Bienvenue dans 20 sur 20, le podcast de L’Express Education. Philippine Dolbeau, entrepreneure, conférencière et animatrice télé, y accueille des personnalités du monde de l’éducation, des hommes et des femmes inspirants venus livrer leurs réflexions sur l’école d’aujourd’hui et de demain. Alors, qu’ils soient chercheurs, entrepreneurs de la EdTech, enseignants, parents, politiques ou même philosophes, tous partagent la même volonté de transformer l’éducation et de préparer la nouvelle génération aux défis de demain. Chaque semaine dans 20 sur 20, nous découvrons ces acteurs qui font bouger les lignes de l’éducation. [Podcast – résumé IA vérifié par la rédaction]
Dans cet épisode, Philippine Dolbeau rencontre Isabelle Huault, Présidente du Directoire et Directrice générale de l’emlyon business school. Dans un monde en transformation permanente bouleversé par les transitions écologiques, numériques, géopolitiques, que doit transmettre une école de commerce ? Comment réinventer le leadership, dans un monde où la performance ne peut plus être pensée sans responsabilité ? Peut-on encore former les élites sans interroger leur rôle, leur impact, leur raison d’être ?
Une nouvelle vision du rôle de l’école de commerce au XXIe siècle
Qu’est-ce qu’une grande école de commerce au XXIe siècle ? À travers l’entretien avec Isabelle Huault, présidente du Directoire de l’emlyon business school, se dessine un modèle qui cherche à conjuguer excellence académique, responsabilité et impact. L’école n’est plus seulement un lieu où l’on forme des cadres performants ; elle ambitionne de former des citoyens éclairés, capables d’agir avec nuance dans un monde traversé par des transitions écologiques, technologiques et géopolitiques. Cette vision repose sur une conviction forte : le leadership ne se réduit ni à la certitude ni à l’héroïsme solitaire. Le doute, la réflexivité et la co-construction sont posés comme des vertus structurantes pour décider dans la complexité.
Une pédagogie innovante alliant recherche expérimentation et enjeux sociaux
Cette transformation s’incarne d’abord dans les contenus et les méthodes. L’emlyon revendique un ancrage dans la recherche, non seulement pour « former par la recherche », mais pour doter les étudiants d’esprit critique et de rigueur méthodologique. Parallèlement, l’école cultive une pédagogie de l’action et un apprentissage innovant grâce à des makers’ labs, des cours obligatoires orientés “faire pour apprendre”, un incubateur historique de start-up, des projets concrets et des études de cas. Cette double exigence — théorie solide et expérimentation — vise à former des profils capables de passer de l’idée au prototype, puis à la mise en œuvre, avec une attention explicite aux enjeux socio-environnementaux. Le statut de société à mission de l’école vient inscrire cette orientation dans la durée.
L’inclusion, la diversité et l’attractivité au cœur de la stratégie
L’inclusion et l’ouverture constituent un autre axe mis en avant. Programmes aménagés pour sportifs de haut niveau, artistes ou jeunes entrepreneurs ; partenariats avec l’Institut de l’Engagement ; dispositifs favorisant la diversité sociale : l’école affirme vouloir repérer et accompagner des parcours atypiques. Dans le même temps, elle assume la tension entre ambition académique, soutenabilité financière et expérience étudiante — un équilibre qui passe aussi par des investissements immobiliers et des services de campus pensés comme leviers d’attractivité. Les classements, bien que jugés imparfaits et parfois réducteurs, restent pris en compte, car ils pèsent sur les choix des familles et des étudiants.
L’intégration de l’intelligence artificielle et des compétences hybrides
L’ère de l’intelligence artificielle impose de nouvelles pratiques. Sans l’interdire, l’école encadre son usage par une charte, réinvente les modalités d’évaluation (place accrue aux oraux et à la transparence des sources) et promeut une distance critique face aux outils génératifs. Au-delà des technologies, l’hybridation des compétences apparaît stratégique : management et data/IA (partenariats avec Centrale Lyon, Mines Saint-Étienne), management et design (Strate), management et sciences du vivant. Objectif : préparer des diplômés capables de dialoguer avec des cultures professionnelles différentes et de travailler sur des problèmes complexes, dans des secteurs où se croisent enjeux économiques, sociaux et environnementaux.
Les défis transversaux : santé mentale, débat et rôle de l’université
Enfin, Isabelle Huault rappelle quelques défis transversaux : préserver la santé mentale des étudiants, lutter contre les représentations caricaturales entre public et privé, et défendre le rôle de l’enseignement supérieur dans la démocratie — production de savoirs, formation au débat et à la nuance. Le leadership y est défini comme une capacité à entraîner un collectif, à bien s’entourer et à agir avec des valeurs. À l’heure des polarisations et des accélérations, cette ligne d’horizon esquisse une école de commerce ancrée dans son époque : exigeante, ouverte, responsable, et tournée vers l’action autant que vers la connaissance.














