Les compétences académiques, acquises au sein même des études, prennent une place considérable sur les CV. Mais à l’heure où une grande partie des jeunes sont surdiplômés, un des enjeux pour ces derniers est alors de se démarquer. Pour l’Express Éducation, trois jeunes actives évoquent l’importance des aptitudes obtenues hors parcours scolaire.
D’après un rapport de l’Insee, 52% des jeunes sont aujourd’hui diplômés du supérieur, se livrant une concurrence de plus en plus rude sur le marché du travail. De ce fait, près d’un quart des nouveaux actifs sont au chômage ou forcés d’accepter un contrat à durée limitée. Les compétences académiques ne semblent donc plus entièrement suffisantes pour faire briller un curriculum vitae, comme cela pouvait être le cas avant.
Se former au-delà des cours
Les titulaires d’une licence ou d’un Master ne sont plus autant prisés qu’autrefois. En 2025, le bac +5 est presque devenu une norme, à tel point qu’il est bon, pour un étudiant, de compléter son apprentissage scolaire, s’il souhaite mettre toutes les chances de son côté.
Pour Lola, 24 ans, c’est son investissement associatif qui lui permet de sortir du lot. « J’ai été présidente de l’association Prépa’Rémois pendant plus d’une année (annotation : association qui fait partie du dispositif d’État, “les Cordées de la réussite”). Cette expérience a marqué mon premier véritable pas dans le monde de l’entreprise, avec bien plus de responsabilités que lors de mon premier stage par exemple », témoigne-t-elle.
Les cours ne donnent pas toujours l’occasion aux élèves d’explorer l’ensemble de leurs passions. Ce fut le cas pour Elise, fraîchement diplômée d’une école de commerce. « J’ai toujours eu besoin de faire des activités manuelles et ce sont rarement des savoirs que l’on développe au lycée, ni en école de commerce », explique-t-elle. « Naturellement, j’ai donc commencé à me former sur des logiciels créatifs tels que PhotoShop, Illustrator ou encore InDesign. J’ai surtout appris via des tutos sur YouTube, ils sont faciles d’accès et on peut très vite progresser », déclare Elise.
Des qualités sociales appréciées
Des compétences auxquelles les étudiants ne sont pas toujours formés pendant leurs études : ce sont les compétences dites comportementales, plus communément appelées soft skills, dans la langue de Shakespeare.
Léa, 25 ans, revient sur son voyage, une expérience très enrichissante d’un point de vue social. « Je suis partie toute seule, pendant 8 mois, en Amérique Latine et en Asie. J’ai appris à être plus débrouillarde, à communiquer et à m’adapter en permanence ».
Bon à savoir
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Les expériences hors parcours scolaire sont également cruciales pour améliorer la confiance en soi. « J’ai fait des choses dont je ne me serais jamais sentie capable auparavant. Désormais, j’ose prendre des risques, je tente plus et j’ai plus confiance en mes capacités », ajoute Léa.
Un ressenti partagé par Lola, « en termes de confiance en moi, cette expérience associative a été déterminante, elle m’a vraiment aidée ».
Une vraie plus-value au travail
Mais ces compétences non académiques sont-elles valorisables sur un CV ou même utiles au quotidien ?
« Mon école et mon diplôme m’ouvrent des portes, j’en ai conscience. Mais si on parle des compétences dont je me sers au travail, c’est mon expérience associative qui m’a le plus servi. En termes de qualités humaines et managériales, c’est une plus-value », affirme Lola, ancienne présidente de Prépa’Rémois.
Une opinion corroborée par Elise. « Mes compétences sur les logiciels créatifs me servent énormément. La maîtrise de Photoshop ou d’Illustrator est souvent un pré-requis dans les métiers de la communication ».
C’est notamment grâce à cette créativité qu’elle a obtenu son emploi actuel. « Je ne pourrais clairement pas faire ce travail si je ne m’étais pas formée à la création sur ce type de logiciels. Je suis quotidiennement sur Photoshop ou CapCut, je passe des heures dessus », abonde-t-elle.
Des recruteurs encore trop frileux ?
Les expériences non académiques aident les jeunes à se démarquer. Pourtant, comme le rapporte Lola, « certains recruteurs, en entretien, s’attardent uniquement sur les formations et les études ».
Un sentiment partagé par Léa. « Parfois, certains employeurs ne sont pas très réceptifs au récit de mon voyage de huit mois à l’étranger ». Elle admet, cependant, que son ressenti est étroitement lié à son secteur d’activité. « Dans le domaine de la santé, il y a beaucoup de problématiques au niveau du recrutement donc les employeurs vont droit au but, ils centrent les échanges sur les missions, le parcours scolaire et moins sur le côté personnel ».
Une habitude regrettable de la part de certaines entreprises car les étudiants, de nos jours, se standardisent. Ils ont souvent le même parcours et sont issus des mêmes grandes écoles. Et si ces derniers doivent redoubler d’efforts pour se distinguer, les recruteurs, eux, gagneraient à accorder plus d’intérêt aux compétences développées en dehors du cadre scolaire. « Une personne ne se résume pas à l’école qu’elle a faite. De mon point de vue, quand tu emploies un candidat, tu n’emploies pas qu’une formation. Tu cherches à savoir qui il est, ce qu’il a fait en dehors de ses études et quelles sont ses passions », conclut Elise.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les compétences hors parcours scolaire qui vous servent sur un CV.
La nécessité de se démarquer dans un contexte de surdiplômation : Avec 52 % des jeunes diplômés du supérieur (d’après l’Insee), la compétition est rude, et les compétences académiques seules ne suffisent plus à assurer une bonne employabilité.
L’importance des compétences hors parcours scolaire : Les expériences associatives, les activités manuelles ou l’apprentissage autodidacte (ex. : logiciels créatifs via YouTube) offrent une vraie valeur ajoutée, notamment en termes de leadership, créativité et compétences techniques.
Les soft skills, un atout majeur : Des qualités personnelles comme l’autonomie, la débrouillardise, la confiance en soi et la capacité d’adaptation, acquises lors d’expériences à l’étranger ou dans le bénévolat, sont très prisées par les recruteurs.
La sous-estimation des expériences non académiques par certains employeurs : Malgré leur impact positif, ces compétences restent souvent ignorées ou peu valorisées lors des recrutements, notamment dans les secteurs très normés comme la santé ou le domaine scientifique.
La nécessité d’un regard plus ouvert des recruteurs : Les employeurs sont invités à considérer davantage la personnalité, les passions et les expériences informelles des candidats pour mieux saisir leur potentiel, au-delà du simple parcours académique.