IA, Data, Cloud, Cybersécurité… Le numérique en évolution constante présente de belles perspectives d’emploi. Entretien avec Laura Ros et Frédéric Rouby, co-fondateurs de l’école supérieure des sciences et de l’ingénierie numérique (ESSIN).
8questions à Laura Ros et Frédéric Roube, co-fondateurs de l'ESSIN

Une note de l’institut Montaigne, publiée en 2023, indique que près de 10 % des emplois sont non pourvus dans le secteur numérique. Est-ce toujours d’actualité et comment l’expliquer ?
Frédéric Rouby : Malgré un contexte géopolitique et économique global compliqué, la transformation numérique s’accélère et on constate toujours des offres d’emploi non pourvues.
Laura Ros : Ce sont des métiers émergents avec peu de personnes qualifiées ou qui s’y forment. Les étudiants ont des profils très généralistes or les entreprises cherchent des candidats spécialisés.

Ces métiers sont aussi perçus comme difficiles et masculins, non ?
Frédéric Rouby : Malheureusement, ces stéréotypes perdurent. Sur les métiers technico-fonctionnels, nous arrivons davantage à intégrer de femmes dans notre école, mais dans les métiers plus techniques (administration réseau, cloud, etc) il y en a toujours moins de façon persistante. Il faut croire que malheureusement, soit ça ne les intéresse pas soit elles s’en empêchent.
Laura Ros : Tout au long de notre carrière dans l’enseignement supérieur et notamment dans des écoles d’informatique, nous nous sommes battus contre ces empêchements. Les femmes commencent à se diriger vers ces métiers parce qu’on leur en parle, parce qu’elles se rendent compte qu’elles peuvent y accéder. Le tournant commence à arriver. On est assez fiers avec Frédéric d’avoir près de 50 % de femmes inscrites à l’ESSIN pour notre promotion de septembre. En Mastère 2 Data Engineer, nous avons même 60 % de femmes.

Quels sont les principaux métiers du numérique en tension ?
Frédéric Rouby : Dans la Data, le métier en tension par excellence, c’est celui de Data Engineer Cloud car c’est un métier indispensable, très technique, et qui fait appel à des compétences très étendues. Quand on met en place, qu’on développe ou qu’on fait évoluer un système de Data, le Data Engineer doit être capable de créer une infrastructure (serveurs, réseaux…), la mettre sur le cloud, prévoir un réservoir de données et des outils pour l’alimenter et les visualiser…
Le manager ou consultant en cybersécurité est un autre métier en tension. Très technique lui aussi, il requiert d’agir sur les systèmes d’information, les durcir, les surveiller en respectant les règlements, les normes d’audit et d’analyse…

Et dans les métiers plus technico-fonctionnels ?
Frédéric Rouby : Il y en a beaucoup, mais pour les étudiants non issus de filières informatiques, je pense au métier de chef de projet digital et data. Il ou elle doit comprendre les besoins de l’entreprise, respecter les objectifs, piloter un projet… Notre formation a pour particularité de fournir aussi à ces futurs professionnels des compétences en Data Visualisation pour faciliter le reporting des retombées des projets.

Quels sont les nouveaux métiers qui seront fortement demandés d’ici peu ?
Frédéric Rouby : Tous les métiers auxquels nous formons sont en tension mais nous avons anticipé aussi les besoins à l’horizon 2030, notamment dans les métiers d’Expert Systèmes Cloud et FinOps. FinOps c’est un métier émergent qui a pour mission de piloter la gestion financière sur le cloud en intégrant l’IA pour déployer des infrastructures. Je n’oublie pas les Data Driven Analysts qui sont des spécialistes dans l’analyse des données de l’entreprise. L’AIOps est un autre métier qui maîtrise parfaitement les outils d’IA et les met au service de la surveillance des infrastructures, du suivi des serveurs et du cloud.

Quels sont les débouchés et perspectives d’emploi dans le numérique ?
Frédéric Rouby : Il est hors de question pour nous de former des jeunes sur des métiers périmés sur lesquels ils ne trouveront pas de débouchés. Un jeune diplômé à Bac + 5 dans ces métiers-là perçoit un salaire moyen de 40 000 euros brut par an. Et plus de 80 % des diplômés obtiennent un vrai CDI dans les trois mois après leur formation, même s’il faut l’avouer, ces derniers temps, c’est un peu plus dur même pour ces jeunes.

L’IA ne risque-t-elle pas de concurrencer ces métiers ?
Frédéric Rouby : Oui et non. Certains métiers comme les développeurs web vont être moins recherchés et seront réservés aux profils expérimentés et très performants. Mais ça sera en partie compensé par les besoins croissants en cybersécurité, en data, etc.

Pour y faire face, la formation est essentielle. Comment se présente-t-elle à l’ESSIN ?
Frédéric Rouby : Nous avons trois univers : cloud, systèmes et réseaux ; data et IA ; et management de projets digitaux. Ces formations donnent lieu à l’obtention d’un titre RNCP de niveau 7-Mastère et sont accessibles après un Bachelor. Ces parcours sont tous proposés en alternance ou avec un stage alterné en formation initiale en finançant alors sa formation soi-même. 30 % des cours sont proposés en présentiel à Paris mais tous se déroulent sur notre plateforme digitale pour faciliter l’accès à tous les étudiants, notamment ceux demeurant en région.
Découvrez une multitude de métiers dans ce secteur pour vous aider à faire votre choix de carrière.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les métiers du numérique en tension : quels sont-ils ?
Un secteur en pleine expansion mais sous tension
Près de 10 % des emplois du numérique restent non pourvus en France, faute de profils qualifiés. La transformation digitale accélère la demande, notamment dans la data, le cloud et la cybersécurité.
Des métiers techniques en forte demande
Le Data Engineer Cloud et le consultant en cybersécurité figurent parmi les postes les plus recherchés, exigeant des compétences pointues en infrastructures, sécurité et réglementation.
De nouveaux métiers émergents d’ici 2030
Les experts FinOps, AIOps et Data Driven Analysts seront particulièrement demandés pour gérer les coûts du cloud, optimiser les infrastructures avec l’IA et exploiter les données stratégiques des entreprises.
Une féminisation progressive du secteur
Malgré les stéréotypes persistants, l’ESSIN affiche près de 50 % de femmes parmi ses étudiants, et même 60 % en Mastère Data Engineer, un signal positif pour la diversité.
Des débouchés attractifs
Plus de 80 % des diplômés en numérique décrochent un CDI en trois mois. Le salaire moyen à bac+5 atteint 40 000 € brut par an, confirmant l’attractivité de ces métiers malgré la concurrence croissante de l’IA.















