam. Comme 124 de leurs camarades ce jour-là, ils passent leur oral de motivation pour intégrer Kedge Business School. Admissibles après les épreuves écrites du concours Sésame, ils ont 20 minutes pour convaincre le jury, composé d’un membre de l’école et d’une personne extérieure, avant d’enchainer sur un oral en anglais. « Nous souhaitons, avant tout, nous assurer qu’ils ont le bon profil et qu’ils sauront s’adapter à notre programme, très axé sur l’international » explique Cécile Jolly, directrice de la communication de Kedge. Elle auditionne cet après-midi, avec nous, six candidats. Ils sont évalués sur trois critères, chacun noté sur dix : leur motivation, leur engagement et leur adéquation aux valeurs de l’école.
Un questionnaire pré-rempli lors de la préparation de l’oral
Les séances débutent par la remise d’un questionnaire pré-rempli par les candidats :
- Quel événement vous a marqué cette année dans l’actualité ?
- Avez-vous effectué des séjours à l’étranger ?
- Qu’est-ce qui vous plait le plus dans le fait de travailler en équipe ?
- Quelle est votre plus belle réussite ?
- Quelles sont vos motivations à rejoindre Kedge ?…
Autant de questions qui permettent au jury de rebondir et d’orienter la discussion. Justement, après qu’elle se soit présentée rapidement, le jury demande à Camille ce qu’elle a retenu de son job d’étudiante sur les marchés. « Cela m’a obligé à sortir de ma zone de confort et à faire preuve d’adaptabilité, avec les clients mais aussi le patron. J’ai vu ce que c’était de se lever à 6h du matin le samedi matin et de passer la journée entière débout ». La jeune fille déroule son pitch, expliquant qu’elle fait aussi du baby-sitting et s’est engagée dans une association humanitaire cette année pour récolter des jouets.

Valoriser tous les types d’expériences
Malgré leurs 17 ou 18 ans, tous ont plein de choses à raconter : Aurélien, dans le cadre d’un SNU (Service National Universel), suit une préparation militaire marine pour « développer de nouvelles compétences comme la cohésion et le travail d’équipes » déclare-t-il. Il a aussi pratiqué 10 ans de tennis et monté un petit business de livraison de viennoiseries dans son village breton l’été dernier. « Au-delà de rendre service à mes voisins, cela m’a permis d’expérimenter la gestion de projet et de faire de la vente, avec un objectif de 30 % de marge ».
Laura, athlète, titrée aux 800 mètres et aux 5 kilomètres, explique que ses huit heures d’entrainement par semaine l’ont obligée à s’organiser. En parallèle, grâce à son Bafa, elle est aussi animatrice dans des centres de loisirs pour s’occuper d’enfants de maternelle. Pierre, lui, a été marqué par la mort du pape cette année, il ne manque pas de rappeler qu’au collège, pour un voyage scolaire, il est allé au Vatican. À leur échelle, tous mettent en avant leurs expériences face au jury, leurs voyages, leurs activités extra-scolaires ou leur engagement associatif. « Peu importe ce qu’ils ont fait, ce qui compte c’est ce qu’ils en ont retiré, ce qu’ils ont gagné en maturité ou en autonomie et la manière dont ils le valorisent » indique Cécile Jolly.
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La sincérité et l’honnêteté : la clé d’un entretien réussi
Les profils sont tous différents, ce qui fait la richesse des candidats, principalement franciliens aujourd’hui. Beaucoup sont scientifiques, ayant suivi les spécialités Maths et Physique, ce qui surprend. Laura reconnait qu’au départ, elle visait les formations d’ingénieurs mais que les journées portes ouvertes des écoles de commerce l’ont fait changer d’avis. « Finalement, c’est le rapport d’humain à humain qui me plaît, je suis sociable, j’aime négocier, d’où ce changement de cap ».
La sincérité et l’honnêteté sont la clé d’un entretien réussi, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer le projet professionnel. La plupart n’en a pas, ils ne s’en cachent pas devant le jury. « Je viens en école de commerce car je me sens attiré par le commerce international mais je n’ai pas de plan précis » avoue Adam, qui rêve de partir en échange au Japon. Si la mobilité internationale est la motivation majeure des candidats à rejoindre Kedge, Cécile Jolly tient à s’assurer qu’ils seront capables de vivre seuls à l’autre bout du monde. Elle les interroge systématiquement sur ce point : « Cela ne vous fait pas peur d’aller en Australie pendant un an ? Êtes-vous déjà partie seul(e) en voyages ? Si cela ne vous plaît pas, comment ferez-vous ? ».
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La capacité à travailler en groupe
Les travaux de groupe étant prioritaires dans ces établissements, les oraux sont aussi l’occasion de vérifier l’adaptabilité des candidats. À la question, « comment vous positionnez-vous dans un groupe », on devine déjà les leaders en herbe, les négociateurs et les empathiques. « Dans un groupe, il y a toujours des failles, il faut savoir faire des compromis » argumente Pierre qui prend l’exemple du foot pour poursuivre sa démonstration. « Chacun a des compétences dans une équipe, il suffit parfois d’un changement de postes d’un ou deux joueurs pour que la force du collectif revienne » répond le jeune garçon, enthousiaste. Il quitte la pièce, nettement plus détendu qu’à son arrivée. Son épreuve orale d’anglais l’attend dans cinq minutes.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les oraux des écoles de commerce comme si vous y étiez !
Déroulement et objectifs des oraux d’admission : Lors des concours d’écoles, les candidats admissibles passent un entretien de 20 minutes le jour J, axé sur leur motivation et leur adéquation aux valeurs de l’école. Ces oraux permettent aux jurys d’évaluer leur profil, leur potentiel d’intégration et leur capacité à s’adapter à un programme international.
Importance des expériences personnelles et de l’honnêteté : Les candidats valorisent toutes leurs expériences lors de leur épreuve orale, qu’il s’agisse d’engagement associatif, de pratique sportive ou de projets entrepreneuriaux. La sincérité et l’authenticité des étudiants lors de l’entretien sont essentielles pour convaincre le jury, surtout en évoquant leur projet professionnel ou leurs motivations.
Valorisation des compétences transversales et de la maturité : Les jurys s’intéressent à la capacité des candidats à tirer des leçons de leurs expériences, à faire preuve d’autonomie et à se valoriser. La diversité des expériences (voyages, engagements, gestion de projet) enrichit leur profil et montre leur maturité.
La capacité à travailler en groupe : Les épreuves orales ont pour but d’évaluer aussi l’aptitude des étudiants à s’intégrer dans des travaux de groupe, leur capacité à négocier, faire des compromis et reconnaître les forces dans une équipe. Ces compétences sont primordiales en école de commerce.
L’importance de la motivation pour la mobilité internationale : La majorité des candidats sont motivés par la perspective d’échanger à l’étranger. Les grandes écoles de commerce et le jury cherchent à s’assurer de leur capacité à vivre seuls, à relever le défi de l’expatriation, en questionnant leur expérience de voyages et leur autonomie future.