Le classement des écoles de commerce et d’ingénieurs les plus engagées dans la transition écologique, réalisé par ChangeNOW avec les Echos, s’est imposé comme une référence dans le domaine pour de nombreux établissements. Mais avec quelle ambition ?
La cinquième édition du classement des écoles de commerce et d’ingénieurs les plus engagées dans la transition écologique sortira en décembre prochain. Pour Santiago Lefebvre, fondateur et président de ChangeNOW, l’idée du classement s’est rapidement imposée pour « construire un cadre pour transformer les écoles ». « Aujourd’hui, nombre d’écoles utilisent le classement comme un levier de changement sur les sujets de transition écologique et de RSE », estime-t-il.
Pour Yann Gunzburger, responsable de la cellule TSE (transformation sociaux-écologique) des Mines Nancy, lauréate de la précédente édition, ce classement n’est pas forcément un levier d’action. « Avec ou sans ce classement, on ferait exactement la même chose, parce que la transition écologique est aujourd’hui essentielle pour les écoles d’ingénieurs ».
Cependant, ce classement reste selon lui, une forme de reconnaissance d’un travail interne difficile et exigeant. « C’est une satisfaction pour le travail engagé et cela permet aussi d’embarquer davantage de collègues puisqu’il y a des retombées », résume le responsable de la cellule TSE.
Même constat pour Anthony Briant, directeur général de l’École des Ponts, troisième sur le podium de 2024. « Les classements sont un indicateur. Et celui-ci, qui est assez unique parce qu’il fait la part belle aux enjeux de transition, envoie des signaux à nos écosystèmes et à nos usagers. Il y a une reconnaissance de ce qu’on fait auprès de notre ministère de tutelle – celui de la transition -, mais aussi auprès des étudiants qui s’interrogent sur l’action des écoles d’ingénieurs sur les questions de transition. »
Une méthodologie “robuste” qui sert de “feuille de route”
Concrètement, la méthodologie du classement a été réalisée avec l’association un Réveil écologique et les Echos Start. « Il existe six grandes familles de critères, certains touchent à la pédagogie, la recherche. D’autres touchent à l’exemplarité de la gouvernance, la force des diplômés dans le secteur de l’impact… »
Le classement intègre aussi un volet diversité et égalité des chances. « Pour faire face aux enjeux, les étudiants seront mieux préparés s’ils sont formés avec des étudiants étrangers, dans la mixité sociale et dans une logique d’inclusion », estime Santiago Lefèvbre.
La méthodologie se veut robuste et stable dans le temps pour que les écoles puissent se servir du classement comme feuille de route. « Depuis sa création, le classement a apporté aux établissements – notamment aux écoles de commerce – des outils et des données pour impulser la transformation. Certaines écoles ont fait des efforts notables comme l’ESSEC, première école de commerce depuis deux ans, mais aussi, l’ESCP et l’EMlyon qui ont aussi une approche très pertinente. On voit un mouvement général avec une montée en qualité dans l’ensemble des formations », estime Santiago Lefèbvre.
Côté écoles d’ingénieurs, certains établissements ont intégré les enjeux de transition écologique depuis de nombreuses années. À l’Ecole des mines Nancy, « la réflexion sur ce sujet a commencé il y a dix ans et nous avons accéléré depuis cinq ans. La transition écologique est un changement de paradigme radical. Les écoles d’ingénieurs n’ont pas vécu de bouleversement aussi important depuis de nombreuses années. Dans ce contexte, on parle de l’avenir de la société, on va au-delà de la technique et des apprentissages pour toucher les valeurs et l’éthique notamment via les humanités », estime Yann Gunzburger.
De son côté, l’école des Ponts s’est orientée vers les enjeux de transition dès le début des années 2010 avec un référentiel de compétences et une offre d’enseignements qui intègre les questions de transition écologique.
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Nourrir tous les étudiants de connaissances sur les enjeux de transition
Parmi les critères du classement figure l’intégration de la transition écologique et sociale dans les programmes. Sur ce volet, l’ensemble du parcours dès la première année à l’école des Ponts et chaussées est construits autour de cet enjeu. « Nous organisons des cours d’ouverture dans lesquels nous présentons les enjeux de la transition, les outils qui sont à disposition des ingénieurs. Il y a aussi un dialogue entre les sciences de l’ingénieur et les SHS parce qu’on ne peut pas concevoir la transition sans cette vision globale. L’objectif est vraiment d’amener nos élèves à avoir leur réflexion propre pour développer leur esprit critique », affirme Anthony Briant.
Même logique à Mines Nancy qui propose un volume de 800 heures accessibles sur les sujets de transition. « Il est important de donner des connaissances à des étudiants engagés et curieux sur ces sujets mais surtout de s’assurer que tous les étudiants vont acquérir ces connaissances et ces compétences. Ce qui compte pour nous, ce sont les connaissances de base que nous donnons à tous nos étudiants, comme tronc commun scientifique. »
Côté école de commerce, l’Essec impose depuis 2020 une formation obligatoire sur les enjeux environnementaux et sociaux à tous les nouveaux étudiants en formation initiale. L’école a aussi adapté ses cours fondamentaux de gestion pour inclure les aspects environnementaux et sociaux. « Des sujets tels que la comptabilité extra-financière, les green bonds, le marketing responsable ou les impacts socio-environnementaux des nouvelles technologies font désormais partie des enseignements de gestion obligatoires », précise l’ESSEC dans un communiqué.
Favoriser la promotion des entreprises et des métiers à impact
Parmi les autres critères du classement, ChangeNOW valorise également la présence de “bonnes entreprises” soit via le parcours des alumni soit sur les salons de recrutement. « Nous distribuons aussi des points de pénalités quand il y a des entreprises d’énergie fossiles dans les boards des écoles », précise Santiago Lefèbvre.
Là encore, Mines Nancy se distingue avec l’organisation d’un forum des métiers à impact. « Dans ce forum, on retrouve des industries qui proposent des métiers transformants avec des postes à responsabilités mais aussi des entreprises plus petites, plus locales, engagées dans la dynamique. En parallèle, on organise aussi des forums plus classiques mais finalement les deux convergent », Yann Gunzburger.
L’ESSEC valorise aussi les métiers et les entreprises qui mettent l’impact au cœur de leur mission. Comme les Mines, l’école organise un “Forum des métiers à impact”. Les étudiants découvrent comment certaines entreprises intègrent ces enjeux à leur modèle économique et ont aussi accès à des offres de stage, d’apprentissage et de premier emploi dans le domaine de la transition.
À l’école des Ponts, la vision est différente. « Une école comme la nôtre travaille sur des infrastructures matérielles, sur des territoires et des industries qui marquent l’environnement. On doit réfléchir à des matériaux moins polluants dans le BTP, à l’éco-conception des infrastructures… ce qui nous oblige à réfléchir avec tous types d’entreprises pour mieux concevoir ces infrastructures », insiste Anthony Briant.
Et pour y répondre, l’école s’appuie sur des chaires de recherche qui alimentent la réflexion de tous les champs de l’ingénierie sous le prisme de la transition. « Sur nos 15 chaires, 11 sont orientées vers la transition », rappelle le directeur général.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Classement ChangeNow, levier de la transition écologique dans les grandes écoles ?
Un classement devenu référence
Lancé par ChangeNOW et Les Échos, ce palmarès des écoles de commerce et d’ingénieurs engagées dans la transition écologique s’impose comme un outil reconnu pour mesurer et encourager l’action des établissements.
Un outil de transformation
La méthodologie, conçue avec l’association Un Réveil écologique, repose sur six familles de critères (pédagogie, recherche, gouvernance, diversité, impact des diplômés, etc.) et sert de feuille de route aux écoles pour améliorer leurs pratiques.
Des écoles déjà engagées
Mines Nancy, l’École des Ponts ou l’ESSEC intègrent largement la transition écologique dans leurs programmes, avec des centaines d’heures de cours, des référentiels de compétences et des enseignements obligatoires sur les enjeux environnementaux et sociaux.
Favoriser les métiers à impact
Le classement valorise les écoles qui promeuvent les entreprises engagées via forums, partenariats et stages, tout en pénalisant celles qui collaborent avec des acteurs des énergies fossiles.
Une dynamique en forte progression
Si certaines écoles d’ingénieurs avaient déjà amorcé cette transition il y a dix ans, le classement a accéléré la prise de conscience, en particulier dans les écoles de commerce, avec une montée en qualité générale de l’ensemble des formations.












