Bienvenue dans 20 sur 20, le podcast de L’Express Éducation. Philippine Dolbeau, entrepreneure, conférencière et animatrice télé, y accueille des personnalités du monde de l’éducation, des hommes et des femmes inspirants venus livrer leurs réflexions sur l’école d’aujourd’hui et de demain. Alors, qu’ils soient chercheurs, entrepreneurs de la EdTech, enseignants, parents, politiques ou même philosophes, tous partagent la même volonté de transformer l’éducation et de préparer la nouvelle génération aux défis de demain. Chaque semaine dans 20 sur 20, nous découvrons ces acteurs qui font bouger les lignes de l’éducation.
[Podcast – résumé IA vérifié par la rédaction]
Dans ce nouvel épisode du podcast 20 sur 20 animé par Philippine Dolbeau, Malene Rydahl, autrice, conférencière et enseignante à Sciences-Po, propose un éclairage concret sur la place de l’empathie dans l’éducation et dans le monde du travail. À partir de son expérience danoise et de son regard sur la France, elle défend l’idée que l’empathie n’est pas une douceur optionnelle mais une compétence stratégique. Cette conviction s’inscrit dans un contexte de sociétés polarisées, où apprendre à comprendre l’autre, à réguler ses émotions et à coopérer devient un levier à la fois éducatif, civique et économique.
Le modèle danois vs français
La comparaison entre la France et le Danemark met en évidence deux philosophies scolaires. Au Danemark, l’école valorise la diversité des talents (manuel, créatif, intellectuel), retarde la notation jusqu’à 13–14 ans et vise le développement de la confiance en soi et du collectif. Cette logique réduit la compétition précoce et favorise un climat plus apaisé. En France, la culture de l’élitisme et des notes précoces peut stimuler certains talents mais laisse d’autres élèves en marge et alimente parfois une forme d’individualisme et de doute sur sa légitimité. Ces trajectoires scolaires façonnent ensuite les attitudes sociales, notamment le rapport à l’erreur, au débat et à la confiance interpersonnelle.
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Quand l’empathie devient de l’intelligence relationnelle
Transposée à l’entreprise, l’empathie devient de l’intelligence relationnelle : la capacité à voir, comprendre et accepter le point de vue d’autrui, en particulier lorsqu’il diffère du sien. Cette approche s’articule avec la notion de sécurité psychologique formalisée par Amy Edmondson : permettre de poser des questions, admettre une erreur, proposer une idée sans crainte du jugement. Les ingrédients clés sont la connaissance de soi, une empathie « froide » (ciblée sur la compréhension, pas seulement sur la chaleur émotionnelle) et la construction de la confiance. De nombreuses observations convergent : ces environnements favorisent l’apprentissage collectif, l’innovation, une résolution rapide des problèmes et réduisent le temps perdu dans les malentendus et les conflits.
À l’école, le Danemark a institué dès 1975 une « heure de la classe » pour apprendre à faire communauté: identifier et réguler les émotions, coopérer, gérer les désaccords. En France, des programmes de compétences psychosociales se déploient et des bilans préliminaires dans plusieurs centaines d’écoles indiquent une amélioration de l’apprentissage et une baisse des conflits et du harcèlement. Dans un monde où l’intelligence artificielle automatise des tâches, ces compétences humaines — écouter, nuancer, travailler ensemble — prennent de la valeur. Elles ouvrent la voie à des débats moins binaires, à des relations plus constructives et à des milieux scolaires et professionnels plus efficaces.
Limites et des garde-fous
L’empathie peut être dévoyée en outil de manipulation lorsqu’elle sert à mieux exploiter l’autre ; et une compassion mal régulée peut épuiser. D’où l’importance de poser des frontières claires, de cultiver une culture de la reconnaissance (donner et recevoir des retours positifs), d’apprendre à gérer l’erreur sans honte, et de renforcer la confiance au quotidien, de l’école à l’entreprise. En misant sur la nuance plutôt que sur la certitude, sur la coopération plutôt que sur la dénonciation, l’empathie apparaît moins comme une utopie que comme une compétence structurante pour des institutions plus inclusives, plus apaisées et, in fine, plus performantes.












