Hôtesse de l’air et steward : un métier de haut vol

Le témoignage d'une hôtesse de l'air.

Depuis 17 ans, Sophie enchaîne les petits, moyens, long-courriers en tant qu’hôtesse de l’air. Un métier qui la passionne toujours autant car il lui donne l’opportunité d’explorer le monde. Elle nous raconte ses journées passées dans les nuages, mais la tête bien sur les épaules.


C’est lors d’une discussion autour d’un café avec une amie de sa mère que Sophie a le déclic. Elle a 21 ans et vient d’interrompre des études de langues appliquées à la faculté. Un peu désœuvrée, elle ne se voit devenir ni prof, ni traductrice. Alors, on fait quoi dans ces cas-là ? Hôtesse de l’air, pourquoi pas ! « Son témoignage a résonné en moi, notamment le fait de voyager autant. »

Il y a quatre conditions sine qua non pour postuler : avoir 18 ans, être détenteur du Baccalauréat, de la Cabin Crew Attestation (CCA) et valider une visite médicale aéronautique. La CCA est un diplôme d’état en deux parties, (la théorie dure environ 1 mois, la pratique 2 semaines) à préparer auprès d’un organisme agréé par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Aux termes de cette formation – payante, comptez environ 1600 euros* – vous obtenez le Certificat de Formation à la Sécurité (CFS). Enfin, la visite médicale aéronautique classe 2 est également obligatoire, payante, reconductible au bout de plusieurs années. Elle se déroule dans des centres médicaux agréés par la DGAC et se compose d’une série d’examens et d’un rendez-vous avec un médecin généraliste.

Ces prérequis validés, on postule directement auprès des compagnies en complétant un dossier via leur site. De mon côté, j’avais rédigé une lettre de motivation où je mettais notamment en avant mes études de LEA, la maîtrise de l’anglais étant un impératif. Mais aussi mon sens de l’organisation et mon goût pour le prestige de l’uniforme. La concurrence est rude alors il faut se démarquer. Savoir parler plusieurs langues, avoir travaillé dans la restauration ou dans le domaine du luxe peuvent être des vrais plus pour se distinguer des autres candidats. Si l’on est retenu, on débute un stage d’entrée avant d’intégrer la compagnie le mois suivant. Au début, le salaire avoisine les 1600-1800 euros net et on peut évoluer jusqu’à 3500 à 4000 net en fin de carrière.

Au cœur de notre métier, il y a la sécurité, la sureté et le sauvetage. Apprendre à gérer un incendie, faire un massage cardiaque en plein vol, évacuer les passagers en 90 secondes lors d’un amerrissage, aider une femme à accoucher avec les moyens du bord, réagir en cas d’attaque terroriste… Nous sommes avant tout des secouristes à bord. Chaque passager doit se sentir considéré. Certains d’entre eux ont besoin d’être chouchoutés, d’autres rassurés… On peut parfois jouer le rôle de psy ! Nous sommes les ambassadeurs de la compagnie, mais aussi plus largement de notre pays. Il est essentiel de nourrir un goût et un intérêt pour les autres cultures et de s’adapter à toutes les situations, tous les comportements.

Découvrir les cités perdues d’Asie, les chutes d’Iguazú aux portes de l’Argentine… Quand on effectue un long courrier et que l’on vole à travers le monde, on reste entre 24h à 72h dans la ville d’arrivée : je n’aurais jamais pu espérer voyager autant autrement. Je dis souvent que, dans ce métier, le monde est notre cour de récréation. Le revers de la médaille, c’est que l’on travaille souvent de nuit et que l’on est soumis au décalage horaire lors des vols long-courriers. Cela peut-être pesant de se lever au milieu de la nuit ou de voyager pendant que tout le monde dort, de louper aussi les jours fériés et les fêtes de famille, surtout lorsqu’on a des enfants.

Même s’il y a toujours des jours de repos après une série de vols, j’ai fini par renoncer aux trajets internationaux. Je me suis rendue compte que le décalage horaire avait des effets insidieux sur mon organisme, sur ma fatigue. Je pouvais être à la maison, mais totalement déconnectée de mes tâches et de mes activités, comme absente. Pour tenir dans la durée, il faut donc avoir une bonne hygiène de vie et une bonne récupération. Mais il y a toujours la possibilité de moduler son emploi du temps, ou même de travailler à temps partiel. Autre option, faire évoluer son métier en devenant instructeur, instructrice. On travaille alors essentiellement dans les bureaux, ne voyageant plus que pour contrôler son effectif.

* Bon à savoir, le CCA peut-être financé par Pôle Emploi sous certaines conditions