Face à la pénurie de cadres capables de « piloter la révolution IA » en entreprise, les écoles de commerce réorganisent leurs MBA et EMBA.
Adriano Battistoni a fait le pari de l’Intelligence artificielle en intégrant l’Executive MBA de l’ESSEC en 2024. Ingénieur de formation, cadre chez Hitachi, il se heurtait jusqu’alors à un plafond de verre. « Il me manquait les compétences en commerce, organisation et finances. Le MBA était l’évidence », raconte-t-il. L’investissement a été coûteux : environ 50 000 euros, réduits de moitié grâce à une bourse de l’ESSEC, au soutien financier de son entreprise et aux crédits de formation. Coûteux, mais rentable : « J’étais simple manager d’une équipe d’opérations commerciales. Je suis devenu directeur de l’usine IA d’Hitachi Digital, chargé d’orchestrer et de financer tous les projets IA du groupe. »
Boom de l’IA : les écoles adaptent leur programmes MBA et EMBA
Ce n’était pourtant pas le cœur de son EMBA, généraliste par nature, mais l’ESSEC a su s’adapter à l’actualité d’une époque marquée par l’explosion des IA génératives. « Nous avons vécu en direct la bascule avant/après ChatGPT, se souvient Adriano Battistoni. Et j’ai vu les professeurs réorienter les contenus et même la méthodologie des examens pour tenir compte de cette révolution ». L’excellence d’un MBA réside selon lui dans cette capacité à adapter l’enseignement aux défis économiques du moment. Concrètement, cela signifie partir des bases de la gestion de projet — évaluer le retour attendu d’un investissement, par exemple — pour les appliquer aux nouveaux enjeux, en l’occurrence l’émergence des IA.
Cette adaptation continue reste cependant l’apanage des très grandes écoles. « Beaucoup de MBA se contentent d’ajouter un bloc IA sur des modules antérieurs inchangés, avertit Joachim Massias, directeur pédagogique du MBA Intelligence artificielle et data innovation du Pôle Léonard de Vinci. C’est insuffisant. Il est indispensable de repérer ce qui relève du simple discours marketing ». Créé en 2017, le programme pionnier de cet établissement des Hauts-de-Seine accueille une trentaine d’élèves par promotion. La plupart sont des cadres d’entreprises du CAC 40, mais on y trouve aussi des profils en reconversion et de jeunes ingénieurs porteurs de projets entrepreneuriaux.
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MBA en IA, des débouchés séduisants
Les perspectives, elles, peuvent être séduisantes. « Nos diplômés évoluent vers des postes de chef de projet IA, directeur innovation ou transformation numérique », explique Joachim Massias. Avec, à la clé, des salaires supérieurs à 70 000 euros annuels. Mais attention, le marché reste incertain : « 95 % des projets IA ne dépassent pas le stade pilote en entreprise. C’est pour cela que l’on a besoin de former des cadres capables de passer du discours à l’implémentation réelle. »
Au-delà du prix – de 14 900 € au Pôle Léonard de Vinci à 99 000 € pour HEC – d’autres critères permettent de distinguer le bon MBA en IA. Vérifiez d’abord les labels et classements reconnus (Eduniversal, RNCP Niveau 7). Le contenu, lui, doit couvrir à la fois les fondamentaux techniques (données, IA générative, cybersécurité), éthiques, et leur application concrète au management : comment l’IA transforme la finance, le marketing ou les RH. Méfiez-vous d’un module qui proposerait « Dix prompts magiques pour chatGPT » !
Le point décisif, bien sûr, reste la qualité du corps professoral. « Un MBA en IA doit être animé par des praticiens capables de répondre aux problèmes du quotidien en entreprise », insiste Joachim Massias. Or, les écoles ont du mal à trouver des experts, alors que leurs compétences sont souvent mieux rémunérées ailleurs. C’est pourquoi les programmes véritablement spécialisés en management de l’IA restent rares en France. D’où l’importance de choisir une école crédible.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : la transformation des MBA face à la révolution de l’intelligence artificielle
Les MBA s’adaptent à la révolution IA
Face à la pénurie de cadres capables de piloter la transformation numérique, les grandes écoles revoient leurs programmes de MBA et Executive MBA pour intégrer l’intelligence artificielle au cœur de leurs enseignements.
L’ESSEC, exemple d’adaptation en temps réel
L’école a su ajuster son Executive MBA dès l’apparition de ChatGPT, réorientant cours et examens pour répondre aux nouveaux enjeux économiques liés à l’IA, preuve d’une pédagogie agile et connectée au monde réel.
Des formations spécialisées émergent
Le MBA Intelligence artificielle et data innovation du Pôle Léonard de Vinci, lancé dès 2017, fait figure de pionnier. Il attire cadres du CAC 40, ingénieurs et entrepreneurs cherchant à maîtriser la mise en œuvre concrète de projets IA.
Des débouchés prometteurs mais exigeants
Les diplômés accèdent à des postes stratégiques — chef de projet IA, directeur innovation ou transformation numérique — avec des salaires dépassant 70 000 € annuels. Mais seuls 5 % des projets IA aboutissent réellement, faute de cadres formés à l’implémentation.
Choisir le bon MBA en IA
Au-delà du coût (de 15 000 € à 99 000 €), il faut vérifier les labels (Eduniversal, RNCP), la richesse des contenus (technique, éthique, managériale) et surtout la qualité du corps enseignant. Les meilleurs programmes sont animés par des praticiens capables de relier théorie et réalité de l’entreprise.













