Référencer son école

Comment embellir la musique ? Témoignage d’un ingénieur du son

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Comment embellir la musique ? Témoignage d'un ingénieur du son

Artiste-interprète depuis son plus jeune âge, Ahmed s’est très vite intéressé au métier d’ingé son. Aujourd’hui, il enregistre les morceaux d’une pléiade d’artistes musicaux. Pour l’Express Éducation, il revient sur son parcours et partage son quotidien professionnel passionnant.


Ahmed, nom de scène EL’NOUR, 30 ans, a créé son propre studio : Garden Studio, dont l’écho résonne dans tout Nanterre. La plupart du temps, il collabore avec des artistes urbains, comme le rappeur Luidji, dont il est l’ingénieur son depuis plusieurs années maintenant. 

Le métier d’ingénieur du son, comme son nom l’indique, désigne la personne chargée de s’assurer de la qualité sonore d’une œuvre. Mais comme le rappelle Ahmed, « ingé son, c’est plusieurs métiers ». Que ce soit dans le cinéma, sur des concerts ou pour un spectacle, les ingénieurs du son ne se ressemblent pas. À chacun sa spécialité

Tandis que certains préfèrent le live, les concerts ou la prise de son sur les tournages, d’autres, comme El’NOUR, enregistrent en studio. « Je vis studio, je mange studio, je dors studio », plaisante-t-il.

Le studio d’EL’NOUR – Garden Studio

La plupart de son temps est consacré à l’enregistrement des artistes qui pénètrent dans son laboratoire musical. Mais Ahmed aime sortir de sa zone de confort et prendre part à des projets divers. « Je fais aussi du  sound design pour des clips, j’ai enregistré des livres audio et même un théâtre audio avec l’association Les Plastiqueuses », confie-t-il.

Mais les compétences techniques ne font pas tout, « être ingénieur du son, ce n’est pas seulement appliquer une recette qui marche, il faut personnaliser sa démarche et respecter la vision de l’artiste », explique Ahmed. L’enregistrement n’est pas sa seule mission, quand il est au studio, surtout avec un artiste amateur, EL’NOUR, conseille et accompagne.

Selon lui, « un bon ingé son doit mettre l’interprète en confiance. L’aspect humain, c’est primordial. Quand un artiste arrive en studio, c’est un exutoire, c’est sa bulle pour créer, il ne faut jamais l’oublier ». 

L’horloge indique midi, c’est à cette heure-ci que les sessions d’enregistrement commencent. Deux artistes font leur entrée dans le Garden Studio. D’un côté, le rappeur, venu interpréter son texte, de l’autre, Ahmed, dont la mission est de rendre le titre le plus agréable à écouter.

Une fois, l’enregistrement fait, l’ingé son s’occupe de la mise à plat. Il commence par ajouter des effets et habiller la voix. L’étape d’après, c’est le pré-mix. « On professionnalise le son pour que tous les effets sonores soient parfaits ». Vient ensuite le mix, « on peaufine le son, on le lisse une dernière fois », conclut-il. Un travail de longue haleine donc.

EL’NOUR a un catalogue de “clients” très variés, des artistes en herbe aux étoiles de la musique. Chaque projet sur lequel il collabore est unique en son genre. 

Ahmed se souvient d’un voyage marquant, sans doute sa plus belle expérience en tant qu’ingénieur du son. « On a passé un mois et demi à Rio pour enregistrer le dernier album de Luidji. Musicalement, on était baignés de belles choses. Il y a de la musique partout au Brésil, dans la rue, dans les restaurants. C’était une expérience incroyable, j’étais totalement déconnecté de la réalité », partage-t-il.

À 30 ans, Ahmed a un parcours loin d’être linéaire. « J’écris depuis mes 13 ans. Petit, je me suis mis à côtoyer des amis plus âgés qui passaient leur temps dans les studios », témoigne-t-il. De fil en aiguille, il s’intéresse de près au travail d’ingénieur du son. « Ça me fascinait que la musique puisse être autant transformée et embellie », poursuit-t-il.

Le studio d’EL’NOUR – Garden Studio

Au départ, Ahmed se forme en autodidacte sur des logiciels comme Garage Band ou encore Logic Pro. Ses études à l’ESRA, école de cinéma et de son, n’ont fait que développer ses compétences, lui qui avait déjà un pied dans le son bien avant d’entrer dans l’enseignement supérieur. « Pendant mon stage de troisième et de seconde, j’étais dans un studio, je faisais des sessions avec des artistes qui ne savaient absolument pas que j’étais un stagiaire d’à peine 16 ans. J’ai vite appris les rouages du métier », raconte-t-il. 

Ahmed conseille aux jeunes qui voudraient se lancer, de « se jeter les deux pieds joints dans le son. C’est en s’investissant à fond qu’un ingénieur son fait ses armes », opine-t-il. 

D’après son expérience, « il faut aussi garder son intégrité personnelle et artistique. Il faut préserver sa propre couleur et ne pas dénaturaliser son travail pour un artiste ou pour un projet quelconque ».

Malgré l’importance des ingénieurs du son dans l’univers de la musique et de l’audiovisuel, la profession reste encore très peu considérée.  Comme l’évoque Ahmed, « c’est un métier de l’ombre qui mériterait plus de reconnaissance ». 

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Les professionnels ne se cantonnent pas qu’à une seule tâche, le métier se diversifie chaque jour un peu plus. « J’aide à l’écriture, je donne des conseils et j’échange avec les artistes lors de l’enregistrement. De plus en plus d’ingénieurs font de la réalisation musicale. Dans 99 % des cas, ils ne sont pas payés pour cela », déplore Ahmed.

Rarement sous le feu des projecteurs, les ingénieurs du son pourraient même se voir menacer par l’intelligence artificielle . « L’IA fait peur. On se demande si dans 10 ans on aura encore besoin de nous. Après, beaucoup d’artistes ne pourront jamais se passer d’un ingénieur du son, pour le côté humain, relationnel et pour les bons conseils qu’il prodigue », nuance Ahmed.


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : “Comment embellir la musique ? Témoignage d’un ingénieur du son” :

L’ingénieur du son, un métier polyvalent et créatif : Ahmed, alias EL’NOUR, exerce un métier qui va bien au-delà de l’enregistrement audio. Il intervient aussi dans le sound design, la prise de son en studio, le mixage, et conseille les artistes, mettant en valeur la dimension artistique et technique du métier.

La personnalisation et l’écoute de l’artiste : Un bon ingénieur doit respecter la vision de l’artiste, personnaliser ses méthodes et instaurer une relation de confiance pour que la création musicale soit authentique et captivante. L’aspect humain est aussi crucial que la compétence technique.

Un processus de production long et minutieux : L’enregistrement, le pré-mix, la mise en effets, et le mix final sont des étapes essentielles pour embellir la musique. Chaque projet étant unique, l’ingénieur adapte ses techniques pour faire ressortir le meilleur de chaque œuvre.

Un parcours atypique et autodidacte : Ahmed a commencé très jeune, en autodidacte, puis s’est formé à l’ESRA. Son expérience montre que la passion, l’investissement personnel et la persévérance sont des clés pour réussir dans ce métier encore peu reconnu.

Une profession encore en retrait, mais essentielle : Trop peu valorisée, la profession d’ingénieur du son se diversifie désormais avec la réalisation et le conseil. Malgré la menace de l’intelligence artificielle, le rôle humain et relationnel reste irremplaçable pour embellir la musique.

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