Bienvenue dans 20 sur 20, le podcast de L’Express Education. Philippine Dolbeau, entrepreneure, conférencière et animatrice télé, y accueille des personnalités du monde de l’éducation, des hommes et des femmes inspirants venus livrer leurs réflexions sur l’école d’aujourd’hui et de demain. Alors, qu’ils soient chercheurs, entrepreneurs de la EdTech, professeurs, parents, politiques ou même philosophes, tous partagent la même volonté de transformer l’éducation et de préparer la nouvelle génération aux défis de demain. Chaque semaine dans 20 sur 20, nous découvrons ces acteurs qui font bouger les lignes de l’éducation.
Dans cet épisode, Philippine Dolbeau rencontre Étienne Peyrat, 35 ans et directeur de Sciences Po Lille. Auparavant, il a occupé divers postes académiques et administratifs, ce qui lui a permis d’acquérir une vision globale des enjeux de l’enseignement supérieur. Sa passion pour l’éducation se reflète dans sa volonté d’innover et d’adapter les programmes aux besoins contemporains des étudiants et du marché du travail. Sous sa direction, Sciences Po Lille a notamment renforcé son rôle dans la formation des citoyens engagés et des professionnels compétents, tout en abordant des questions essentielles telles que la diversité, l’inclusion et l’impact social.
Vous êtes passionné d’histoire et de relations internationales ?
Étienne Peyrat : En tant que directeur et enseignant de l’Institut d’études politiques de Lille, j’essaie de transmettre ces disciplines aux étudiants. De mes années à l’École normale supérieure à la Sorbonne, j’ai toujours été intéressé par cette combinaison, entre la discipline historique et la dimension internationale. On le voit, pour le pire et le meilleur à l’heure actuelle. Si on ne comprend pas le monde et les relations internationales, c’est quand même difficile de devenir un décideur.
Qui rêviez-vous de devenir quand vous étiez petit ?
Étienne Peyrat : Je rêvais de devenir archéologue, notamment grâce au magazine Arkéo Junior, où on parlait de Christiane Desroches Noblecourt. Elle avait fondé l’égyptologie en France et avait contribué au sauvetage d’un certain nombre de grands monuments en Égypte, dans les années 50. Finalement, j’ai évolué vers d’autres choses, mais j’avais déjà cet intérêt pour l’histoire et puis pour des régions qui sont un peu plus loin de la France, mais qui ont des liens historiques forts et qui sont importantes pour nous.
Pourquoi la Turquie et l’Ukraine sont des pays qui vous ont particulièrement intéressé ?
Étienne Peyrat : En Turquie, j’ai eu l’occasion d’enseigner dans un établissement qui s’appelle l’Université Galatasaray, fondé dans un partenariat entre la France et la Turquie. En Ukraine, je travaillais au sein de l’Institut français à Kiev. Je travaillais dans la programmation culturelle, avec des projections organisées pour promouvoir le cinéma français. Je faisais de la traduction vers le russe et l’ukrainien. Kiev est une ville qui était très dynamique, très vivante, avec des gens qui ont un vrai intérêt pour les liens avec l’Europe.
Quels sont les moments clés de votre carrière ?
Étienne Peyrat : Je suis arrivé dans le Nord de la France en 2016. J’ai passé un an à Valenciennes, dans l’Université Polytechnique Haute-France, pour enseigner l’histoire. Je suis passé à Sciences Po Lille un an plus tard. Dans les carrières universitaires actuelles, peu de postes sont proposés aux personnes qui ont fait une thèse mais j’ai eu cette chance. Le deuxième moment clé, c’est évidemment en découvrant Sciences Po Lille. […] L’école s’est développée très rapidement et j’ai eu envie de m’y investir. Cela a été l’occasion de découvrir l’impact d’une école sur un territoire qui a énormément d’acteurs économiques, institutionnels et des collectivités.
Pendant deux ans et demi, j’ai été Premier vice-président à l’Université de Lille. L’école a une taille raisonnable, qui permet à la fois de connaître les étudiants, les collègues et le personnel. L’Université de Lille est un gros établissement, avec un impact important dans les Hauts-de-France, mais avec aussi ses forces et ses défis. C’est intéressant d’avoir vu deux institutions avec des modes de fonctionnement très différents et qui dessinent le paysage de l’enseignement supérieur.
35 ans, directeur de Sciences Po Lille, c’est exceptionnel comme parcours.
Étienne Peyrat : Je pense que c’est toujours intéressant d’avoir une diversité aussi d’âge et d’expérience à la tête des institutions. Je ne fais pas partie de ceux qui disent que la jeunesse est forcément une preuve de compétence. L’âge, en sens inverse, ne l’est pas non plus nécessairement. C’est intéressant d’avoir différents types de profils. Selon sa génération, selon ce qu’on a fait, on peut avoir des regards différents et les institutions ont besoin de cette diversité. Il faut un peu de tout pour faire une école comme pour faire un monde.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager dans le domaine de la transmission de l’enseignement supérieur ?
Étienne Peyrat : […] C’est plutôt quelque chose qui a émergé par des hasards. À la fin de l’ENS, j’ai décidé de faire une thèse. J’ai eu la chance d’avoir des expériences qui ont marché, qui m’ont intéressé, des gens aussi qui m’ont accompagné. Je reconnais que mon expérience d’enseignement, c’est quelque chose auquel je suis très attaché. Je garde un certain nombre de cours aujourd’hui, car c’est toujours une respiration intellectuellement. Je pense que la relation avec les étudiants est importante. Il faut avoir à la tête des institutions de l’enseignement supérieur, des personnes qui savent ce que veut dire enseigner et faire de la recherche. C’est aussi un élément de crédibilité, qui permet d’avoir une relation avec les collègues et la communauté étudiante, qui n’est pas qu’une relation de direction. Cela fait partie de ce que l’on appelle l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur. […]
Quels sont les beaux projets à défendre pour l’Institut d’études politiques de Lille ?
Étienne Peyrat : À Sciences-Po Lille, ce qui a peut-être marqué l’école depuis sa création en 1991, c’est sa capacité à être à l’écoute d’un certain nombre d’évolutions et d’enjeux du côté de l’État, du secteur public, des entreprises et du territoire. Les directeurs jouent un rôle, mais il faut que derrière, il y ait les collègues et la communauté étudiante. On a vraiment essayé de se lancer dans des domaines, sur lesquels on ne nous attendait pas en tant que Sciences-Po. Cela contribue à cette interdisciplinarité. Nous lançons en septembre, en partenariat avec le Festival Séries Mania, un master “Management des métiers de l’image”. […] Une formation qui s’insère dans un écosystème très dynamique en métropole lilloise, avec derrière des possibilités de travail en France et en Europe. C’est le fondement de notre école, d’essayer d’être toujours capable de s’interroger sur ce que sont les filières prometteuses et comment on peut toujours renouer avec une exigence académique.
Est-ce que vous avez une philosophie personnelle qui vous guide ou vous inspire ?
Étienne Peyrat : Il faut avoir une passion pour ce que l’on transmet. La réactivité ou l’absence de réactivité des étudiants vient de ce qu’ils peuvent percevoir chez l’enseignant. Il y a plein de manières d’enseigner, de transmettre, mais par contre, il faut qu’il y ait une sorte d’envie et que ça se sente. Comment faire pour susciter un désir de connaissance et de savoir ? C’est presque une dimension un peu sensorielle. On ne décrète pas le fait d’avoir la connaissance. En histoire, à l’Institut d’études politiques de Lille, on ne forme pas que des futurs historiens, mais jusqu’en master on tient à ce qu’il reste des enseignements d’histoire. […] Je donne un cours d’histoire de l’État et de l’administration et je demande aux étudiants d’aller aux archives pour trouver un dossier sur un thème qui peut les intéresser. […] Au fond, ils entrent concrètement dans un fonctionnement et ils peuvent se poser des questions. Cela suscite un intérêt en dehors des exercices plus conventionnels.
Vous vous appuyez aussi sur ce qu’on peut appeler la créativité dans l’éducation, cet équilibre entre pratique et théorie ?
Étienne Peyrat : Les instituts d’études politiques ont toujours essayé d’avoir cet équilibre. Il y a énormément d’intervenants qui viennent de différents milieux professionnels. Il y a beaucoup de fonctionnaires, de personnes qui travaillent dans des entreprises et des associations qui interviennent. […] Nous, c’est très actif et pas que dans des situations d’enseignement, puisque nos étudiants sont en général très moteurs pour s’investir, par exemple, dans les simulations de négociations internationales. On a des associations très actives, sur des simulations de l’ONU, du Parlement européen, par exemple. Les étudiants voient cela comme un élément de leur propre formation, de leur capacité de construire des événements, de nouer des relations avec différents acteurs. C’est vraiment quelque chose construit collectivement.
Le rôle de Sciences Po en France, c’est de former les futurs leaders ?
Étienne Peyrat : Il y avait l’idée de former des cadres pour les secteurs publics, privés au sens large. Cette notion est devenue un peu désuète. Elle a été critiquée, comme on peut critiquer la notion d’élite. On voit un certain nombre d’enjeux de nos institutions d’études politiques. Elles ont besoin d’avoir quand même des principes, des valeurs qu’elles portent. On forme des gens qui vont peut-être essayer de donner des colonnes vertébrales à différentes institutions. […] On essaye de développer des personnes qui soient capables d’avoir une connaissance fine des institutions et en même temps d’avoir un esprit critique. […] Avoir des personnes qui vont porter des choses, qui vont en effet avoir à impulser des dynamiques, avoir une capacité critique vis-à-vis de soi-même, ne jamais perdre l’humour et l’ironie sur soi-même. À Sciences Po, on essaye de faire en sorte que les étudiants ne soient pas des décideurs aveugles, selon les limites de nos modèles économiques, sociaux ou politiques.
De quelles compétences ont besoin ces étudiants que vous formez dans le monde qui les attend ?
Étienne Peyrat : Bien parler, c’est toujours utile, avec du fond. C’est un défi d’élargir la palette des compétences, vers les enjeux de transition, de santé. C’est-à-dire d’avoir quand même cette capacité de culture scientifique. On a pas mal d’étudiants qui vont avoir des profils plus littéraires sur certaines choses. Par contre, il faut avoir un intérêt pour les enjeux proprement scientifiques et réussir à dépasser parfois des perceptions qui ne sont pas toujours correctes. Ayez le courage d’une certaine profondeur dans la compréhension des sujets. On porte cette idée avec nos collègues et voisins de l’École supérieure de journalisme de Lille. On a un co-diplôme très structurant, où les journalistes sont confrontés aux mêmes enjeux, à la fois couvrir plein de sujets et en même temps, rentrer profondément dans les détails.
Les nouveaux défis, ce sont les enjeux autour de la santé, de la transition climatique, l’espace à la diversité ?
Étienne Peyrat : Ces nouveaux défis, c’est une forme d’interpellation que nous avons de la part de la jeunesse. Chacun doit avoir un regard un peu critique. À l’Institut d’études politiques, nous avons une année consacrée pleinement à la mobilité internationale. Un certain nombre d’étudiants vont nous dire que la mobilité internationale doit être repensée par rapport aux enjeux de transition. De l’autre côté, certains étudiants n’ont jamais eu l’occasion de voyager. L’enjeu est de trouver un équilibre, organiser une mobilité internationale mais faire en sorte que lorsque les personnes se déplacent la mobilité soit réduite. On peut trouver des milieux et transmettre cette réflexivité aux étudiants.
Comment vos formations et l’Enseignement supérieur, doivent-elles s’adapter à ce nouveau monde du travail ?
Étienne Peyrat : […] Notre rôle est de connaître les besoins, mais derrière, il y a tout un travail de traduction. Les besoins qui vont nous être exprimés par un DRH dans une entreprise seront déjà obsolètes dans quelques temps. Nous devons essayer de faire cette adaptation et cette réflexion de fond. On a vocation à donner à nos étudiants des compétences qui leur serviront au-delà des différentes évolutions du marché du travail. Nous essayons de maintenir cet équilibre. C’est normal qu’on en discute avec les collègues, avec les étudiants.Nous essayons d’avoir cette relation permanente, de considérer que notre offre de formation n’est pas figée. Régulièrement, tous les quatre ans, on va réfléchir sur notre formation de master. On initie cette année une réflexion sur l’intégration de nouveaux enjeux dans les trois premières années à Sciences-Po. On garde cette capacité d’interrogation permanente. Il est sain d’écouter ce que les personnes ont à dire et de s’améliorer en permanence.
Quelles sont les principales réformes que vous aimeriez voir dans le système d’enseignement supérieur français ?
Étienne Peyrat : La première chose serait à propos de la confusion entre les types de diplômes. On avait traditionnellement des diplômes classiques, les licences, les masters, les titres d’ingénieur. Dans les dernières années, on voit que sont apparus des bachelors, des masters, des masters spécialisés… C’est un vrai sujet qui passe par une espèce de stratification et d’empilement de notions. Cela perd beaucoup les familles qui n’ont pas forcément une connaissance très claire de la manière dont fonctionne l’enseignement supérieur. Est-ce que quelqu’un peut encore faire la différence entre un master et un grade de master ?
Le deuxième sujet, c’est la prolifération d’un enseignement supérieur privé, distinct des institutions privées. Il y a, depuis maintenant un siècle et demi, un certain nombre d’écoles et de facultés privées autour de l’Institut catholique de Lille. On n’est pas toujours d’accord avec eux, mais on travaille ensemble et on sait que ce sont des institutions très importantes. Mais on peut s’interroger sur le sérieux, la crédibilité de ces écoles. Il y a un sujet sur le financement de l’apprentissage. […]
Comment voyez vous l’avenir des universités, des grandes écoles ? Faire face ou embrasser les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle ?
Étienne Peyrat : L’intelligence artificielle, c’est un défi global et plus spécifique dès lors qu’on est sur les apprentissages. C’est le risque de l’obsolescence de l’être humain. Notre ligne à l’Institut d’études politiques de Lille, c’est de ne pas considérer que l’intelligence artificielle est quelque chose à bannir. Il faut essayer de faire des distinctions, de voir les technologies et l’IA comme des outils qui invitent à repenser ce que sont les compétences attendues. Est-ce qu’avec l’essor de l’intelligence artificielle, des professions de traduction ou d’interprétariat vont continuer à exister telles quelles ? Cela interroge aussi les professions qui étaient au cœur de certaines compétences dans les écoles de journalisme, dans les Instituts d’études politiques, sur de la capacité de rédaction. Est-ce que ça va rendre obsolètes ces compétences ?
Les technologies peuvent aussi apporter des dimensions de créativité et d’accélération du travail, sur certaines parties des tâches. Des difficultés restent à l’heure actuelle sur ChatGPT ou sur d’autres logiciels. L’esprit critique et la capacité à ne pas prendre ce que dit la machine, pour argent comptant, sont fondamentaux. De même que les pilotes de ligne qui doivent toujours savoir comment revenir en manuel. Il y a quelque chose qui va relever de la capacité à travailler avec des outils très perfectionnés sur lesquels, on peut passer en pilotage automatique, mais par contre, il ne faut pas se laisser coincer derrière. Il est nécessaire de garder des connaissances et des compétences.
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui sont indécis quant à leur orientation professionnelle ?
Étienne Peyrat : L’avantage pour les étudiants qui entrent à l’Institut d’études politiques, c’est qu’ils ont le droit de ne pas être sûr de leur avenir professionnel. Les étudiants ne sont pas enfermés dès la première année dans une trajectoire spécifique. Les trois premières années sont très interdisciplinaires, où les étudiants vont conserver du droit, de l’économie, de la science politique… L’objectif est qu’ils puissent mûrir leur projet. On offre des conférences sur les métiers, on fait venir des anciens de l’école ou d’autres institutions. Sciences-Po, c’est bien à la fois pour ceux qui savent ce qu’ils veulent faire et ceux qui ne savent pas forcément.
Les expériences professionnelles dans le parcours académique d’un étudiant c’est de plus en plus essentiel ?
Étienne Peyrat : À l’Institut d’études politiques de Lille, dès la première ou deuxième année, ils ont cette possibilité. L’année de mobilité, il y a aussi beaucoup de demandes pour faire des mobilités mixtes, avec un semestre dans une université et puis un semestre en stage. Je pense que c’est quand même une des différences majeures qui peut exister entre des étudiants qui sont passés par nos écoles et des étudiants d’autres cursus, qui resteront sur une manière plus académique, avec peut-être moins d’expérience professionnelle dès la formation.
Est-ce que vous avez des projets stratégiques, des priorités que vous souhaitez mettre en place au cours des prochains mois ?
Étienne Peyrat : Ce qui me semble intéressant dans le fonctionnement d’une école comme l’Institut d’études politiques de Lille, c’est d’arriver à jouer à différentes échelles. On est actif à la fois sur un territoire des Hauts-de-France et de la métropole lilloise. En tant qu’institut d’études politiques, c’est quand même quelque chose qui nous interroge. On essaie d’éviter qu’émergent des fractures entre les grands centres urbains et puis d’autres territoires au marge des métropoles, dans les milieux ruraux, qui se sentent délaissés. C’est quelque chose qui nous impacte, qui me préoccupe. […] À l’heure actuelle, qu’est-ce qu’on peut porter en tant que Science Po Lille dans un territoire qui est un territoire politiquement actif ? […]
Est-ce que ces parcours atypiques deviennent de plus en plus précieux pour des écoles comme la vôtre ?
Étienne Peyrat : Nous avons une étudiante qui, en parallèle de sa scolarité, est en fait devenue animatrice dans le cadre de grandes compétitions d’e-sport. Elle utilise ses compétences linguistiques car elle voyage et elle mêle ce qu’elle peut apprendre dans notre école avec cet univers des compétitions autour des jeux vidéo et de l’e-sport. C’est très intéressant de voir que des parcours émergent. […] Il faut accepter de se laisser déborder sur certaines choses parce que les évolutions sont rapides. Il est nécessaire de garder une ouverture et de ne pas essayer de l’encadrer. Il faut comprendre comment les parcours se font et c’est ce qui permet de garder une certaine jeunesse intellectuelle dans les institutions d’enseignement supérieur. […]
Sciences-po a changé ses critères d’admission pour 2025. Certains disent que c’est en partie pour répondre à la colère des proviseurs de lycée UP des villes qui s’estiment “boycotté par l’établissement”.
Étienne Peyrat : Les différents Sciences-Po gardent des règles qui ont évolué différemment. Nous participons au concours commun du réseau Sciences-Po. On est sept Sciences-Po, avec Rennes, Strasbourg, Toulouse, Lyon, Saint-Germain-en-Laye et d’autres. À l’Institut d’études politiques de Lille, nous tenons à garder des épreuves écrites, même si elles ont pu être critiquées à cause des questions de sélection sociale. Nous sommes attachés à ce concours commun, qui repose sur des compétences en langues, en histoire, en sciences humaines et sur des questions contemporaines. Ces thématiques permettent aux lycéens de se préparer. […] Je pense que c’est une réflexion qu’on a toujours et sur lesquelles il faut essayer de rester critique, en termes de démocratisation, d’axe d’amélioration. On a aussi cette réflexion au niveau du master, car les étudiants peuvent entrer directement. Ces enjeux de sélection sont au cœur de l’identité de l’école. On continuera à sélectionner, mais par contre, il faut garder cette ouverture, cette capacité à repenser les modalités.
Sciences Po Paris, c’est très différent de Sciences Po dans les régions et notamment de Sciences Po Lille.
Étienne Peyrat : C’est une grande famille. Il y en a qui sont plus des grands frères, d’autres des petites sœurs. Ce que j’ai noté avec intérêt, c’est que le nouveau directeur de Sciences Po Paris a souligné qu’il souhaitait repenser la relation entre Sciences-Po Paris et les Sciences-Po du reste de la France. À travers notamment la Fondation nationale des sciences politiques. Quand l’école a été créée à la suite de la Seconde Guerre mondiale, il y avait l’idée de développer des liens avec l’ensemble des Sciences Po qui seraient créés. Par rapport à ces défis démocratiques et citoyens que l’on observe, c’est bien de garder ce sens fort à une fondation de ce type.