Dans les films, les séries, les romans, le banquier est rarement le héros. On l’imagine rigide, froid, focalisé sur les chiffres et les marges, insensible aux difficultés de ses clients. Dans le langage courant, l’expression « mon con de banquier » résume à elle seule l’antipathie diffuse qui entoure la profession. Et pourtant, dans la vraie vie, la banque de proximité n’a rien à voir avec les salles de marché.
« On est à mille lieues des hautes sphères de la finance », insiste Rudy Halimi, conseiller bancaire à la BNP Paribas de Chalon-sur-Saône.
À 30 ans, Rudy est ce qu’il appelle lui-même un « bébé banquier ». Mais son parcours raconte déjà beaucoup : un bac ES, une licence de droit, un passage dans la police après avoir passé le concours de gardien de la paix, six années dans l’industrie, puis une reconversion via l’École Supérieure de la Banque (Esbanque), d’où il sort major de promo. « C’est pendant un bilan de compétences que j’ai découvert ce métier. J’y ai vu un vrai potentiel humain. Et je ne me suis pas trompé. »
Conseiller de proximité, au cœur de la vraie vie
Le cœur de son métier ? L’accompagnement. « On suit les gens dans toutes les étapes importantes : naissance, achat immobilier, séparation, décès… Pour bien faire notre travail, il faut connaître les situations dans leur réalité, même intime. » La banque n’est pas un service public, mais elle rend des services essentiels. « Honnêtement, je ne vois pas d’autre commerce où l’on peut suspendre un crédit plusieurs mois en cas de coup dur. Mais pour ça, encore faut-il que le client ose venir nous en parler. »
Refuser un prêt, restreindre un découvert, supprimer un chéquier ou bloquer une carte bleue : des décisions impopulaires, mais parfois salutaires. « On me disait que gérer les débiteurs, ce n’était pas le plus agréable… Eh bien moi, j’aime ça. C’est l’occasion de faire de l’éducation financière, de poser un cadre. » Car tous les clients n’ont pas eu, dit-il, « la chance d’avoir appris à gérer un budget. »
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Commissions d’intervention et autres griefs courants
« Il vaut mieux une vérité qui fâche qu’un mensonge qui caresse », résume Rudy. Une devise qu’il applique même quand il faut annoncer des restrictions, expliquer les règles ou refuser une demande. « Ce n’est jamais pour punir, mais pour éviter que la situation empire. Quand on agit avec pédagogie, certains clients vous remercient plus tard. »
Parmi les griefs les plus récurrents adressés aux banques : les fameuses « commissions d’intervention ». Rudy ne les élude pas. « Je comprends que les clients trouvent ça injuste. Mais ce n’est pas une source de profit. C’est une tarification négative. Quand on vous prélève une commission, c’est parce qu’on a avancé un paiement que vous ne pouviez pas couvrir. Ce n’est pas fait pour vous pénaliser, mais pour vous éviter des complications plus graves. » Là encore, tout repose sur la manière d’accompagner.
En réalité, Rudy fait partie des rares personnes qui connaissent toute la situation d’un ménage. Parfois plus que leur propre famille. « On est tenus au secret bancaire comme un médecin au secret médical », rappelle-t-il. « Mais cette proximité crée une forme de responsabilité morale. »
Il raconte le message d’un client, très pieux, qui l’a remercié par un psaume biblique pour son écoute et sa réactivité. « Je ne crois pas qu’on envoie souvent des psaumes à son banquier. »
Un métier de contact, pas de calcul
Contrairement à une idée reçue, il n’est pas nécessaire d’aimer les chiffres pour devenir banquier. « J’ai eu des notes moyennes en maths toute ma vie. Ce qu’il faut, c’est de l’écoute, de la rigueur, et surtout de la réactivité. Aujourd’hui, si vous mettez trois jours à rappeler un client, vous risquez de le perdre. »
La banque recrute d’ailleurs des profils variés, pas forcément issus du secteur. « J’ai des collègues qui viennent de la grande distribution. Ce qui compte, c’est la capacité à apprendre. » Lui-même continue de se former, via des modules internes, et s’intéresse déjà à la partie patrimoniale et professionnelle, en prévision d’une future spécialisation.
On vous guide dans vos choix de carrière en vous présentant plusieurs métiers dans ce domaine.
La banque, une autre école de la vie
Avec la digitalisation, le métier évolue. Les agences ferment, les outils s’automatisent. Mais Rudy n’est pas inquiet : « Les besoins humains ne vont pas disparaître. Les clients continueront d’avoir besoin de conseils, surtout pour des décisions complexes. » Il anticipe une montée en compétence des conseillers, avec des profils plus experts, mais toujours ancrés dans le quotidien.
« Si un jeune me dit qu’il veut devenir conseiller bancaire, je lui dis : fonce. Comme on dit que le McDo est l’école de la vie, la banque aussi l’est. Avec de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires et une vraie richesse humaine. »
Redonner ses lettres de noblesse au métier, c’est peut-être commencer par ça : rappeler qu’un banquier, c’est avant tout quelqu’un qui peut vous aider au quotidien. Même quand les chiffres sont dans le rouge.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : le métier de conseiller bancaire, un rôle humain derrière les chiffres.
Un parcours atypique et révélateur
Rudy Halimi, conseiller bancaire chez BNP Paribas, illustre l’accessibilité du métier grâce à des profils variés, issus de parcours éloignés de la finance traditionnelle
Un métier centré sur l’accompagnement
Le conseiller bancaire suit ses clients dans toutes les étapes de leur vie (achat immobilier, séparation, décès…) et joue un rôle clé dans l’éducation financière.
Des décisions parfois difficiles mais utiles
Refuser un crédit ou limiter un découvert n’est pas une sanction mais une manière de protéger les clients et d’éviter des situations financières plus graves.
Au-delà des chiffres, une relation de confiance
Le conseiller bancaire partage souvent une proximité unique avec ses clients, reposant sur l’écoute, le secret bancaire et une responsabilité morale forte.
Un avenir où l’humain reste essentiel
Malgré la digitalisation et l’automatisation, le besoin de conseils personnalisés persiste. Le métier évolue vers davantage d’expertise, tout en restant une véritable « école de la vie ».













