À l’heure où de nombreux décideurs font passer la transition écologique au second plan, les étudiants des filières bâtiment, eux, essaient tant bien que mal de construire le monde de demain. Un futur dans lequel ils seront chargés de créer et de rénover des édifices en respectant le concept de développement durable tel qu’il a été imaginé dans le rapport Brundtland en 1987. (NDLR : un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs)
Selon le Baromètre de la construction durable par Saint-Gobain, publié en 2025, plus d’un Français sur dix envisagerait un retour en arrière concernant la mise en place de constructions plus durables. Pourtant, le secteur du bâtiment demeure le plus grand consommateur d’énergie en France parmi l’ensemble des secteurs économiques.
Une contradiction que Elisa, étudiante en deuxième année du programme ingénieur de l’école BUILDERS et Mohamed Boutouil, directeur délégué des formations et de la recherche au sein du même établissement, déplorent. Pour l’Express Éducation, ils témoignent de l’apprentissage et des futurs métiers des élèves dans la construction durable.
Des formations et des métiers tournés vers l’avenir
Enfant, elle rêvait d’être architecte et au fil de ses études, Elisa s’est naturellement passionnée pour la construction et la restauration des bâtiments. BUILDERS école d’ingénieurs la forme désormais aux enjeux écologiques et climatiques.
« Depuis la première année, on suit un cours de DDRS (NDLR : Développement Durable et Responsabilité Sociétale) qui nous sensibilise à l’utilisation de certains matériaux recyclables et moins néfastes pour la planète », explique-t-elle. « On passe notre temps à faire des projets, en ce moment, on est en train de créer notre propre maison par exemple. L’objectif étant de prendre en compte la transition écologique à chaque étape de notre réflexion », ajoute l’étudiante. Un enseignement relativement complet donc, sans oublier les visites de la centrale nucléaire du Bugey et celle d’un parc éolien, prévues par l’école au cours de l’année.
M. Boutouil, depuis longtemps responsable de formation, se remémore les matières dispensées plusieurs années en arrière. « Avant, on abordait les notions d’écologie et de gestion des ressources mais on ne rentrait pas dans le détail. Désormais, l’apprentissage a évolué : on traite aussi des problématiques d’occupation des sols, d’urbanisme et de préservation de la biodiversité » affirme-t-il.
Changer notre manière de construire…
Indispensables à l’avenir, les métiers de la construction ne sont pas amenés à disparaître et le quotidien d’un ingénieur ne changera pas subitement du jour au lendemain. Calculer, piloter des projets et dimensionner des structures : ces missions sont et resteront au cœur de la profession. Mais comme nous le précise M. Boutouil, « dans la mise en œuvre des constructions, les cahiers des charges doivent désormais répondre à de nouveaux besoins ». Les ingénieurs de demain devront faire face à de nombreuses questions. Comment continuer à créer et à rénover avec des coûts acceptables, tout en respectant la biodiversité ? Comment faire mieux mais avec moins ? Comment intégrer les matériaux biosourcés dans le secteur du bâtiment ? Tels sont leurs défis, s’ils l’acceptent.
Elisa, malgré son jeune âge, a conscience des responsabilités écologiques qui incombent à son (futur) métier. L’étudiante de deuxième année se souvient notamment que parmi les neuf limites planétaires définies, l’Homme a déjà atteint la septième : celle de l’acidification des océans. « Il faut apprendre à mixer nos ressources énergétiques tout en privilégiant la plus décarbonée dès que c’est possible » soutient-elle.
…grâce à des nouvelles générations de plus en plus engagées
La construction durable repose aujourd’hui sur l’engagement des ingénieurs et des techniciens mais sa pérennité dépendra surtout de la prise de conscience des générations futures. « Notre génération est éveillée, on sait qu’on ne peut pas continuer à produire et agir comme avant », déclare Elisa.
Un sentiment très largement partagé par Mohamed Boutouil. « Après le Covid, on a eu une vague d’étudiants naturellement conscients des nouveaux enjeux climatiques. Ils ont très vite intégré la notion de durabilité, on a la sensation que c’est évident pour eux » atteste-t-il.
Mais si les jeunes semblent avoir, pour la plupart, adhéré au concept de transition écologique, leurs décisions sont également guidées par d’autres priorités. C’est ce que révèle l’édition 2025 du baromètre, réalisé par Saint-Gobain, un acteur majeur du secteur : 60 % des étudiants interrogés seraient prêts à accepter une offre dans une entreprise n’étant pas du tout investie dans la construction durable. En parallèle, ils sont plus d’un tiers à admettre ne pas être suffisamment informés sur le sujet.
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Pas de futur sans bâtiments durables ?
Pourtant, plus que jamais, ces derniers doivent être sensibilisés : 43 % de la consommation d’énergie finale française et 23 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’exploitation des bâtiments tertiaires et résidentiels. Ce sont les chiffres mis en exergue par le rapport 2025 du service SDES (NDLR : Statistique publique de l’énergie, des transports, du logement et de l’environnement).
Une sensibilisation et une prise de conscience précieuse car ce sont eux, les étudiants actuels, qui peuvent tout changer. « On peut avoir un impact sur la société de demain, sur la manière de penser les routes, les édifices, l’environnement. On peut repenser notre manière de vivre », s’exprime Elisa, 20 ans.
Dans le même temps, « les normes sont en train d’évoluer », conclut le directeur délégué de l’école BUILDERS. En effet, depuis quelques années, non seulement les formations mais aussi la réglementation progressent. La RE 2020 (NDLR : la réglementation environnementale 2020) vise notamment à réduire l’empreinte carbone des bâtiments.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : La construction durable : métier d’avenir et de sens ?
Un secteur clé face à l’urgence climatique
Le bâtiment reste le premier consommateur d’énergie en France, malgré un recul de l’ambition écologique chez une partie de la population, ce qui place la construction durable au cœur des enjeux environnementaux.
Des formations d’ingénieurs de plus en plus tournées vers le durable
Les écoles comme BUILDERS intègrent dès la première année le développement durable, les matériaux recyclables, l’urbanisme responsable et la préservation de la biodiversité.
Des métiers du bâtiment en mutation profonde
Les ingénieurs de demain devront construire « mieux avec moins », intégrer des matériaux biosourcés, réduire l’empreinte carbone et adapter les projets aux nouvelles normes environnementales.
Une génération plus consciente mais encore tiraillée
Si les étudiants se montrent plus sensibles aux enjeux climatiques, 60 % se disent prêts à travailler dans des entreprises peu engagées, souvent par manque d’information ou par contrainte économique.
Des normes et des opportunités qui accélèrent la transition
La réglementation environnementale RE 2020 et l’évolution des standards imposent des bâtiments plus sobres en carbone, faisant de la construction durable un levier majeur pour l’avenir du secteur.















