Alors que la plupart des entreprises demandent un retour massif de leurs salariés au bureau, d’autres n’entendent pas rétrocéder sur ce qu’elles considèrent désormais être un acquis. Pour ou contre le télétravail en 2025 ? Chaque camp défend ses arguments : flexibilité, productivité, lien social, qualité de vie… Les lignes bougent, mais le débat reste d’actualité !
Le télétravail est-il un droit ? Eh bien non. S’il s’est largement démocratisé et organisé via des accords collectifs ou des chartes spécifiques, il ne s’agit pas d’un droit systématique. Un employeur peut toujours refuser le télétravail à ses salariés, à condition de motiver son choix. Cette décision, Wilfried Granier l’a prise sans états d’âme : « Nous avons complètement arrêté le télétravail depuis mars 2024. Et je crois pouvoir parler à la place de toute mon équipe : nous sommes très contents de cette situation ! »
Superprof, le retour au bureau : les avantages face aux inconvénients
Fondateur de Superprof, une plateforme de cours particuliers au succès planétaire, l’entrepreneur explique son choix : « Nous sommes revenus à la situation d’avant le Covid-19, c’est-à-dire en abolissant le télétravail systématique mais en continuant d’offrir une certaine flexibilité à nos collaborateurs. Mon équipe est composée de 35 nationalités différentes : lorsqu’ils retournent dans leur pays d’origine pour les vacances, ils peuvent par exemple demander à rester une semaine de plus en télétravail. À condition que cela ne soit pas la norme ! »
Wilfried Granier souhaitait le retour des interactions sociales et d’un environnement de travail convivial, particulièrement important pour une équipe cosmopolite déracinée de chez elle. « Ce qui nous plaît, c’est de nous retrouver à la fin de la journée autour d’apéros et d’animations. Je suis un adepte des bureaux et je fais toujours en sorte que ce soient de vrais et beaux lieux de vie, où mes collaborateurs sont contents de venir. »
Ce choix ne s’appuie pas uniquement sur des arguments sociaux, mais aussi sur des impératifs de croissance. Avec 200 collaborateurs et une présence dans 54 pays, Superprof est en plein développement. Or, cette dynamique exige une communication fluide et réactive. « Quand on est tous au bureau, une question peut être réglée en cinq minutes. À distance, cela peut prendre des heures à cause des appels manqués ou des échanges décalés. »
De plus, certaines tâches collaboratives comme la stratégie produit ou le marketing nécessitent des échanges constants et informels, difficiles à reproduire en télétravail. « En pleine croissance, les projets évoluent rapidement. Être au bureau permet de garder le rythme et d’aligner tout le monde. »
Tactee, le modèle hybride comme compromis gagnant
Philippe Plana, dirigeant du groupe Tactee, est quant à lui un farouche partisan du télétravail. Son entreprise, spécialisée dans le référencement web, rassemble 30 salariés répartis entre différentes agences. Chez Tactee, les équipes travaillent en présentiel trois jours par semaine, avec deux jours de télétravail fixes, le lundi et le vendredi.
Cette organisation reflète un compromis réfléchi entre les exigences de collaboration et les aspirations à une plus grande autonomie. « Aujourd’hui, les salariés cherchent un équilibre vie professionnelle et personnelle. Refuser cette réalité, et donc le télétravail, c’est risquer de les perdre. »
Cependant, ce modèle soulève une question clé : le télétravail, aussi pratique soit-il, peut-il vraiment préserver la cohésion d’une équipe ? Le chef d’entreprise admet que le présentiel offre des avantages indéniables en termes d’interactions quotidiennes. « Bien sûr qu’il est plus simple de rassembler tout le monde au bureau : cela favorise les échanges spontanés et fluidifie les relations professionnelles. »
Et pourtant, selon lui, cette organisation traditionnelle ne correspond plus aux attentes des salariés en 2025. « Les équipes ne sont pas seulement une cohorte de professionnels : ce sont des individus avec des vies, des besoins spécifiques et parfois des responsabilités familiales. Le travail moderne doit tenir compte de cette réalité et s’y adapter. »
L’approche de Tactee s’appuie ainsi sur une gestion minutieuse : les jours de télétravail sont harmonisés pour permettre à tous les collaborateurs de se croiser les jours de présentiel. Ce cadre favorise une organisation claire et évite la dispersion des équipes. Philippe Plana note également la diversité des attentes de ses salariés : certains apprécient la structure et la stimulation qu’offre le présentiel, tandis que d’autres profitent grâce au télétravail d’une meilleure conciliation entre travail et sphère privée. Cette flexibilité, bien encadrée, permet à chacun de trouver son rythme tout en garantissant les moments clés de collaboration.
Cohésion versus flexibilité : quel équilibre trouver ?
Si Wilfried Granier et Philippe Plana adoptent des approches différentes, leurs positions soulignent un dilemme central : comment conjuguer les bénéfices de la cohésion immédiate du présentiel avec la flexibilité et l’autonomie offertes par le télétravail ?
Pour Wilfried Granier, le télétravail fragilise les échanges informels et ralentit la dynamique des projets. Le retour au bureau a permis de simplifier l’organisation et de renforcer le sentiment d’appartenance. À l’inverse, Philippe Plana considère le télétravail comme un levier pour fidéliser et motiver les collaborateurs, à condition qu’il soit bien encadré. « Le télétravail, c’est une question de confiance et d’organisation. Mais c’est aussi une opportunité de montrer que l’entreprise peut s’adapter aux modes de vie d’aujourd’hui. »
Malgré leurs divergences, les deux dirigeants s’accordent sur un point : le télétravail n’est ni une panacée ni une menace, mais un outil à adapter à chaque entreprise. Chez Superprof, des ajustements ponctuels restent possibles, notamment pour prolonger un séjour, gérer une contrainte familiale, attendre un plombier chez soi… Chez Tactee, les collaborateurs en full remote demeurent une exception, réservée à des profils de confiance déjà bien intégrés à l’entreprise. Hybride, total, à discrétion, à la carte : une chose est sûre, le télétravail est encore amené à évoluer dans les années à venir.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Pour ou contre ? Le télétravail divise les entreprises.
Télétravail : un non-droit officiel : Bien que cette solution soit largement adopté et organisé via des accords, il n’est pas un droit légal. Les entreprises peuvent refuser le télétravail, à condition d’expliquer leur décision, comme l’illustre Wilfried Granier de Superprof, qui a complètement supprimé le télétravail depuis mars 2024.
Préférence pour le présentiel : Superprof met l’accent sur l’importance des interactions sociales et d’un environnement de travail collaboratif pour favoriser la croissance et la rapidité de communication. Dans un contexte de développement rapide, la présence au bureau est favorisée pour des échanges pratiques et fluides, avec une dynamique de groupe efficace.
Modèle hybride comme compromis : Tactee adopte un modèle hybride, avec trois jours de présentiel et deux jours de télétravail par semaine. Philippe Plana, le dirigeant, souligne que cette solution permet de concilier flexibilité et collaboration, tout en tenant compte des besoins individuels des employés pour équilibrer vie professionnelle et personnelle.
Dilemme entre cohésion et flexibilité : Le débat sur le télétravail met en lumière un dilemme entre maintenir la cohésion d’équipe et offrir la flexibilité. Tandis que Superprof défend les avantages du travail en présentiel pour des échanges rapides et le contact humain, Tactee rappelle que cette solution, si elle est bien structurée, peut renforcer la fidélisation des employés d’une entreprise.
Adaptation future du télétravail : En conclusion, les deux dirigeants d’entreprise conviennent que le télétravail est un outil à personnaliser selon les besoins et possibilités de chaque entreprise. Des ajustements restent possibles pour répondre à des situations particulières des télétravailleurs, indiquant que le télétravail continuera à évoluer pour s’adapter aux modes de vie contemporains.