Entre vieillissement de la population, usage intensif des écrans et innovations technologiques, la santé auditive et visuelle est en pleine mutation. David Cohen, audioprothésiste, et David Ohayon, opticien, tous deux co-directeurs de l’ENSAO, école supérieure d’audioprothèse et d’optique, dressent un état des lieux.
7questions à David Cohen et David Ohayon, co-directeurs de l'ENSAO

Comment se porte le secteur de la santé auditive et visuelle ?
David Cohen : Globalement, il reste solide. Nous ne sommes pas directement acteurs économiques comme les magasins, mais nous observons la demande en formation et en alternance. Sur l’optique et l’audioprothèse, elle demeure stable, avec seulement un léger ralentissement de la croissance en 2024. Surtout, les enseignes continuent de recruter des alternants et stagiaires : c’est un bon indicateur de vitalité.

Pourquoi ces métiers sont-ils plus utiles que jamais ?
David Ohayon : Parce que la demande est forte. Les lunettes sont devenues un produit courant, voire un accessoire de mode, et leur coût n’est plus un frein grâce aux gammes accessibles et aux dispositifs comme le 100 % santé.
David Cohen : Les appareils auditifs, longtemps perçus comme trop chers ou encombrants, se sont démocratisés grâce aux avancées technologiques et à une meilleure prise en charge. Ils sont désormais plus discrets, plus performants, souvent intégralement remboursés, et répondent à un besoin essentiel. Le vieillissement de la population accentue la demande, mais il faut aussi noter que les seniors d’aujourd’hui sont plus familiers des outils numériques et apprécient les fonctionnalités offertes par les appareils auditifs connectés à un smartphone, par exemple.

À quel profil d’étudiants s’adressent vos formations ?
David Cohen : Nous accueillons dès le niveau bac. Notre objectif n’est pas de recruter uniquement des profils scientifiques mais des étudiants motivés. Nous proposons des remises à niveau en mathématiques et en physique pour leur donner les bases nécessaires. Le rythme est soutenu, surtout en alternance, à raison de deux jours par semaine à l’école et trois en entreprise. Pour beaucoup de jeunes qui sortent du lycée, cela représente un vrai changement. Mais cette immersion professionnelle les rend immédiatement opérationnels.

Quelles sont les perspectives d’emploi ?
David Ohayon : Elles sont très bonnes. Les opticiens recrutent partout en France, parfois avec des difficultés à trouver des candidats, surtout hors des grandes métropoles. Bien qu’il y ait beaucoup de diplômés, la répartition géographique n’est pas toujours optimale.
David Cohen : Pour pallier ce manque, nous avons développé une formation d’audioprothèse en ligne, destinée notamment aux personnes déjà en poste ou en reconversion, qui suivent les cours le soir et le week-end tout en effectuant leur alternance près de chez elles. Le taux de réussite aux différentes formations dans notre école avoisine les 95 %. L’insertion sur le marché du travail est très rapide, surtout en optique. Pour l’audioprothèse, le parcours est un peu différent : nos étudiants obtiennent un diplôme espagnol, reconnu en France à condition de compléter par 12 mois de stages. La plupart trouvent un emploi une fois ce parcours accompli, même si les délais varient selon les situations personnelles.

Quelles évolutions technologiques marquent vos métiers ?
David Cohen : En audioprothèse, le smartphone a changé la donne. Grâce à lui, les patients peuvent ajuster leurs appareils plus facilement, profiter de réglages personnalisés, recevoir des appels directement dans leurs prothèses, bénéficier de télé-réglages à distance. Cette technologie décuple les performances, sans pour autant remplacer l’expertise du professionnel qui reste indispensable pour paramétrer et accompagner chaque patient.
David Ohayon : En optique, les innovations concernent à la fois les verres et les montures. Certaines lunettes intègrent déjà caméras et écouteurs, comme les modèles développés par Ray-Ban avec Meta. Pour le sport, Oakley propose des affichages directement dans les verres. Mais l’innovation la plus attendue reste celle des verres correcteurs adaptatifs, capables de se régler automatiquement à la vue de leur porteur. La recherche avance.

L’intelligence artificielle bouleverse-t-elle également vos métiers ?
David Cohen : Elle progresse, oui, mais surtout en appui. Dans les magasins, des chatbots renseignent les patients 24h/24 sur les horaires, la prise de rendez-vous ou les prix. C’est un gain de temps, mais l’humain reste incontournable pour la taille d’un verre ou l’ajustement d’un appareil. Côté formation, l’IA est aussi un outil pédagogique qui complète sans remplacer l’enseignement dispensé par nos formateurs.

Comment voyez-vous l’avenir du secteur ?
David Cohen : Prometteur. Les besoins en correction visuelle et auditive seront toujours là. Tout laisse à penser que ces métiers garderont leur utilité sociale et économique. La technologie continuera d’évoluer, mais toujours au service de l’humain. C’est ce qui rend ces professions passionnantes et durables.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Santé auditive et visuelle, un secteur prometteur ?
Une demande soutenue
Entre vieillissement de la population, démocratisation des lunettes et appareils auditifs, et usage accru des écrans, le secteur reste solide avec des besoins constants en recrutement.
Des métiers attractifs
Opticiens et audioprothésistes bénéficient d’excellentes perspectives d’emploi, notamment en dehors des grandes villes, avec un fort taux d’insertion et une demande supérieure à l’offre.
Des formations accessibles
L’ENSAO recrute dès le niveau bac et mise sur l’alternance pour professionnaliser rapidement les étudiants. Une offre en ligne permet aussi la reconversion ou la montée en compétences à distance.
Des innovations technologiques marquantes
Les appareils auditifs connectés aux smartphones facilitent les réglages, tandis qu’en optique, les lunettes intelligentes et les futurs verres correcteurs adaptatifs redéfinissent les usages.
L’IA en appui, pas en remplacement
Chatbots et outils numériques optimisent l’accueil et la formation, mais l’expertise humaine reste indispensable pour l’accompagnement personnalisé des patients.















