La formation au diplôme d’État d’infirmier, qui permet d’obtenir le grade de licence, attire de nombreux candidats aux profils variés. Elle se déroule en trois ans, mixant théorie et pratique.
Grâce à plusieurs stages, les étudiants expérimentent tous les secteurs d’activité pour se faire une idée précise du métier.
« J’avais envie de pratiquer davantage, d’avoir plus de responsabilités ». Aide-soignante à Toulouse depuis six ans, Lauren a repris le chemin de l’école pour devenir infirmière. En septembre 2024, elle a intégré le Pôle Régional d’Enseignement et de Formation aux Métiers de la Santé (PREFMS) du CHU.
« J’ai passé un concours en interne. Je travaillais déjà à l’hôpital, qui me finance mes études. Je garde mes cinq semaines de vacances et mon salaire (sans les primes, ndlr), mais je dois quand même revenir travailler dans mon service pendant les vacances scolaires en tant qu’aide-soignante », explique la jeune femme de 26 ans. Plusieurs métiers de l’hôpital peuvent ainsi évoluer vers celui d’infirmier. Le concours se compose de deux épreuves écrites, puis d’un oral de motivation.
Le diplôme d’État d’infirmier (DEI) s’obtient quant à lui en trois ans. Mais Lauren devra rester deux années supplémentaires à l’hôpital, « en contrepartie du financement », en tant qu’infirmière cette fois. À Toulouse, la situation est particulière, soulève l’étudiante. « Nous sommes en période de test, afin d’obtenir, à l’issue des trois ans études, une licence Sciences de la santé, en plus du diplôme d’État. Nos cours sont divisés entre la fac et l’école. À la fac, nous sommes mélangés avec plusieurs spécialités de la santé, nous avons des UE communes », détaille Lauren. But de la manœuvre notamment : « rentrer plus facilement et rapidement en master », pour ceux qui le souhaitent.
Les lycéens et étudiants en réorientation peuvent quant à eux accéder aux formations en soins infirmiers après le baccalauréat sans concours, par une procédure d’examen de dossier sur la plateforme Parcoursup.
Reconversion professionnelle : « Je n’étais plus en connexion avec mon ancien travail »
Frédéric, 44 ans, a lui aussi décidé de se lancer. Il a sauté le pas en 2022, après avoir travaillé 20 ans dans les travaux publics. « Je n’étais plus en connexion avec mon ancienne profession, raconte-t-il. Au départ, je voulais être médecin, mais je n’ai pas pu faire les études. Alors je me suis orienté vers une autre branche, dans laquelle je me suis épanoui ».
Jusqu’à l’arrivée de la pandémie de Covid-19, période durant laquelle de nombreux travailleurs français se sont remis en question. « Ça résonnait un peu plus en moi. Je voulais être du côté des soignants », ajoute le quadragénaire, qui a déjà été confronté à des situations d’urgence médicale sur des chantiers. « J’ai été secouriste du travail. Lors d’un accident, j’ai dû pratiquer les gestes de premier secours. Je me suis rendu compte que j’en étais capable. Une autre fois, un usager a fait un arrêt cardiaque, il a fallu faire un massage cardiaque ». La victime n’avait malheureusement pas survécu. Frédéric, lui, avait alors été marqué par le manque d’empathie de la part de son entreprise. Une autre raison qui l’a poussé à exercer le métier d’infirmier. Il a donc intégré l’Institut Méditerranéen de Formation aux Métiers de la Santé (IMFMS) de Perpignan, sur concours. Là encore, deux épreuves écrites, suivies d’un oral.
Des stages « dans tous les secteurs d’activité »
La formation, divisée en six semestres sur trois ans, alterne entre théorie et pratique. Frédéric a entamé sa dernière année en 2024. « Les stages commencent dès la première année. Les premiers sont basés sur les soins de confort auprès du patient, dans un Ehpad par exemple : l’aide à la toilette et pour manger, pour se positionner dans le lit, s’habiller… Quant aux cours, on commence avec la biologie fondamentale, le fonctionnement du corps humain, mais aussi l’hygiène ou encore la pharmacologie ».
Sans oublier « le côté relationnel ». « On nous apprend à communiquer avec les patients », souligne Frédéric, évoquant trois compétences : « le savoir, le savoir-faire, et le savoir-être ». « En deuxième année, il y a tout ce qui est processus obstructif, infectieux… Une fois que l’on vous a appris comment tout fonctionne, on vous apprend quand ça dysfonctionne », résume le Perpignanais. « La troisième année est axée sur la professionnalisation, avec plus de stages. Côté apprentissage, il y a notamment les processus tumoraux, les cancers et les traitements adaptés ».
Pendant leurs trois années d’études, les étudiants en soins infirmiers doivent effectuer des stages « dans tous les secteurs d’activité » indique Lauren. « Il y a les lieux de vie, comme les Ehpad, mais aussi la psychiatrie, la gériatrie, des services d’urgence, des services qui touchent les enfants, comme en crèche ou maternité… ». « Nous avons des compétences à valider. Il faut que l’étudiant infirmier puisse voir un peu de tout, pour savoir vers où aller », confirme Frédéric. Lui espère travailler quelques années en médecine générale dans un hôpital, « ou en maladies chroniques ». Puis, « d’ici cinq ans, se « diriger vers la formation d’infirmier en pratique avancée (IPA) en maladies chroniques », avant de terminer sa carrière « dans un centre de soins et d’avoir des patients en libéral, ce qui est possible uniquement après plusieurs années d’expérience ». « J’ai 44 ans, je sais que travailler en hospitalier, ça va durer seulement un temps. Parce que c’est intense, ça demande énormément d’énergie », confie-t-il. Quant à Lauren, elle se laisse « ces trois ans et les stages » avant de faire un choix.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici en cinq points clés de l’article sur le sujet : Voies d’accès, formation, débouchés… Tout savoir sur la formation d’infirmier.
Accès diversifié à la formation : Les études pour le diplôme d’État d’infirmier sont accessibles aux titulaires du baccalauréat via Parcoursup ou par concours pour les professionnels en reconversion, tels que Lauren, une aide-soignante, et Frédéric, un ancien travailleur des travaux publics.
Organisation de la formation : Répartie sur trois ans avec six semestres, la formation prévoit une alternance entre théorie et pratique, avec des cours en biologie, pharmacologie, et communication, et une progression des stages allant des soins de confort en maison de retraite à la professionnalisation.
Intégration académique et professionnelle : À Toulouse, les étudiants reçoivent une licence en Sciences de la santé et le diplôme d’État, facilitant l’accès aux Masters pour ceux qui souhaitent avancer académiquement après leurs études pour exercer le métier d’infirmier.
Expérience pratique diversifiée : Les étudiants effectuent des stages dans divers secteurs de santé, comme la gériatrie, psychiatrie, et soins d’urgence, pour acquérir une vision globale des domaines dans lesquels ils pourraient se spécialiser.
Options de carrière et spécialisation : Après quelques années d’expérience, ces professionnels de santé peuvent se spécialiser, en maladies chroniques par exemple, avec des options pour travailler en libéral ou dans un centre de soins après une formation supplémentaire.