En 2020, deux voies d’entrées en études de santé, le PASS et la LAS, avaient été créées pour favoriser la réussite des étudiants. Une réforme qui n’a pas fait ses preuves, estime la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE). Cette dernière réclame « une voie unique d’entrée dans les études de santé composée d’une licence ».
La réforme d’entrée dans les études de santé a-t-elle tenue ses promesses ? En 2020, la première année commune aux études de santé (PACES) avait été supprimée et remplacée par deux nouvelles voies d’entrées : une licence avec une option « accès santé » (LAS), ou un parcours spécifique « accès santé », avec une option d’une autre discipline (PASS). Le numérus clausus a lui aussi disparu la même année, laissant le choix aux universités, « en lien avec l’agence régionale de santé et dans le souci de s’adapter au mieux aux besoins des territoires », de définir le nombre d’étudiants admis dans chaque filière de santé, indiquait le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
« Nous devons remplacer un système unique, qui ne propose aux étudiants qu’une voie d’accès et ne les recrute que sur un type d’intelligence, par un système d’accès multiple permettant à d’excellents étudiants de réussir », argumentait en 2019 Frédérique Vidal, alors ministre de l’Enseignement supérieur. Mais en 2024, la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE) dresse un constat d’échec, dans une étude révélée le 29 avril dernier.
« Un stress constant »
« Cette réforme avait pour principaux objectifs l’amélioration de la réussite étudiante, la réduction des risques psychosociaux et la diversification des profils étudiants », rappelle dans un premier temps la FAGE. Des objectifs non remplis, selon l’enquête, basée sur 13 000 réponses d’étudiants ayant vécu au moins une année de PASS ou de LAS. « La pression, et le rythme de ces cursus poussent des étudiants et étudiantes à envisager l’arrêt de leurs études. La sélection, la pression de ces années très denses et le manque d’accompagnement des étudiants et étudiantes créent des conditions délétères pour leur vécu et leur réussite académique », estime la FAGE. Ainsi, 81% des jeunes interrogés assurent être plus stressés depuis leur entrée en PASS et LAS. 43% ressentent quant à eux un stress intense plusieurs fois par jour. 42% ont envie d’arrêter en cours d’année, et 36% se sentent isolés.
« C’est une année où on est sous stress constant, où on s’oublie et où plus rien ne compte sauf la compétition, a notamment témoigné un étudiant passé en PASS. C’est très dur, psychologiquement et physiquement : manque de sommeil, problèmes d’alimentation… On a l’impression que personne ne nous comprend, que personne ne nous entend ». « Je n’ai jamais été aussi mal dans ma vie, cela fait deux ans que je suis en études de santé (PASS puis LAS 2) et je suis réellement traumatisé de ces études que je trouvais passionnantes. Je cumule les crises d’angoisses (plusieurs fois par jour), je n’ai plus aucune confiance en moi, je suis très faible psychologiquement », déplore un autre.
Une différence de niveau observée dès la deuxième année de santé
Autre problème soulevé par l’enquête : une différence de niveau ressentie dès la deuxième année de santé entre les élèves issus du parcours PASS, « reliquat de la PACES », et les autres.
« La voie LAS ne comporte qu’une minorité d’Unités d’Enseignement en santé en comparaison avec la voie PASS. Cette grosse différence de volume horaire d’enseignements en santé entre PASS et LAS instaure aussi un sentiment de différence en L2 MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapie rééducation, ndlr), explique la FAGE. Ainsi, 43% des étudiants et étudiantes MMOPK ressentent une différence de niveau entre les PASS et les LAS ».
La FAGE réclame « une voie unique d’entrée dans les études de santé composée d’une licence »
En conséquence, la FAGE demande « une voie unique d’entrée dans les études de santé composée d’une licence » et « une voie comprenant tant des unités d’enseignement permettant une poursuite d’études en MMOPK que des unités d’enseignements du parcours au choix de l’étudiant ou de l’étudiante ». La FAGE réclame également que soit prise en compte la santé mentale des étudiants « dans le prochain modèle de réforme », et « des moyens suffisants pour permettre de réels dispositifs d’accompagnement ».
La création des deux voies d’entrées en études de santé, le PASS et la LAS, avait été décidée dans le cadre de la réforme des études de santé annoncée fin 2018, et étalée sur plusieurs années. Le calendrier détaillé est consultable.
Pour son enquête, la FAGE s’est basée sur 13 080 réponses d’étudiants en PASS ou LAS, ou ayant pu vivre au moins une année de PASS ou de LAS. Elle s’est déroulée sur un mois, du 29 février au 29 mars 2024.