Depuis l’arrivée des plateformes, telles que Bolt ou Uber, taxis et chauffeurs VTC cohabitent sur les routes de toutes les métropoles françaises. Pour l’Express Éducation, Hocine Yousfi, directeur de l’école de taxis parisiens éponyme et Kevin, un de ses élèves, dressent un état des lieux de ce secteur, des transports publics particuliers de personnes (T3P).
L’année dernière, 52 000 candidats se sont inscrits aux examens, une baisse de 15 % par rapport à 2023. Pas de quoi alerter la CMA (annotation : Chambre des Métiers et de l’Artisanat) qui organise les épreuves, cependant le nombre de candidatures avait été multiplié par deux entre 2021 et 2023.
Malgré ce fleurissement du marché, les jeunes générations ne semblent pas totalement enclines à devenir taxis ou VTC. Pour elles, certaines questions restent en suspens. Qu’en est-il de la formation pour exercer ces professions ? Les perspectives d’avenir sont-elles au rendez-vous ?
Devenir taxi ou VTC
Selon une étude datant de juin dernier (annotation : L’édition 2025 du rapport de l’Observatoire national des transports publics particuliers de personnes), on recense, en France métropolitaine, plus de 56 000 chauffeurs VTC et près de 63 000 taxis.
Même si leurs quotidiens se ressemblent, leurs statuts ne sont pas vraiment identiques. Hocine Yousfi nous rappelle que pour devenir taxi, « il faut disposer d’une carte professionnelle, obtenue après la réussite à l’examen, et d’une ADS (annotation : une autorisation de stationnement) ». Cette dernière vaudrait environ 165 000 euros à Paris, « un chauffeur peut soit l’acheter soit la louer », explique-t-il.
Pour être VTC, pas besoin de débourser une telle somme, il suffit d’obtenir la carte professionnelle et d’exercer pour le compte d’une entreprise inscrite au registre des exploitants VTC (annotation : REVTC).
Mais les taxis ont néanmoins quelques privilèges. Ils sont notamment les seuls à pouvoir marauder, c’est-à-dire « stationner ou circuler en attente de clientèle aux bords de la route », souligne Hocine, lui-même ancien chauffeur parisien pendant près de 40 ans.
La formation : un vrai coup de pouce pour les candidats à l’examen
VTC ou Taxi, qu’importe, avant de pouvoir arpenter les rues, il faut se former et passer un examen obligatoire. « Les épreuves pour devenir VTC sont quasiment les mêmes que celles pour être taxi », raconte Kevin, 23 ans.
L’examen écrit comporte sept modules, cinq en tronc commun et deux spécifiques à chaque métier. Anglais, réglementation T3P, sécurité routière, comptabilité : les matières sont très disparates.
Après la théorie vient la conduite. « L’examinateur pose aussi des questions sur la ville dans laquelle le candidat souhaite pratiquer », partage Hocine Yousfi. « Je dois connaître Paris comme ma poche. Les monuments, les salles de spectacles, les bonnes adresses, les bons restaurants…», ajoute Kevin, actuellement en formation.
Le succès des candidats est loin d’être assuré. Le taux national de réussite pour l’épreuve théorique est de 77 % à l’examen taxi et 57 % à l’examen VTC. La formation, bien que facultative, s’avère être un vrai renfort. « Dans notre école, nous avons aussi des intervenants qui donnent des cours. Des employés de la préfecture ou encore des anciens députés tels que M. Thévenoud (annotation : auteur de la loi relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur en 2014) », témoigne Hocine.
« On a aussi un module gestion pendant la formation, lors duquel on est accompagnés sur les questions de financement de la licence, de statut juridique et de fiscalité. Il y a tout un suivi de la part de l’école même après l’examen », abonde Kevin.
Les VTC ont-ils vraiment le vent en poupe ?
Sur les 52 000 inscrits aux examens en 2024, 79 % candidataient pour devenir VTC. Les dynamiques des deux professions sont, d’apparence, très inégales. Avec l’avènement des plateformes, les VTC se sont multipliés. « Si les clients prennent des Uber ou des Bolt, c’est parce que les courses sont moins chères », commente Hocine Yousfi.
Pourtant, dans l’équation, ce ne sont pas les professionnels les grands gagnants. « Les chauffeurs VTC ne sont pas respectés, ils pensent pouvoir gagner beaucoup d’argent mais c’est de la poudre au yeux », s’exprime le directeur de l’école de taxis parisiens.
Même si le métier de taxi est mis en péril par la concurrence accrue des VTC, selon nos deux interviewés, la tendance pourrait bien s’inverser. « Un grand nombre de chauffeurs VTC ne sont pas satisfaits par la faible rémunération sur les plateformes et le manque de stabilité. Ils tentent de faire la passerelle pour devenir taxi, par le biais d’une formation complémentaire. »
Des métiers peu tendances chez les femmes et les jeunes
Le secteur des transports publics particuliers de personnes reste très masculin. En 2024, 83 % des candidats inscrits à l’examen taxi et 92 % pour celui des VTC étaient des hommes.
En parallèle, les 18-29 ans ne représentent que 13 % des chauffeurs VTC. De façon plus générale, la moyenne d’âge des candidats à l’examen VTC est de 37,0 ans et de 39,3 ans pour celui des taxis.
Pourtant, Hocine garde bon espoir, « des jeunes aussi viennent dans notre école. Pour eux, la formation est simple, en plus ils maîtrisent l’anglais, les réseaux sociaux et peuvent se faire des clients rapidement ».
Pour Kevin, dont le père Negmedine est taxi, la profession est une histoire de transmission familiale. « Je sors d’une licence en comptabilité, je compte être chauffeur à temps partiel, ce n’est pas incompatible avec mes études », déclare-t-il.
« Si ces métiers attirent peu les jeunes générations, c’est parce que la formation et l’examen ne sont pas très connus. De plus, être taxi ou VTC, c’est un travail exigeant, avec des horaires souvent lourds », ponctue-t-il.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : taxis et VTC, ces métiers en quête de renouveau face à la désaffection des jeunes générations
Un secteur en mutation
En France, on compte près de 63 000 taxis et 56 000 chauffeurs VTC, mais les vocations s’essoufflent. En 2024, 52 000 candidats se sont inscrits aux examens, soit 15 % de moins qu’en 2023. Si le marché reste dynamique, il peine à séduire les jeunes, freinés par une image vieillissante et des conditions de travail exigeantes.
Deux statuts, deux réalités
Le taxi bénéficie d’un statut réglementé : carte professionnelle et autorisation de stationnement (ADS), pouvant atteindre 165 000 euros à Paris. Le VTC, plus accessible, requiert seulement une carte et un rattachement à une entreprise inscrite au registre REVTC. Les taxis gardent toutefois un avantage décisif : le droit de maraude, c’est-à-dire la possibilité de prendre des clients dans la rue.
Une formation clé pour réussir
Avant de rouler, les candidats doivent réussir un examen exigeant en sept modules (anglais, sécurité, réglementation, comptabilité…). Les taux de réussite varient fortement : 77 % pour les taxis, 57 % pour les VTC. Les écoles spécialisées, comme celle d’Hocine Yousfi à Paris, jouent un rôle crucial grâce à un accompagnement complet, incluant la gestion, la fiscalité et la préparation à la conduite.
Les VTC dominent… mais à quel prix ?
Près de 8 candidats sur 10 visent aujourd’hui la carte VTC, attirés par la flexibilité des plateformes comme Uber ou Bolt. Mais derrière l’illusion de liberté, les revenus restent précaires et les conditions de travail instables. De plus en plus de chauffeurs quittent les plateformes pour devenir taxis, cherchant une meilleure sécurité professionnelle et une autonomie accrue.
Des métiers encore peu attractifs pour les jeunes et les femmes
Le secteur reste massivement masculin (83 % d’hommes chez les taxis, 92 % chez les VTC) et vieillissant (âge moyen : 37 à 39 ans). Les 18-29 ans ne représentent que 13 % des VTC, malgré une formation désormais plus accessible et connectée. Pour Hocine Yousfi, le défi est de valoriser ces métiers et de mieux faire connaître leurs débouchés : « Les jeunes maîtrisent les outils numériques, ils ont leur place dans ce secteur, s’ils osent s’y engager. »













