L’offre de formation en intelligence artificielle explose en France : écoles d’ingénieurs, de commerce et universités rivalisent pour attirer les étudiants.
Quand elle était lycéenne, Marie, 22 ans aujourd’hui, ne savait pas vraiment quel métier choisir. Mais elle en était sûre : elle voulait « faire quelque chose en rapport avec l’intelligence artificielle et l’hydrographie ». Aussi, logiquement, après sa prépa scientifique, a-t-elle choisi l’ENSTA parmi une offre de formation en IA pléthorique. Et, plus précisément, sa spécialité Systèmes d’observation et Intelligence artificielle, laquelle l’a initiée notamment à la conception de systèmes de traitement d’images radar, largement utilisées en hydrographie. « J’ai beaucoup aimé ces trois années d’études car, grâce à des cours en IA dès la deuxième année, j’ai pu mettre en œuvre de façon concrète toutes les mathématiques apprises en prépa. J’ai exploré de nombreux champs d’application, dont certains inattendus, comme la robotique. Et pendant mon stage dans un hôpital à Rotterdam, j’ai travaillé sur un logiciel de détection des fractures initialement conçu pour détecter les défauts de pièces fabriquées en usine. C’était passionnant ». Une fois diplômée, Marie a vite trouvé du travail, en l’occurrence à l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (Amiad).
Comme Marie, de plus en plus d’étudiants sont attirés par l’intelligence artificielle, sans savoir quelle formation choisir. Il est vrai que l’offre est vaste puisque l’IA, loin d’être réservée aux écoles d’informatique, est désormais présente dans toutes les écoles d’ingénieurs et de commerce. « Tous nos étudiants sont formés à l’Intelligence artificielle, quel que soit leur niveau de diplôme (bachelor, master, master of science, doctorat), confirme Louis-David Benyayer, professeur et responsable du déploiement de l’intelligence artificielle à l’ESCP. Sachant que l’IA est une technologie centrale, tous nos cursus ont été revus pour en tenir compte. C’est ainsi qu’un cours sur les ressources humaines, par exemple, va forcément aborder l’impact de l’IA sur l’encadrement des équipes, l’organisation du travail, le recrutement. Nous allons aussi leur apprendre à bien utiliser l’IA dans le cadre de leurs études ».
Des débouchés assurés
Parallèlement à cette acculturation, les formations destinées à former des ingénieurs experts en IA se sont multipliées, avec toutes de très bons taux d’insertion. Les experts du secteur comme Laure Lucchesi, ex-directrice d’Etalab (direction interministérielle du numérique), et Malo Gaudry, du cabinet de transformation digitale Ekino, citent les mêmes noms : Polytechnique, CentraleSupélec, pour les plus prestigieuses, l’Epita, l’Efrei, IMT-Mines d’Alès, pour les moins connues. Sans oublier les nombreux masters universitaires en IA, comme le souligne Laure Lucchesi : « Le passage par l’université et ses laboratoires de recherche très pointus représente un pas de plus vers l’excellence. Nombre de talents français, comme les fondateurs de Mistral AI, Arthur Mensch et Guillaume Lample, ont fait une thèse. C’est notamment leur formation par la recherche qui rend ces profils innovants. »
Parmi ces diplômes en intelligence artificielle « qui font tilt sur un CV », selon la formule du DRH de Mistral AI, Charles de Fréminville, le master MVA (Mathématiques, Vision, Apprentissage) de l’ENS Paris-Saclay se distingue par son ancienneté : « Il a été ouvert en 1996, précise Laurent Oudre, son directeur. Nos étudiants viennent des grandes écoles et de très bonnes facultés de mathématiques françaises, comme celles de Saclay, Toulouse et Rennes. Après leur master, les deux tiers de nos diplômés rédigent une thèse, ce qui est logique puisque leur année de master les prépare bien à la recherche – beaucoup de nos professeurs sont d’ailleurs des alumnis. Les autres trouvent du travail après leur M2 sans aucune difficulté, aussi bien dans des start-up que dans de grands groupes internationaux ou français. Certains créent même leur entreprise ».
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Une approche critique de l’IA
Celles et ceux qui ne sont pas portés sur les mathématiques à haute dose peuvent se tourner vers des doubles cursus et des formations hybrides, qui forment des managers experts en IA. -Malo Gaudry cite le bachelor en Sciences des données pour un management responsable (Data Science for Responsible business) proposé par l’EM Lyon avec Centrale Lyon, ou bien le master analyses de données et IA (Business Analytics and IA) de l’ESCP. Des diplômes qui mêlent connaissances en IA et en sciences de gestion. Là encore, les débouchés sont assurés, que ce soit chez les acteurs du numérique, dans les cabinets de conseils, mais aussi dans les entreprises qui développent l’usage de la donnée et en produisent en grande quantité, comme CMA CGM ou L’Oréal.
Ces formations ont un point commun : qu’elles forment des ingénieurs ou des managers, elles dispensent toutes une approche critique de l’IA. « Le discernement et la capacité à prendre du recul vont devenir des capacités très importantes au fur et à mesure que l’IA va s’imposer dans les entreprises », souligne Malo Gaudry. « L’enjeu consiste à former des décideurs capables d’effectuer des choix technologiques éclairés permettant d’aligner les enjeux concernant l’éthique, la souveraineté et la soutenabilité, y compris dans le domaine social », complète Laure Lucchesi. Ces écoles proposent ainsi des ateliers sur la propriété intellectuelle, l’impact environnemental, et même des cours de philosophie et de géopolitique. De quoi mieux cerner ce nouveau “nerf de la guerre” qu’est en train de devenir l’IA.
* Master co-accrédité avec l’Institut Polytechnique de Paris, l’École Nationale des Ponts et Chaussées et Université Paris Cité.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les meilleures écoles pour se former à l’intelligence artificielle (IA)
Une offre de formation en pleine explosion
L’intelligence artificielle s’impose désormais dans toutes les filières : écoles d’ingénieurs, de commerce et universités. Les programmes se multiplient pour répondre à la demande croissante des étudiants attirés par ce domaine stratégique.
Des formations d’excellence reconnues
Polytechnique, CentraleSupélec, l’ENSTA, l’Epita ou encore l’Efrei comptent parmi les établissements les plus réputés. À l’université, le master MVA (Mathématiques, Vision, Apprentissage) de l’ENS Paris-Saclay fait figure de référence depuis 1996.
Des débouchés assurés
Les diplômés en IA trouvent rapidement un emploi, que ce soit dans des start-up, des grands groupes ou la recherche. Certains choisissent même la voie entrepreneuriale, portés par la forte demande en compétences IA sur le marché.
Des formations hybrides et inclusives
Pour les profils moins scientifiques, des cursus conjoints entre écoles de commerce et d’ingénieurs – comme EM Lyon x Centrale Lyon ou ESCP – forment des managers capables de piloter l’IA au service d’un management responsable et éthique.
Une approche critique et éthique de l’IA
Au-delà de la technique, les écoles insistent sur la réflexion autour de l’éthique, de la soutenabilité et de la souveraineté technologique, avec des cours de philosophie, de géopolitique et d’analyse des impacts sociaux et environnementaux.




















