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Le mentorat de proximité : un moteur de l’ascenseur social

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[Out of the box] Le mentorat de proximité : un moteur de l'ascenseur social

[Out of the box] Le mentorat de proximité : un moteur de l’ascenseur social. L’ascenseur social ne s’est pas totalement arrêté. Il continue de monter pour ceux qui savent où il se trouve, comment y accéder, et pour ceux qui ont les bons codes pour en profiter. Pour les autres, c’est souvent plus flou. Orientation incertaine, réseau inexistant, manque de confiance : le parcours est moins linéaire, semé d’embûches invisibles.


C’est dans ce contexte que le mentorat de proximité s’impose comme un levier concret. À rebours des récits de réussite spectaculaires, il mise sur la continuité, la ressemblance, et l’entraide discrète. Ici, ce sont des étudiants, jeunes actifs, voire lycéens, qui accompagnent des profils juste un peu plus jeunes qu’eux. Ce qui change tout, c’est cette proximité générationnelle et sociale, qui crée un effet de projection immédiat.

« Au lycée, je ne connaissais rien des études de sciences politiques. Mais j’aimais défendre mes idées. En rencontrant une étudiante de l’ENM, j’ai découvert Sciences Po, une voie à laquelle je n’aurais jamais pensé », raconte Himaya, aujourd’hui candidate.

Ce modèle fonctionne parce qu’il est simple, réaliste, et débarrassé du décorum des “success stories”. On admire les parcours hors normes, mais ce qui inspire vraiment, ce sont les trajectoires possibles. Celles qu’on pourrait presque reproduire.

En 2023, près de 150 000 jeunes ont été accompagnés par les associations du Collectif Mentorat, dont une majorité issus de milieux populaires ou de quartiers prioritaires. Une dynamique en croissance, révélée par la première grande étude nationale menée avec l’Agence Phare.

Longtemps resté discret, le mentorat s’est hissé au rang de politique publique grâce au programme “1 jeune, 1 mentor”. Il incarne une nouvelle manière d’agir : souple, humaine, fondée sur la relation. Et cette approche porte ses fruits.

Le mentorat s’adapte à chacun. Certains y voient un tremplin ; d’autres, un repère dans un moment d’incertitude. Pour les jeunes issus de milieux populaires, c’est souvent une relation-clé pour mieux se situer, trouver sa voie. Ailleurs, il affine une ambition ou révèle un secteur.

Partout, les effets sont là. Une étude de 2023 parue dans Sciences et Actions Sociales souligne sa capacité à renforcer la confiance, élargir les horizons, et transmettre des ressources concrètes (stages, contacts), mais aussi intangibles (codes sociaux, posture, inspiration).

Loin du modèle vertical, les binômes nouent des liens profonds. Les mentors ne dictent rien. Ils partagent leurs doutes, leurs erreurs, leurs astuces et transmettent les fameux “codes” — ces règles implicites, sociales ou scolaires, qu’on n’apprend ni à l’école ni à la maison. Ce partage, simple et sincère, peut suffire à oser postuler, débloquer une orientation, revoir ses ambitions à la hausse.

« Lors d’une table ronde dans mon lycée, j’ai rencontré une psychologue, un monteur réalisateur, une sapeure-pompier. Ils venaient tous de mon quartier. J’ai compris qu’ils n’avaient pas eu de passe-droit, juste les bonnes infos au bon moment », témoigne un lycéen de Vitrolles.

Ce lien ne s’interrompt pas toujours à la fin du programme. Un quart des binômes poursuivent la relation au-delà des six mois prévus. C’est la fameuse “cascade du mentorat” : une étudiante aidée par une jeune professionnelle aide à son tour une lycéenne, qui accompagnera peut-être un collégien demain.

Le mentorat transforme aussi ceux qui s’y engagent. 86 % des mentors se disent satisfaits, et 60 % recommanderaient l’expérience. Pour beaucoup, c’est une manière concrète de transmettre, d’agir, de mieux comprendre les jeunes générations. Un engagement qui donne du sens — parfois même de la joie.

Pour les structures et les pouvoirs publics, le défi est désormais d’accompagner cette croissance sans la dénaturer. Il ne s’agit pas seulement de faire plus, mais de faire bien ; de préserver la simplicité du lien, tout en garantissant l’accès à ceux qui en ont le plus besoin.

Le mentorat n’a rien de spectaculaire. Ce projet repose sur des principes simples : disponibilité, écoute, transmission. Mais dans un monde où l’individualisme est souvent la norme, ces chaînes de solidarité racontent une autre histoire. Celle de la progression collective. Celle d’une main tendue — qu’on saisit, et qu’on tend à son tour.


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Le mentorat de proximité : un moteur de l’ascenseur social.

Un levier d’égalité des chances : Le mentorat de proximité accompagne près de 150 000 jeunes, majoritairement issus de milieux populaires. Développé par des associations, il offre un soutien et des conseils pratiques grâce à des mentors proches par l’âge et l’expérience.

Modèle basé sur la continuité et l’entraide : Ce modèle se distingue par son approche réaliste, loin des success stories spectaculaires. Les mentors partagent leurs expériences, leurs doutes et les “codes” sociaux, permettant aux jeunes de se projeter dans des parcours similaires pour leur vie future et professionnelle.

Impact positif sur la confiance et les ambitions : Les programmes de mentorat renforcent la confiance des jeunes, élargissent leurs horizons et transmettent des ressources concrètes (stages, contacts) ainsi que des compétences transversales et sociales. Leurs effets sont particulièrement bénéfiques sur le long terme.

Relations profondes et durables : Les liens entre mentors et mentorés sont souvent profonds et continuent au-delà du programme initial. Cette “cascade du mentorat” permet à des jeunes d’aider à leur tour d’autres jeunes, renforçant ainsi les dynamiques de solidarité.

Un engagement bénéfique pour tous : Les mentors trouvent un sens à leur engagement dans une association. Avec 86 % d’entre eux satisfaits, ce projet enrichit les deux parties et représente un défi pour les structures afin de garantir son accessibilité à ceux qui en ont le plus besoin.

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