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19 Mars 2025

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Enseignement supérieur

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Enseignement supérieur

Professeur d’EPS : enseigner plus qu’un cours de sport 

Que ce soit dans un gymnase, sur le terrain d’athlétisme ou dans un bassin de natation, le professeur d’éducation physique et sportive accompagne l’élève dans sa pratique à travers des disciplines variées. Enseignant d’une matière singulière, il doit s’assurer de l’épanouissement aussi bien physique que psychologique de l’élève. 


Loïc, enseignant d’éducation physique et sportive depuis 9 ans, nous dévoile les coulisses de son métier et son accompagnement vers la réussite des élèves. Plusieurs réflexions sont à prendre en compte avant de s’orienter vers cette carrière professionnelle. 

Loïc : Je suis enseignant d’éducation physique et sportive. L’objectif officiel de l’EPS est “de former un citoyen lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué, dans le souci du vivre ensemble.” Enseignant au collège, ma matière s’inscrit dans le socle commun de compétences et de connaissances de l’année scolaire. Elle éduque à la fois les corps, les esprits et permet de transmettre une culture à travers les disciplines qui nous servent de support pour éduquer les élèves. Nous travaillons sur l’éducation à la motricité usuelle, celle du quotidien, et la motricité au sens des techniques sportives ou des activités artistiques. 

Loïc : À l’époque, j’ai passé un bac ES, économique et social. J’ai toujours souhaité travailler dans le domaine de la transmission. Au départ, je souhaitais me diriger vers le métier d’entraîneur et c’est dans ce but au départ que je me suis inscrit en licence STAPS. J’ai ensuite découvert différentes disciplines, échangé avec des camarades, avant de me rendre compte qu’en termes de qualité de vie et de passion, je me reconnaissais plus dans le métier d’enseignant. J’ai étudié à l’UFR STAPS de Lyon, dans une formation qui touche aussi bien aux sciences, à l’anatomie, aux neurosciences, qu’à la pédagogie et à la didactique. J’ai ensuite effectué une licence éducation et motricité qui m’a permis d’accéder au master MEEF et d’obtenir un bac +5. Pour exercer en tant que titulaire, il faut soit le concours du CAPES, soit le concours de l’agrégation. Il est aussi possible d’exercer le métier en tant que contractuel sans passer par le concours. 

Loïc : En éducation physique et sportive, le concours se passe en deux temps. Il y a un écrit qui se concentre sur l’évolution de la discipline et son intégration dans la société, ainsi qu’au sein du ministère de l’Éducation nationale. C’est une démarche réflexive dans le but de mieux saisir les enjeux historiques, sociaux, culturels et éducatifs de l’EPS. Le deuxième écrit a pour but de mobiliser les connaissances pédagogiques et didactiques afin de concevoir un cours. Comment faire en sorte de mettre en place les moyens pour que les élèves apprennent ? Quel traitement on apporte à chaque discipline ? 

Une fois cette étape, ils restent à passer les oraux, avec une mise en situation. On nous propose une leçon théorique et il faut présenter la leçon qui suivra dans telle discipline, avec tel niveau de classe, etc. Lors d’un second oral professionnel, le candidat doit se présenter, montrer qu’il est prêt à enseigner et à s’impliquer en tant qu’agent de l’État au niveau éducatif. Une place plus minoritaire est accordée à la pratique sportive lors de l’examen, où il faut performer dans certaines disciplines. 

Loïc : Aujourd’hui, les étudiants passent le concours en M2 puis leur master la même année. S’ils obtiennent les deux, ils deviennent stagiaires l’année suivante. Le stagiaire à plein temps est affecté ensuite dans un établissement, avant d’être titularisé par un inspecteur et de devenir néo titulaire. L’affectation s’organise par la suite via une mutation classique. Pour ma part, j’ai fait mon année de stage à Vénissieux, avant d’être muté en Seine-Saint-Denis. Je suis resté un an à l’académie de Créteil avant d’être muté à nouveau dans celle de Lyon, à Meyzieu.

Cette année scolaire a été une expérience humaine et professionnelle très formatrice. J’ai débuté dans un des milieux les plus difficiles, un collège classé REP+. Il y a beaucoup d’apprentissage qui se fait sur le terrain, et on est entouré de collègues qui sont soumis aux mêmes contraintes. C’est une expérience intense, qui n’est pas tous les jours facile mais on en ressort grandi. La mutation est un passage obligé mais il faut partir du principe qu’il y a différentes façons de voir les choses. J’ai d’ailleurs écrit un livre en 2021 intitulé “Un an en Seine-Saint-Denis : témoignage d’un professeur débutant”, afin de raconter mon expérience et de mettre plus en lumière les points positifs et négatifs.

Loïc : Une fois l’année scolaire écoulée, je suis redescendu à Lyon. J’ai fais des vœux et en fonction du nombre de places et des barèmes la répartition s’est organisée. J’ai été assigné dans un collège, où je suis encore aujourd’hui depuis 7 ans. Je me suis heurtée à d’autres problèmes que je n’avais pas forcément en Seine-Saint-Denis. Dans le collège classé REP+, le public était plus difficile mais il y avait des choses qui rendaient le cours parfois plus simple à gérer. 

Dans mon nouvel établissement de Meyzieu, il n’est pas rare d’avoir un nombre d’élèves plus conséquent, ce qui apporte ses inconvénients. Pendant mes sept années d’exercice, j’ai fais deux ans de complément de service dans un autre établissement en parallèle. En fonction du nombre d’élèves et de classes par établissement, on a un nombre d’heures attribué et il faut parfois compléter son poste dans un autre établissement.

Loïc : C’est un métier qui peut paraître très routinier car nous avons un emploi du temps qui reste le même chaque semaine de l’année. La journée est très réglementée, avec les sonneries, les récréations, etc. Mais dans cette routine, il y a aussi l’inconnu. On est tous les jours devant des élèves, on leur enseigne des activités et pour autant, c’est toujours différent car notre métier touche à l’humain. Nous avons aussi un temps libre et des vacances scolaires qui sont agréables, même si on sous estime souvent le travail de l’enseignant d’EPS en dehors des heures de cours. Un professeur certifié doit assurer 20h de cours devant élèves en temps complet. C’est-à-dire 17h d’enseignement devant l’élève et 3h minimum consacrées à l’association sportive.

Loïc : L’exigence de notre travail, au niveau psychologique et physique. Sur l’aspect physique, il faut être actif, debout toute la journée, désinstaller le matériel, garder sa vigilance constamment, cadrer une classe et des élèves avec chacun leur singularité, leurs besoins éducatifs particuliers (handicap, maladies, etc…). Notre classe peut s’organiser en extérieur, donc nous sommes aussi dépendants de la météo, qui peut être plus ou moins agréable. Même si le métier est riche, il touche à l’humain et plusieurs inconnues gravitent autour. Il faut affronter les réactions des élèves, parfois celles des parents, etc. Beaucoup de personnes pensent connaître le métier mais ils seraient étonnés de voir comment on se sent physiquement et mentalement après une seule séance de cours de 2h.

Il ne faut pas croire qu’être un enseignant d’éducation physique et sportive c’est devoir utiliser son sifflet et s’asseoir sur une chaise. On peut être confronté à des situations difficiles, être face à des élèves qui ont une vie pas simple et qu’il faut écouter et accompagner à notre niveau. Tout cela, il est difficile de le laisser dans un fichier, sur notre bureau, à la fin de la journée. Enfin, nous sommes fonctionnaires, il faut donc accepter que la mobilité n’est pas très souple et que l’on ne peut pas changer de poste ou de lieu de travail du jour au lendemain, par exemple.

Loïc : Sur la matinée, j’effectue mes cours d’EPS. Entre 12h et 14h, je peux parfois être à l’association sportive, qui est un autre volet axé sur l’animation. On donne davantage de responsabilités aux élèves (arbitre, coach, …) et ils peuvent pratiquer autrement. Cela peut nous amener à aller concourir dans des compétitions entre d’autres établissements, jusqu’au niveau national. Lorsque je rentre chez moi, l’idée c’est de prévoir les séances suivantes avec en tête l’apprentissage de l’élève. Pendant une séance, il doit progresser sur le plan moteur mais aussi sur tous les aspects de citoyenneté, dans son comportement et sa relation avec les autres.

Loïc : Je conseillerais aux lycéens d’échanger un maximum sur leurs idées et leurs projets avec leur propre professeur d’EPS. Il faut se renseigner, poser des questions à plusieurs acteurs, aller chercher des informations sur Internet, se renseigner auprès des UFR STAPS, etc. C’est un métier qui est très riche. Entre le professeur du lycée et celui de l’établissement d’à côté, il y a deux expériences différentes et deux façons d’envisager les choses. Pendant notre formation, les stages sur le terrain amènent à se rendre compte de ce que c’est réellement de gérer une classe, même si on est accompagné d’un tuteur. 

Loïc : C’est pour cela que l’on dit qu’il est important de préparer son cours. Notre métier se déroule en trois temps : la préparation, l’intervention et le bilan. J’évalue ce que j’ai fait et je m’en sers pour la prochaine étape, afin de commencer la préparation du prochain cours. Nous avons pour mission de garantir l’intégrité physique, morale et sociale des élèves. Il faut par exemple gérer le positionnement du matériel, établir ce que les élèves ont le droit de faire et ce qui est interdit. Il est fondamental également de garantir une sécurité affective entre eux, car la pratique peut facilement amener à la moquerie. On crée les conditions pour garantir une pratique effectuée en sécurité et pour intervenir en cas de transgression.

Loïc : Le métier est en constante évolution. Nous n’enseignons plus de la même manière que dans les années 90 ou 2000. L’élève est beaucoup plus au centre de l’apprentissage et on le rend davantage acteur. La relation entre l’élève et l’enseignant s’est transformée et se présente sous la forme d’une coopération. L’élève est acteur de sa propre progression et le professeur a un rôle de guide dorénavant. Aujourd’hui, le cours implique davantage l’élève et la relation qu’il entretient avec l’enseignant d’EPS est plus privilégiée. La pratique amène plus facilement les interactions, avec un retour à l’élève qui est plus direct et immédiat.

Lorsque l’on va voir un élève pour l’aider à progresser, on l’accompagne sur un mouvement, une technique sportive, etc. Ce retour instantané est assez caractéristique de notre discipline. Il y a une relation que l’on pourrait qualifier de plus « souple » et directe, ce qui n’empêche pas de rencontrer les mêmes difficultés que les autres enseignants. Nous devons, par exemple, réussir à gérer le groupe dans un espace et non une salle de classe délimitée. D’un autre côté, l’espace permet aussi un cadre moins rigide où les élèves sont parfois plus enclins à s’ouvrir que dans les autres matières.

Loïc : C’est une profession qui demande d’être passionné. Effectivement, il y a plein d’autres choses qui peuvent découler de ce métier. Pour l’instant, je suis dans une phase de réflexion, où je me demande si je peux envisager une autre façon d’intervenir. La formation des futurs enseignants est un aspect qui m’intéresse beaucoup ! J’ai la chance de commencer à le faire à l’université depuis quelques années, où j’interviens pour préparer justement aux concours du CAPES externe, de l’agrégation interne et externe. 


(vérifié par notre rédaction)    

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Enseignant d’éducation physique et sportive, un rôle à plusieurs facettes.

Un rôle éducatif complet : L’enseignant d’EPS du second degré, un des métiers de l’enseignement, accompagne les élèves dans leur épanouissement physique et mental à travers différentes disciplines sportives, en intégrant également des compétences sociales et citoyennes au sein de son enseignement.

Formation et parcours exigeants : Pour exercer le poste de professeur d’EPS, il est nécessaire de passer par un parcours académique rigoureux, incluant un master en éducation et la réussite d’un concours qui évalue les bonnes connaissances en pédagogie et les capacités physiques.

Défis et satisfaction professionnelle : Être professeur d’EPS présente de nombreux défis, psychologiques et physiques, liés à la gestion d’une classe active et à la responsabilité de la sécurité des élèves. Cependant, il offre aussi une satisfaction importante en contribuant au développement des jeunes, favorise leur esprit d’équipe, leur performance sportive, le sens de l’initiative, etc.

Évolution de la relation élève-enseignant : La dynamique entre élèves et enseignants a changé. L’enseignant de l’Éducation nationale devient un guide, rendant les élèves acteurs de leur apprentissage, ce qui favorise une coopération plus visible et un retour immédiat sur leurs actions.

Perspectives d’avenir : Un poste dans le domaine de l’EPS peut évoluer, avec des opportunités dans l’Éducation nationale, comme la formation. Loïc envisage d’enseigner à l’université, ce qui reflète une volonté de transmettre son expérience et d’aider la nouvelle génération d’enseignants.