Dans un monde traversé par les crises et les transitions, Grenoble École de Management (GEM) s’appuie sur la science-fiction pour imaginer des futurs possibles et préférables. Grâce au design fiction, les étudiants de l’école grenobloise imaginent et inventent leur métier de rêve à horizon 2030.
GEM utilise le design fiction comme outil stratégique pour former les leaders de demain. Cette approche expérimentale, alliant créativité, anticipation et esprit critique, prépare les étudiants à transformer les incertitudes du futur en opportunités.
Visionnaire de la pédagogie, Hélène Michel explore depuis plus de dix ans le potentiel du jeu et du design fiction pour penser les futurs possibles. Aujourd’hui, elle poursuit cette exploration à travers une approche immersive qui mobilise la science-fiction pour interroger le présent et inventer des futurs possibles. « Nous n’enseignons pas le futur. Nous apprenons à le concevoir, à s’y préparer, à le questionner voire à le rendre tangible », explique-t-elle.
Le design fiction : pédagogie des futurs
Pour GEM, le design fiction dépasse le simple exercice créatif : c’est une méthode expérimentale et critique qui forme les étudiants à anticiper les transformations économiques, sociales et technologiques. Il s’agit alors d’utiliser des méthodes narratives issues de la science-fiction (dystopie, utopie, uchronie, etc…) pour concevoir des futurs proches (à moins de 15 ans) et préférables (que l’on aimerait bien voir s’accomplir).
« Je pense qu’un de nos leviers, ce n’est pas uniquement de former à des méthodes, mais aussi d’encourager les jeunes à concevoir et donner corps à ce que pourraient être des futurs du travail, de la relation avec l’IA, etc. » Pour cela, les cours de design fiction dispensés à GEM prennent d’abord la forme d’une partie théorique durant laquelle les jeunes mobilisent, analysent et commentent des œuvres de science-fiction de notre temps comme Black Mirror, les films de Stanley Kubrick, les livres de Jules Vernes, et identifient des scénarios réalisables et surtout préférables.
À eux, ensuite, de s’en inspirer pour créer leur propre narrative et raconter une histoire qui peut prendre des formes très variées : podcast, articles, vocaux, etc. Ils produiront ensuite un “artefact” : une illustration tangible de leur scénario, une façon de donner corps à ce futur qu’ils ont imaginé.
Scénarios et artefacts : un exemple de projet
C’est ainsi que l’un des projets d’étudiants, conduit dans le cadre de l’IRT Nanoelec avec le CEA et ST Microelectronics, et axé autour de la question de notre relation à notre maison dans le futur, a donné lieu à la publication d’un catalogue ADDVISA (sur le type IKEA) présentant 5 collections, pour 5 types de relation future à notre domicile.
Par exemple pour la collection « Maison fonctionnelle », ils ont imaginé TRÄND, un outil qui détecte la structure des matériaux avant de se lancer dans le bricolage.

Pour la collection « Maison consciente » ils ont imaginé RENSTAD, un service de ménage de données, permettant d’effacer toutes (ou certaines) de ses traces numériques dans le domicile.

De l’imaginaire à des opportunités d’emplois ?
L’imagination des futurs possibles mène ainsi les étudiants à construire de nouveaux usages, de nouveaux besoins et donc de nouveaux métiers. Il leur est alors proposé de rédiger l’offre d’emploi de leur rêve, si elle était publiée en 2030. Diego Arce Mejia, étudiant en Data Science originaire du Guatemala, a alors conçu le poste d’un agriculteur urbain utilisant un jumeau numérique et des capteurs IoT pour cultiver durablement en ville. Une autre étudiante, Pei Pei, venue de Chine, a quant à elle imaginé le métier de designer d’émotions pour robots compagnons. Ujjwal, venu d’Inde, s’imagine devenir responsable de la certification des vols de drones en milieu urbain.
« Imaginer mon métier du futur m’a permis de me projeter sur mes valeurs et mes convictions dans un futur possible. Grâce au design fiction, j’ai créé le rôle de Digital Twin Farmer, un poste mêlant technologie et durabilité pour repenser l’agriculture de demain et répondre aux défis d’un secteur essentiel mais fragilisé. Cette pédagogie expérimentale nous pousse à explorer les enjeux du futur tout en développant notre créativité et notre sens critique », explique Diego.
Entre la fiction et la réalité, il n’y a peut-être qu’un pas. « Ces récits révèlent les attentes des étudiants : durabilité, sens et technologie au service du vivant. Ils inspirent aussi les entreprises sur les compétences à développer à l’horizon 2030. Peut-être que Diego deviendra le premier agriculteur urbain au Guatemala ! » résume Hélène Michel.
À LIRE AUSSI
Lancement du Musée des futurs proches : l’imagination au service de l’innovation
En continuité du parcours design fiction, GEM a lancé en octobre dernier son Musée des Futurs Proches : un laboratoire vivant de l’imaginaire. Cette exposition immersive accessible au Campus des Alpes de GEM, mêle art, technologie et réflexion prospective pour explorer les futurs possibles à travers des artefacts inédits, réalisés par les étudiants.
Le musée propose également des ateliers immersifs pour co-créer des futurs désirables avec étudiants, chercheurs et entreprises, ainsi que des expositions itinérantes. Il est sélectionné pour les QS Reimagine Education Awards 2025, dans la catégorie Innovation in Business Education, qui se tiendront du 1er au 3 décembre à Londres.
Savoir se montrer visionnaire : une compétence clé pour les jeunes ?
Philippe Monin, Directeur académique de GEM, en est convaincu : « Dans un monde incertain, la capacité à imaginer des futurs alternatifs devient une compétence stratégique. Le design fiction aide nos étudiants à articuler vision, créativité et esprit critique : trois piliers essentiels du leadership responsable. »
Et Hélène Michel de conclure : « Plus que jamais, il est stratégique de ne pas laisser les imaginaires de nos jeunes occupés de façon globale, mais de leur donner à voir comment ils peuvent contribuer à bâtir leur propre imaginaire, leur préférable.
»
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : design fiction, quand les étudiants de GEM conçoivent le job de rêve du futur
Le design fiction, une pédagogie pour anticiper les futurs
GEM utilise la science-fiction comme outil pédagogique pour aider les étudiants à imaginer des futurs possibles et préférables. Cette méthode critique les forme à comprendre les mutations économiques, sociales et technologiques à horizon 2030.
Une approche créative qui mêle analyse, narration et production
Les étudiants s’appuient sur des œuvres comme Black Mirror ou Jules Verne pour créer leurs propres récits. Ils réalisent ensuite un “artefact” — objet ou support tangible — qui matérialise le futur imaginé, comme un catalogue de produits futuristes conçu avec des partenaires industriels.
Imaginer des métiers innovants et porteurs de sens
Le design fiction conduit les étudiants à inventer leur “job de rêve” de 2030 : agriculteur urbain doté d’un jumeau numérique, designer d’émotions pour robots compagnons, ou encore responsable de la certification des vols de drones. Technologie, durabilité et sens sont au cœur de leurs aspirations.
Un révélateur des attentes de la nouvelle génération
Ces récits mettent en lumière ce que les jeunes recherchent : impact environnemental, innovation utile, technologie au service du vivant. Ils offrent aussi aux entreprises des pistes pour anticiper les compétences clés de demain.
Le Musée des Futurs Proches, un laboratoire d’innovation
GEM a lancé une exposition immersive où artefacts et ateliers permettent de co-créer des futurs désirables avec étudiants, chercheurs et entreprises. Sélectionné aux QS Reimagine Education Awards 2025, ce musée incarne l’ambition de GEM : faire de la vision prospective une compétence centrale du leadership responsable.















