Difficile de ne pas être déstabilisé par ce visage juvénile maîtrisant à la quasi perfection les ressorts de la gestion de projet. Enzo Lenglet, étudiant en master au sein de l’emlyon business school est à la tête d’une institution dans la “capitale des Gaules” : Le Petit Paumé.
Ce guide créé en 1968 est distribué en 150 000 exemplaires gratuitement à Lyon chaque année et recense les bonnes adresses de la ville, qu’il s’agisse de restaurants, de coiffeurs ou de boutiques en tout genre. Cette brochure est confectionnée par l’association Le Petit Paumé qu’il préside depuis fin 2024, et qui est abritée par l’école de commerce emlyon business school.
« Nous sommes actuellement 38 bénévoles issus de l’école et élus pour un mandat d’un an afin de sortir cette 57e édition, et nous faisons tout ceci en parallèle de nos études » indique Enzo Lenglet.

Gestionnaire de projet avant même d’être diplômé
Ce projet implique une organisation rigoureuse subdivisée en plusieurs pôles sous sa supervision. « Le pôle dit “Petite Agence” tenu par la vice-présidente Athénaïs Thura est chargé d’organiser les ventes lors des événements ou sur les réseaux sociaux, mais aussi de démarcher pour vendre des encarts de publicité afin de financer le guide, qui ne bénéficie d’aucune subvention » souligne-t-il. « C’est ce qui rend le challenge très beau » ajoute l’étudiant en master 1 qui n’a pas encore de spécialisation et, qui, du haut de ses 22 ans, porte sur ses épaules une lourde responsabilité : « en tant que président, j’ai une vue d’ensemble, je dois interagir avec tous les pôles, et je suis tenu juridiquement et légalement ».
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Un poids que supporte aussi Timothée Loubeyre, à quelques centaines de kilomètres, en pleine préparation de la Course Croisière Edhec. Cette compétition, créée en 1969 par des étudiants de cette école de commerce est un rendez-vous incontournable des amateurs de voile.
« Ce sont chaque année environ 150 bateaux manœuvrés par des étudiants venus de toute l’Europe qui participent à cette régate » indique Timothée Loubeyre, qui préside l’association elle aussi abritée par son école.

Manager, communicant, gestionnaire RH avant l’entrée sur le marché du travail
« Nous sommes, avec Clémentine Hervy deux co-présidents et nous bénéficions d’une année de césure avant notre Master 2 pour assurer la gestion de l’événement à part entière » indique-t-il. « Chaque année, une promotion d’environ 25 bénévoles étudiants en pré-master à l’Edhec intègre l’association pour porter le projet dont le budget est de 2,5 millions d’euros ».
Ces nouveaux venus sont épaulés par 25 étudiants de Master 1 déjà recrutés l’année précédente et qui ont donc déjà une organisation de course à leur actif, portant à 50 le nombre de membres actifs à l’année.
« Nous nous occupons du financement, de la recherche de sponsors, des demandes de subventions, mais aussi de la logistique. Une partie des équipes passe le certificat d’aptitude à la conduite en sécurité (Caces) pour pouvoir assurer l’organisation opérationnelle avec des véhicules de levage » assure-t-il. Pendant l’événement, qui se déroulait cette année du 5 au 12 avril à Arzon, les effectifs sont doublés avec 50 bénévoles supplémentaires en moyenne pour aider. « Cela porte l’équipe organisatrice à environ 110 personnes, toutes issues de l’Edhec » indique Timothée Loubeyre.
« Les bénévoles qui sont dans la partie technique, par exemple, vont apprendre à coder une application de A à Z pour qu’elle soit optimale pour toutes les plateformes. D’autres vont apprendre à utiliser des CRM (ndlr : outils de gestion de la relation client) comme HubSpot. Certains vont se former à Photoshop pour la communication », se satisfait-t-il. « Nous mettons donc en application de nombreux enseignements théoriques » dit-il, comparant son équipe à une startup. « En tant que président, j’apprends énormément en termes de management, de gestion de projet et de ressources humaines. Nous devons gérer tous les soucis managériaux, nous interroger par exemple sur les conditions dans lesquelles vont exercer les bénévoles, etc ».

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À Lyon, les équipes du Petit Paumé réalisent chaque année un appel d’offres pour désigner les entreprises qui s’occuperont du design ainsi que de l’impression du guide, ce qui implique d’acquérir des compétences dans la relation business to business. Les étudiants imposent par ailleurs une clause de confidentialité aux prestataires choisis pour que le thème du magazine ne soit pas divulgué avant sa sortie, prévue à l’automne.
« Nous sommes sur le point d’achever la phase d’écriture des avis après plusieurs mois de tests dans les établissements lyonnais » explique Enzo Lenglet, qui indique que 19 événements sont organisés toute l’année autour du guide, dont deux lancements à Villeurbanne et Lyon Bellecour, « qui attirent entre 80 000 et 100 000 personnes ».
Des projets rassurants pour les recruteurs
Ce type de projet « retient naturellement l’attention des recruteurs » selon Olivier Couloumere, consultant en développement professionnel à l’APEC Auvergne-Rhône-Alpes, sollicité par L’Express Éducation.
Les entreprises ont « besoin d’être rassurées en lisant un CV » ajoute-t-il. « Des projets transverses menés pendant des études peuvent tout à fait compléter l’absence de stage ou d’alternance si cela montre que le jeune a déjà mené des actions fortes avec des résultats probants » indique-t-il.
« Dès que l’on voit ce type d’expériences sur un profil, nous allons inciter le jeune diplômé à le valoriser, à en parler et à argumenter pour expliquer quel a été son rôle dans ce projet, quelles compétences il a pu acquérir et quels résultats il a obtenu ».
« Ce type d’initiative étudiante relève à la fois des hardskills et des softskills » poursuit Olivier Couloumere. « La comptabilité, la planification, le management, la prospection, l’argumentation auprès d’un client relèvent des hardskills. Mais de plus en plus, les qualités relationnelles, l’état d’esprit, l’audace, la résilience et le potentiel du profil intéressent les recruteurs. Quand on a travaillé dans de l’événementiel, dans de l’associatif, que l’on a développé un bon esprit d’équipe, les chances d’être recruté augmentent sensiblement. Ces projets étudiants sont donc de très bonnes opportunités ».
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(Vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les projets étudiants qui séduisent les recruteurs, à travers l’exemple du Petit Paumé et de la Course Croisière Edhec.
Le Petit Paumé : Ce guide lyonnais, distribué à 150 000 exemplaires chaque année, est dirigé pour sa 57ème édition par Enzo Lenglet, étudiant à l’emlyon business school. Géré par une équipe de 38 bénévoles, il implique une gestion de projet rigoureuse, incluant la recherche de sponsors et la gestion des ventes pour financer la publication. Timothée Loubeyre, pour sa part, dirige la Course Croisière Edhec.
Compétences en gestion de projet : Enzo Lenglet et Timothée Loubeyre, à la tête de ces projets, développent des compétences essentielles avant même l’obtention de leur diplôme, telles que la gestion d’équipe, le suivi juridique, et la gestion financière d’événements d’envergure.
La Course Croisière Edhec : Cette régate de voile implique environ 150 bateaux et 50 bénévoles actifs, plus 50 bénévoles supplémentaires pendant l’événement. Les organisateurs assurent la gestion de la logistique, des sponsors et des ressources humaines, tout en mettant en application des compétences théoriques apprises durant leurs études.
L’importance pour les recruteurs : Les recruteurs accordent une attention particulière aux projets étudiants comme Le Petit Paumé ou la Course Croisière Edhec, qui témoignent de compétences transverses telles que la gestion d’équipe, le marketing, et le développement d’outils technologiques.
Soft skills et hard skills valorisés : Ces projets permettent aux étudiants de démontrer à la fois des hard skills (comme la comptabilité ou la gestion de projet) et des soft skills (comme l’esprit d’équipe, la résilience et la gestion des relations clients), des qualités particulièrement recherchées par les recruteurs.