Le prix d’un MBA, variable selon les écoles, peut s’avérer particulièrement onéreux. S’il peut être financé en partie ou intégralement par l’entreprise, les candidats doivent parfois en assumer le coût personnellement. Plusieurs options sont proposées par les écoles pour leur venir en aide.
Le financement varie selon le type de MBA proposé, rappelle dans un premier temps Stéphane Canonne, directeur de la formation continue de l’EDHEC. « On ne s’adresse pas exactement à la même population dans notre Global MBA et notre Executive MBA (EMBA). Le premier est à temps plein, et l’immense majorité des candidats sont des personnes qui vivent à l’étranger, avec une moyenne d’âge de 31 ans. Ce sont des gens avec des projets personnels, qui incluent souvent des projets familiaux avec l’objectif de s’expatrier en Europe ».
Davantage de Français se tournent vers l’EMBA, un programme en temps partiel cette fois, international et dispensé en anglais. « Nous avons des profils différents, plutôt en milieu de carrière, âgés d’environs 40 ans. Ce sont souvent des personnes occupant des postes à responsabilité qui veulent évoluer vers des postes de management général ou de direction. Au-delà d’une évolution dans la hiérarchie, l’EMBA leur permet de se poser des questions sur leur carrière, sur ce qu’ils veulent vraiment faire et dans quel environnement professionnel ils veulent travailler dans leur deuxième partie de carrière. Mais aussi, pour certains, de changer de voie ou de reprendre ou créer leur société ».
Financement d’un MBA : la participation de l’entreprise
De fait, lorsqu’ils décident de se lancer, les candidats à l’EMBA travaillent majoritairement en entreprise. Ces dernières peuvent prendre en charge une partie ou l’intégralité du financement de la formation. « Il y a des employeurs qui financent à 100 % dans une logique d’évolution. Mais le plus souvent, c’est un co-investissement avec l’entreprise, un financement hybride entre l’entreprise et le participant, indique Stéphane Canonne. Quand le projet est pensé conjointement entre les deux cela prouve qu’il y a un intérêt commun. Pour le participant, c’est bien d’avoir une vision globale de l’entreprise et de se projeter, d’avoir une réflexion stratégique par rapport aux enjeux, et donc d’évoluer ».
L’entreprise, elle, a notamment « intérêt à garder ses meilleurs éléments, à faire évoluer les personnes qu’elle connaît déjà ». « On sait qu’un recrutement à haut niveau, c’est 50 % d’échecs. Et le coût d’un recrutement n’est pas très éloigné de celui d’un MBA. Pour l’entreprise, c’est un investissement qui, par rapport à ce qu’il rapporte, ne coûte finalement pas si cher », assure Stéphane Canonne.
Des bourses pour faciliter le financement
Si le candidat à l’EMBA est, à l’inverse, dans une démarche personnelle, et souhaite changer d’entreprise par exemple, il devra financer lui-même sa formation, d’un montant de 52 000 euros. « Cela concerne environ 25 % de nos participants. Dans ce cas, nous sommes prêts à les aider. Nous avons une bourse sur le financement personnel, uniquement pour l’EMBA. Car pour le Global MBA, le financement personnel représente l’immense majorité des cas », explique Stéphane Canonne. Les prétendants au Global MBA (52 500 euros) peuvent cependant bénéficier d’autres bourses (diversité de genre, diversité culturelle, bourse au mérite…) et de possibilités de financement, en fonction du pays où ils résident.
Pour l’EMBA, « il y a notamment une bourse pour les gens qui viennent de loin. S’ils doivent prendre l’avion ou le train à l’autre bout de l’Europe, c’est pénalisant », ajoute Stéphane Canonne. Afin d’atteindre un équilibre entre les femmes et les hommes, l’école propose également « des bourses sur la diversité ». L’EDHEC enregistre 41 % de participantes à son EMBA. « Les entreprises ont besoin de femmes dans les conseils d’administration et dans les Comex (comités exécutifs). Mais c’est aussi un travail sur l’équilibre entre la vie personnelle, la vie professionnelle et la vie étudiante. Nous ne sommes pas encore à égalité là-dessus ».
L’école Audencia propose elle aussi « une remise pour les femmes et une remise pour les financements personnels » pour les candidats à son EMBA, dont le coût s’élève à 40 000 euros, indique Anne Villate, consultante formation MBA chez Audencia. Les participants à l’International MBA (31 500 euros), qui compte seulement « deux ou trois » Français en moyenne, peuvent quant à eux bénéficier de bourses « selon leur projets ». En dehors de celles-ci, les solutions proposées aux candidats qui financent personnellement leur EMBA sont aussi valables pour les Français de l’International MBA, précise Anne Villate.
Avec l’un des EMBA les plus abordables du marché (25 000 euros), l’IAE Aix-Marseille, composante de l’université d’Aix-Marseille, accorde de son côté des bourses « uniquement sur critères socio-économiques » aux candidats avec une démarche individuelle, explique Aurélie Hemonnet, responsable de l’Executive MBA. « En tant qu’université publique, nous souhaitons rendre accessibles des formations de haut niveau à tous les profils », ajoute-t-elle, assurant « une offre de qualité à moindre coût ».
Certaines écoles pratiquent également le dispositif Early Birds. Il s’agit un tarif préférentiel, non cumulatif, pour les personnes qui transmettent leur dossier d’inscription en avance. « Ce n’est pas exactement la même logique que les bourses de diversité par exemple, précise Stéphane Canonne. Il s’agit plutôt d’une logique commerciale, qui se fait notamment pour les Global MBA. Effectivement, cela peut constituer une opportunité pour ceux qui ont un projet mature. Les temps de réflexion sur les programmes sont différents. Pour un Global MBA, les internationaux qui décident d’arrêter de travailler, qui vont s’expatrier, qui vont venir s’installer avec leur famille, réfléchissent à ce projet longtemps à l’avance, deux ans en moyenne. Pour ceux qui font un EMBA, cela se joue plutôt dans les trois à six mois avant ».
Les autres aides au financement
Les personnes qui financent elles-mêmes leur formation peuvent également bénéficier de prêts à taux avantageux. « Nous avons des accords avec une banque pour proposer des prêts à taux extrêmement réduits, assure Stéphane Canonne. Ce qui est très intéressant, c’est que le participant commence à rembourser à la fin de son EMBA, c’est-à-dire 19 mois après », explique-t-il, soulignant une hausse de salaire engendrée par l’évolution professionnelle. Grâce à des banques partenaires, les candidats au EMBA d’Audencia peuvent quant à eux prétendre à « un prêt à taux étudiant », précise Anne Villatte.
L’EMBA peut aussi être financé avec le Compte personnel de formation (CPF), dont le montant maximum est de 5 000 euros. « C’est intéressant, car cela représente un cinquième du prix de notre MBA », souligne Aurélie Hemonnet.
Les candidats peuvent par ailleurs bénéficier d’un projet de transition professionnelle (PTP), ou CPF de transition, proposé par l’organisme Transitions Pro, sous plusieurs conditions. Seuls les salariés peuvent y prétendre. « Cela concerne les personnes qui changent de métier », explique Anne Villatte, qui conseille de demander une réduction de parcours. « Dans notre EMBA, il y a cinq blocs de compétences. Il faut être capable, auprès de Transitions Pro, de dire que l’on a déjà telle compétence et que l’on a besoin d’en apprendre une autre. Donc, de ne pas demander le financement de tous les blocs, parce que l’on maîtrise déjà certaines compétences. Enfin, pour mettre toutes les chances de son côté, il ne vaut mieux pas demander le maintien du salaire. Si le dossier est validé, le candidat peut obtenir de 5 000 à 9 000 euros de financement ». Les candidats qui souhaitent quitter leur entreprise ou lancer leur projet peuvent aussi opter pour le dispositif démissionnaire et obtenir, si leur demande est acceptée par Transitions Pro, leur allocation chômage lorsqu’ils démissionnent.
Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), peut aussi être une autre source de financement, ajoute Aurélie Hemmonet. « Parfois, quand une entreprise ferme, elle doit reclasser ses salariés. Il peut y avoir des fonds destinés à la formation de ces derniers. Tous les deux ans environ, nous avons quelqu’un qui bénéficie d’un plan social ».
Sans oublier un échelonnement des paiements, mis en place par les trois écoles interrogées. « Nous sommes sur trois échéances tout au long du programme, qui s’adaptent en fonction des entreprises », indique Stéphane Canonne. « À Audencia, quelqu’un qui fait un EMBA ou un International MBA a deux factures par an. Mais une personne peut nous demander de nous faire un virement tous les mois par exemple », explique Anne Villate. L’IAE aussi « peut accorder un échéancier de paiements », assure également Aurélie Hemmonet.
De plus, « quelqu’un qui finance son EMBA de façon personnelle peut déduire ses frais de formation au même titre que ses frais professionnels », souligne Anne Villatte. Les demandeurs d’emploi, eux, peuvent effectuer un contrat de professionnalisation. Ce type de profil représente cependant une minorité de candidats, précise-t-elle.
Enfin, le retour sur investissement est un élément non négligeable. « Avec au moins 20 % d’augmentation de salaire à la sortie, l’EMBA est rentabilisé en un an, deux maximum », assure Aurélie Hemmonet. « Grâce à la hausse de salaires, même si ce n’est pas l’objectif premier, on s’y retrouve rapidement, confirme Stéphane Canonne. Nous avons affaire à des gens qui investissent sur eux-mêmes et sur leurs compétences. C’est peut-être le meilleur investissement sur le moyen terme », conclut-il.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Financer son MBA, ce qu’il faut savoir.
Importance de la formation au MBA : Le marché des MBA est soumis à des coûts élevés, variant d’environ 25 000 à 52 500 euros, en fonction des écoles et des programmes. Les jeunes entrepreneurs doivent souvent envisager des options de financement, notamment par le biais de leur entreprise, pour assurer la pérennité de leur formation.
Contribution des entreprises : De nombreuses entreprises prennent en charge tout ou partie du coût de l’EMBA, reconnaissant que le financement de la formation de leurs employés est un investissement dans leur développement et leur fidélisation. Cette approche favorise également un meilleur alignement avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
Bourses et aides financières : Les écoles proposent des bourses destinées à faciliter le financement, notamment pour les femmes et ceux venant de zones éloignées. Par exemple, l’EDHEC et Audencia offrent des remises et financements pour les candidats qui s’engagent à long terme en faveur du développement durable et de la diversité.
Diversité des options de financement : Les candidats peuvent avoir accès à divers dispositifs tels que le Compte Personnel de Formation (CPF), des prêts à taux réduits, et même des programmations d’aides de Transition Pro pour les changements de carrière. Ces solutions permettent de réduire le coût d’accès aux programmes MBA.
Retour sur investissement et valorisation des compétences : Un MBA peut entraîner une augmentation de salaire d’au moins 20 % après l’obtention du diplôme, rendant l’investissement rentable en un à deux ans. Cette perspective souligne l’importance de la formation continue et du renforcement des compétences professionnelles sur le long terme.