Cours et stages à l’étranger sont souvent mis en avant par les formations supérieures. Mais qu’en est-il du côté des recruteurs ? Deux experts en la matière nous partagent leurs constats et conseils.
Que ce soit à l’occasion d’un semestre d’étude, d’un stage ou même d’une première expérience professionnelle, de plus en plus de jeunes séjournent à l’étranger. Certaines écoles font même de ce passage à l’international un élément obligatoire de leur formation. Et du côté des recruteurs, est-ce devenu un point incontournable ?
Pour Sophie Caruelle, consultante en recrutement pour les métiers comptables et financiers, il n’y a pas de règle. « Une expérience à l’étranger peut être valorisée pour des postes où la collaboration avec des équipes internationales et des filiales est fréquente, par exemple en tant que Directeur(rice) Financier(e) ou Responsable du contrôle de gestion », explique-t-elle. Le principal atout de ces candidats aux yeux des entreprises ? La maîtrise des langues étrangères, notamment des termes spécifiques à l’activité. Dans ces secteurs, la connaissance de normes comptables internationales (IFRS, US GAAP, UK GAAP…) peut également constituer un critère de recherche lors du recrutement. À l’inverse, certaines entreprises privilégient « des expériences locales, avec une parfaite maîtrise des normes comptables et de la fiscalité françaises », ajoute l’experte. Le fait de ne pas avoir vécu à l’étranger n’est donc pas un frein, cela dépend des secteurs et du profil de l’entreprise.
Des qualités recherchées
Si ce séjour à l’étranger n’est pas indispensable, il peut malgré tout permettre de marquer des points auprès des recruteurs. Outre la maîtrise des langues étrangères, partir dans un autre pays démontre d’autres qualités. « Ça apprend à faire preuve d’adaptabilité face à une autre culture et à un environnement différent. C’est un atout dans un monde qui change vite et les entreprises y sont sensibles », estime Leonel Da Silva, fondateur de HuntZen, cabinet de recrutement spécialisé dans l’IT, l’électronique et la finance. Avoir résidé à l’étranger prouve souvent sa capacité à trouver des informations, à se constituer un nouveau réseau, à se loger, à être autonome… Toutefois pour tirer le meilleur de ce séjour, il y a certaines erreurs à éviter.
Conseils pour optimiser son séjour à l’étranger
Loin de son pays, il est tentant et compréhensible de vouloir se rapprocher de francophones. « Ce n’est pas la meilleure solution pour s’intégrer mais ça peut parfois être un accélérateur car ces personnes peuvent donner des astuces pour ne pas faire d’erreurs », souligne Leonel Da Silva qui a travaillé lui-même huit ans à Londres.
Avant de partir, il conseille de chercher, via les réseaux sociaux et forums, des autochtones qui partagent les mêmes passions que soi. Sophie Caruelle, qui a vécu un an à Londres et dix au Luxembourg, suggère elle aussi de « se plonger dans la culture locale et de communiquer au maximum dans la/les langue(s) du pays, de participer à des projets qui mettront en lien avec les locaux (associatif, sport, évènements, etc.) et de développer son réseau ».
Comment mettre en avant son expérience à l’étranger ?
Dans certains cas, l’expérience à l’étranger peut présenter des risques lors du retour sur le marché français de l’emploi. C’est le cas par exemple si les recruteurs méconnaissent les entreprises dans lesquelles la personne a travaillé à l’étranger ou si la prise de référence est impossible car le recruteur ne maîtrise pas la langue du pays (mieux vaut tout de même indiquer les coordonnées des référents sur son CV). Celui-ci peut également craindre des difficultés à se réadapter aux standards et pratiques du système français après de nombreuses années passées à l’étranger.
Sophie Caruelle suggère alors de soigner son CV. « Présentez de façon précise les entreprises pour lesquelles vous avez travaillé (taille, secteur d’activité, projets majeurs, poste de votre responsable, etc). Anticipez la prise de référence en demandant des lettres de recommandation en anglais ou français à vos anciens managers », glisse-t-elle. Lors de l’entretien, les deux experts du recrutement soulignent l’importance de mettre en avant ses compétences, ses réalisations et sa capacité à s’intégrer, avec des exemples précis. « Il faut parler de cas concrets qui montrent ce que l’expérience à l’étranger a appris : la connaissance de la culture, l’ouverture aux autres, la capacité à résoudre des problèmes.
On peut s’appuyer sur la méthode STAR (Situation, Tâche, Action, Résultat, Ndlr) : présenter une situation professionnelle précise, décrire ses missions, détailler les mesures prises et évoquer les résultats obtenus », propose Leonel Da Silva. C’est l’occasion aussi de montrer ses efforts pour rester connecté(e) aux pratiques françaises grâce à la veille professionnelle. Ainsi, cette expérience en dehors de l’hexagone sera perçue à sa juste valeur.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Recruteurs, l’expérience à l’étranger est-elle un must have ?
Expérience variable selon les secteurs : Une expérience à l’étranger peut être un atout dans des secteurs exigeant une collaboration internationale. Cependant, elle n’est pas indispensable pour tous les postes, certaines entreprises privilégiant les expériences locales.
Qualités développées à l’étranger : Partir à l’étranger aide à développer des compétences telles que l’adaptabilité, l’autonomie et la création de réseaux, des qualités appréciées dans un monde professionnel en constante évolution.
Astuces pour un séjour efficace : Engager la conversation avec les locaux en utilisant les langues du pays, participer à des projets communautaires et développer un réseau sont essentiels pour maximiser le bénéfice du séjour à l’étranger.
Valoriser l’expérience à l’étranger : Pour éviter les risques lors du retour en France, il est crucial de bien présenter les entreprises étrangères sur le CV, fournir des références acceptables, et rester connecté aux pratiques françaises.
Présentation stratégique en entretien : Lors de l’entretien, utiliser la méthode STAR pour illustrer concrètement les compétences acquises à l’étranger et montrer comment elles s’appliquent à un contexte français.