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Les diplômés de master universitaire ont-ils tous les mêmes débuts de vie active ?

Les diplômés de master universitaire ont-ils tous les mêmes débuts de vie active ?

Les études supérieures se rallongent et le niveau de diplôme augmente en France. Pour autant, toutes les formations en master donnent-elles accès à un même niveau de premier emploi ? Pas si sûr.


C’est le constat que dresse une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) publiée en septembre 2024 et s’appuyant sur les résultats de l’enquête Génération 2017. Celle-ci construit une typologie des trois premières années de vie active. Elle dévoile ainsi sept parcours-types d’insertion professionnelle pour les diplômés de master universitaire. Ces trajectoires vont des plus favorables, caractérisées par des emplois stables de cadres bien rémunérés, aux plus difficiles, marquées par le chômage et la précarité. Explications.

En dix ans, le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail avec un diplôme de master a plus que doublé, et ce bac+5 semble payant. En effet, selon l’enquête Génération conduite par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) sur les trois premières années de vie active des sortants diplômés de master en 2017, l’insertion professionnelle des « masterisés » est plus favorable que celle des jeunes entrant sur le marché du travail cette année-là avec un niveau de diplôme inférieur. « Ils décrochent leur premier emploi en trois mois en moyenne. Trois ans après l’obtention de leur master, 85 % sont en emploi contre 71 % de l’ensemble de la cohorte, 9 % en recherche d’emploi, 2 % en reprise d’études et les 4 % restants dans une autre situation comme des démarches de création d’entreprise, d’inactivité pour raisons de parentalité, etc », soulignent Maryam Akkouh et Alexie Robert, les auteures de l’enquête du Céreq.

Parmi les jeunes en emploi en octobre 2020, 81 % occupaient un emploi à durée indéterminée et, gagnaient en moyenne 2 170 euros nets mensuels. Mais contrairement à ce qu’ils seraient en droit d’attendre au vu de leur niveau de formation, seule la moitié débutent avec le statut cadre. « Cette tendance se poursuit après trois ans de vie active. En octobre 2020, seuls 63 % des jeunes en emploi occupaient un poste de cadre », précisent les auteures. Un gap par rapport aux autres diplômés de niveau bac+5 hors master universitaire (école de commerce ou d’ingénieurs par exemple) qui sont 91 % à signer un contrat à durée indéterminé, 75 % à cocher la case « cadre » et à gagner en moyenne 2 570 euros nets mensuels.

Pour faire simple, sachez que plus vous opterez pour une spécialité répondant à une pénurie de talents sur le marché de l’emploi, plus votre début de carrière et la suite de votre trajectoire professionnelle sera favorable. « À profil égal par ailleurs, les jeunes détenteurs d’un master spécialisé dans l’informatique et les réseaux, secteur en plein essor, ont ainsi les chances les plus élevées d’emprunter la meilleure trajectoire d’insertion professionnelle. Ils sont suivis de très près par les titulaires d’un master spécialisé en banque et finance », souligne l’enquête du Céreq.

À l’inverse, les diplômés en arts et lettres, spécialités débouchant principalement sur des secteurs où les postes sont rares et plus précaires, ont les chances les plus faibles de suivre ce type de parcours. Idem pour les diplômés des spécialités “éducation et formation”, puis “sciences naturelles et de la vie” et “sciences humaines et sociales”. Concrètement, si on compare les premiers jobs des diplômés en “informatique et réseaux” avec celle des diplômés en “arts et lettres”, on constate que près de 59 % des premiers empruntent la meilleure trajectoire, contre seulement 7 % pour les seconds. De plus, ces derniers gagnent en moyenne environ 500 € de moins que les diplômés en “informatique et réseaux”.

L’alternance en dernière année, qui concerne 22 % des diplômés de master, augmente de 40 % les chances de suivre la meilleure trajectoire professionnelle possible. En fait, c’est assez simple à comprendre : 33 % des alternants en master ont déjà travaillé précédemment (plusieurs fois pour 15 % d’entre eux) dans l’entreprise qui les embauche après l’obtention de leur master, contre 29 % des non-alternants (plusieurs fois pour 8 %). De plus, l’alternance semble « protèger » du chômage. « Les alternants ont 1,6 fois moins de risques que les non-alternants d’emprunter la trajectoire la plus défavorable », relèvent Maryam Akkouh et Alexie Robert. 

Alors qu’ils ne représentent que 40 % des diplômés de master, 57 % des jeunes empruntant la meilleure trajectoire professionnelle sont des hommes. « En effet, à profil égal par ailleurs, ils ont 1,4 fois plus de chances d’emprunter cette trajectoire que les femmes. À l’inverse, les femmes, en particulier celles qui ont des enfants, ont plus de chances de suivre la trajectoire la plus défavorable », note l’enquête. Quand le plafond de verre débute dès l’obtention de son diplôme.

Reproduction sociale quand tu nous tiens ! Les diplômés dont les deux parents étaient cadres à la fin des études ont 33 % de chances supplémentaires de débuter leur vie active avec des emplois de cadre bien rémunérés que ceux issus de ménages intermédiaires, à savoir sans parent cadre avec au moins un parent actif.


(vérifié par notre rédaction)

Voici résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les diplômés de master universitaire ont-ils tous les mêmes débuts de vie active ?

Inquiétudes concernant les compétences en insertion professionnelle : Une enquête du Céreq révèle que, bien que les diplômés de master trouvent plus facilement un emploi, tous ne commencent pas leur carrière dans des conditions équivalentes. Un étudiant sur quatre doit se réorienter ou abandonner ses études, signalant un besoin urgent d’accompagnement.

Différences de statut entre les diplômes universitaires : Les titulaires d’un master gagnent en moyenne 2 170 euros nets par mois, mais seulement 50 % commencent en tant que cadres, contre 91 % des diplômés d’écoles de commerce ou d’ingénieurs, ce qui montre un décalage entre les attentes et la réalité du marché.

Influence de la spécialité : Les spécialités jouant un rôle crucial dans les débuts de carrière, les diplômés en informatique et réseaux, secteurs en forte demande, bénéficient souvent des meilleures conditions de travail, tandis que les diplômés en arts et lettres font face à plus de précarité et de difficultés à trouver un emploi le cas échéant.

Avantages de l’alternance : Les étudiants qui optent pour l’alternance ont des chances d’accéder à de meilleures carrières. En effet, 22 % des diplômés de master ont suivi un parcours d’alternance, ce qui augmente de 40 % les chances d’obtenir un emploi stable et réduit le risque de chômage.

Impact de l’origine sociale et du genre : L’origine sociale influence significativement les débuts professionnels des diplômés de master ou de doctorat. Les enfants de cadres ont de meilleures chances d’accéder à des emplois bien rémunérés, et un décalage de genre persiste, avec 57 % des meilleurs parcours professionnels étant occupés par des hommes, soulignant des inégalités persistantes malgré les formations universitaires.