BTS ? Licence ? Master ? Ce débat peut devenir un véritable casse-tête pour des lycéens en manque de repères et des parents soucieux d’orienter correctement leur enfant. L’Express Education fait le point avec Alexis Lejolivet, directeur du développement de l’ESDES Business School et spécialiste des filières gestion et commerce.
Dès l’obtention du bac, chaque élève fait face au dilemme de l’orientation car « beaucoup ne sont pas prêts et ne savent pas qui ils sont ni ce qu’ils veulent » constate-t-il. Une situation qui peut avoir des conséquences lourdes pour l’avenir professionnel car « si la durée des études ne doit pas être l’unique grille de lecture, le niveau de diplôme détermine le type de fonctions auquel un étudiant peut prétendre » explique Alexis Lejolivet.
Fonctions opérationnelles, tactiques ou stratégiques : à chacun son niveau de diplôme
Un bac + 2 permet d’accéder à des fonctions opérationnelles, « là où les tâches sont très concrètes et directement liées aux besoins de l’entreprise » explique-t-il. « Pour travailler dans le marketing digital chez Google par exemple, le jeune qui sort d’un bac + 2, va être celui qui va mettre en ligne des visuels, publier les campagnes, c’est lui qui va faire les choses ». Ce type de fonction est accessible pour des diplômés de BTS, formés à des métiers techniques et opérationnels, permettant une entrée rapide dans le monde du travail.
Les diplômés de bac + 3 s’occuperont plutôt de missions dites tactiques, visant à « coordonner des personnes qui vont accomplir les tâches ». Ce niveau de compétences correspond souvent à des fonctions de gestion de projet. Si l’on reprend l’exemple d’une campagne digitale, le salarié « aura la charge de faire en sorte que cette campagne se lance, en coordonnant les équipes opérationnelles, et le tout sans lien hiérarchique », poursuit-il.
« Dans le cas d’un bac + 5, le diplômé peut viser des fonctions stratégiques. Il pourra donc définir les choix stratégiques de son périmètre (entreprise, service, Business Unit) et diriger en assumant une responsabilité hiérarchique et managériale ». Ce niveau (cadre) est visé par les écoles de commerce de renom où les étudiants sont formés pour des postes à haute responsabilité, en France comme à l’international.
Commerce et gestion : des formations post bac flexibles révélatrices de talents
Face aux doutes qui peuvent traverser certains étudiants à l’aube de leur parcours post-bac, les secteurs de la gestion et du commerce offrent des possibilités pour tous les profils.
« Aux étudiants qui estiment ne pas être faits pour faire cinq années d’études, nous disons deux choses » poursuit Alexis Lejolivet. « Cherchez d’abord la modalité pédagogique qui vous convient, puis lancez-vous dans un parcours à étapes. Il existe tout un panel de formations avec des durées très diversifiées, et beaucoup de passerelles dans ce secteur, allant du BTS au Master » énumère-t-il.
« Certains jeunes démarrent leurs études avec un BTS pour faire plaisir à leurs parents, mais en ayant l’envie de travailler rapidement. Puis, beaucoup d’entre eux comprennent que l’enseignement supérieur leur plaît et embrayent sur un Bachelor, voire un Master, leur permettant de prétendre à des postes à responsabilité, qu’ils n’auraient jamais envisagé au début de leur cursus ».
La première question à se poser n’est donc pas « de savoir quel diplôme l’étudiant veut valider, mais plutôt de quelle manière il souhaite apprendre. Entre un BTS qui est d’un côté du spectre et une classe préparatoire de l’autre, il y a une approche pédagogique qui est radicalement différente », explique-t-il.
« Le BTS va être très proche du monde professionnel, très axé sur l’exemple. À son opposé, la classe préparatoire va être très académique, plus abstraite, très axée sur l’excellence » explique Alexis Lejolivet. « En prépa, on va beaucoup moins aborder le monde de l’entreprise. On va faire des mathématiques appliquées, de la philosophie, de l’économie, de la sociologie, du droit. Donc, l’enjeu n’est pas de se dire quelle est la meilleure chance pour moi pour entrer en école de commerce, puisqu’après un BTS ou après une classe préparatoire, de toute façon, je ne peux pas viser les mêmes écoles ».
Les écoles de commerce et gestion : choisir le public ou le privé ?
Les études supérieures de commerce et de gestion peuvent s’envisager dans le public et les écoles privées, chaque catégorie présentant ses avantages. Dans le secteur public, les BTS (bac + 2) sont, pour la plupart, préparés dans les lycées et permettent un cursus professionnalisant axé sur le domaine de l’entreprise, parfois avec de l’alternance.
Les Instituts universitaires technologiques (IUT) offrent aussi des formations très pratiques et orientées vers le monde professionnel, permettant l’obtention d’un Bachelor universitaire technologique (BUT) de niveau bac + 3.
Les IAE (Instituts d’administration des entreprises) qui sont des branches d’universités, offrent des formations plus académiques avec des filières en gestion ou en administration des entreprises. Les IAE ont la réputation d’être de bonnes formations mais qui sont sélectives par manque de place. Elles sont très plébiscitées par les étudiants parce qu’elles ont un coût d’entrée qui sont ceux de l’université, donc très modique, et avec une qualité académique qui est réelle permettant d’obtenir des licences classiques (bac + 3), et des masters (bac+5).
Les écoles privées, quant à elles, permettent l’obtention de diplômes dont le niveau de reconnaissance varie d’un établissement à l’autre. Le Ministère de l’enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, dispose de deux échelons de reconnaissance, le plus haut étant le Grade, qui ne concerne que 39 établissements de management sur le territoire français dits « Grandes écoles » de commerce. Le Grade est une reconnaissance qui permet de conférer une équivalence de grade universitaire (licence ou master), particulièrement valorisé par les entreprises et utile en cas de changement de parcours. Les grandes écoles de commerce sont accessibles directement après le Bac ou après une classe préparatoire (entrée en troisième année dans ce cas). Ces écoles permettent aux étudiants en prépa d’accéder à leurs formations en troisième année.
Le Ministère de l’enseignement supérieur délivre également un second niveau de reconnaissance, dit visa, moins exigeant pour les écoles qui souhaitent l’obtenir. Le Visa peut être un visa Bac + 3 ou un visa Bac + 5, sans pouvoir obtenir le grade de licence ou master. Une soixantaine d’écoles sont concernées en France. Les écoles privées pratiquent des frais d’inscription relativement élevés et permettent aux étudiants de profiter d’un réseau étendu d’entreprises pour une insertion professionnelle rapide dès la fin d’études. D’autres établissements privés délivrent un titre reconnu au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), reconnu spécifiquement par le ministère du travail.
La difficile orientation des lycéens, ou comment perdre du temps dans son parcours post bac
« Il est très difficile de dire à un lycéen s’il est fait pour se diriger vers telle ou telle filière, en se basant simplement sur son bulletin de note. Pour éviter cela, nous proposons des parcours en entonnoir où le choix d’orientation se finalise sur les premières années post-bac » précise Alexis Lejolivet. Les filières commerce et gestion permettent ainsi d’éviter de conduire des jeunes à une mauvaise orientation, et de passer à côté d’une carrière professionnelle ambitieuse.
« Je ne suis personne pour dire ce qu’il doit faire. Lui, il n’en sait rien car il est très jeune, il est encore en construction et les parents ont un avis ultra-subjectif sur leur enfant » dit-il.
À l’heure où les parcours évoluent et se diversifient, la durée des études ne devrait pas être le critère principal dans le choix du cursus selon Alexis Lejolivet. Choisir son parcours doit être réfléchi et se baser sur les méthodes pédagogiques adaptées à chaque élève et aux objectifs professionnels pouvant être atteints.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Études longues ou courtes ? Les éléments pour choisir son cursus.
Dilemme d’orientation : Dès l’obtention du bac, de nombreux étudiants se retrouvent perdus face au choix de leur orientation. Celui-ci est crucial car il impacte le type de fonctions accessibles sur le marché du travail selon le niveau de diplôme.
Niveaux de diplôme et fonctions associées : Un bac +2 ouvre la voie à des fonctions opérationnelles, tandis qu’un bac +3 permet de gérer des missions tactiques. Les diplômés de bac +5 ciblent des postes stratégiques avec une responsabilité managériale plus élevée.
Flexibilité des cursus : Les filières de gestion et commerce sont très flexibles, offrant des passerelles entre les différents diplômes. Les étudiants peuvent commencer par un BTS et poursuivre vers un Bachelor ou un Master, permettant ainsi d’explorer leur intérêt pour l’enseignement supérieur.
Choix entre public et privé : Les écoles de commerce et de gestion se divisent entre établissements publics et écoles privées. Les premiers sont souvent moins chers et plus orientés vers le monde professionnel, tandis que les secondes offrent un réseau d’entreprises et des diplômes plus variés en termes de reconnaissance.
Importance des méthodes pédagogiques : Le choix du parcours doit se baser sur la modalité pédagogique adaptée à chaque étudiant. Opter pour une formation qui correspond à son style d’apprentissage est crucial pour garantir un parcours réussi et éviter les erreurs d’orientation.