À partir de 2025, tous les étudiants diplômés d’une école de commerce passés par une prépa recevront un certificat pour valoriser leur parcours en CPGE. Un label qui a vocation à reconnaître les compétences acquises dans cette formation exigeante. Interview avec Stéphanie Lavigne, vice-présidente de la CDEFM et Alain Joyeux, président de l’APHEC
Vous avez annoncé la création d’un certificat des arts libéraux pour les élèves issus de prépa, pourquoi ce choix ?
Alain Joyeux : Ce certificat est le résultat d’une réflexion commune entre les prépas et les grandes écoles de commerce dans le cadre du continuum classe prépa/grande école. Nous voulions reconnaître le parcours des étudiants qui sortent de prépa et poursuivent en école de commerce pour décrocher un bac +5.
On a cherché le meilleur moyen de valider ce parcours et nous avons opté pour ce certificat. Les élèves de prépa économiques obtiendront un certificat des arts libéraux et les élèves venant de prépa littéraire, un certificat des humanités.
Stéphanie Lavigne : Les écoles de commerce sont très attachées à la voie des prépas pour intégrer les grandes écoles. Or, jusqu’à présent il y avait un vide pour les élèves. Après deux ans en prépa – un cursus exigeant avec plus de 1 600 heures de cours, du travail personnel, des colles, etc. -, il n’y avait aucune reconnaissance, aucun diplôme. Il manquait une certification pour reconnaître les blocs de compétences acquis.
Pourquoi cette dénomination de certificat des arts libéraux ou des humanités ?
Alain Joyeux : Le système des classes prépas n’existe qu’en France sous cette forme. Cependant quand on regarde à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons, on retrouve des bachelors of arts, des formations généralistes avant de se spécialiser. Finalement ces programmes ressemblent beaucoup à nos prépas. Aussi, pour certains pays étrangers qui ne comprennent pas comment on peut avoir un master sans avoir de licence, cette dénomination permettra d’être lisible à l’international.
À quel moment cette certification sera-t-elle remise aux élèves ?
Stéphanie Lavigne : elle sera remise à la fin du cursus en école, à l’issue de l’année de master. Concrètement, un élève qui suit une prépa, et va au bout de sa formation en école de commerce recevra son diplôme de l’école, un diplôme reconnu, et il obtiendra un certificat d’excellence délivré par la CDEFM – la conférence des directeurs d’écoles de management. C’est une reconnaissance suprême de cette formation prépa.
Pourquoi ce certificat n’est-il pas délivré à la fin de la prépa ?
Alain Joyeux : avec ce label, nous voulions valoriser le parcours en cinq ans, ce continuum entre prépa et grande école et redynamiser les effectifs en CPGE. Même si nos effectifs augmentent de nouveau depuis deux ans, il existe de nombreux accès aux grandes écoles, nous voulions faire valoir la spécificité de ce parcours prépa-grande école.
Stéphanie Lavigne : C’est toute la logique de ce certificat qui valorise la continuité entre la prépa et la grande école, d’autant que le certificat est plus global puisqu’il est remis par un organisme national. Les étudiants qui viennent d’admissions parallèles ont déjà un premier diplôme, un BTS, un BUT, une licence, ce qui n’est pas le cas des élèves de prépa, avec ce certificat on rétablit la balance.
Concrètement, quelle est la valeur ajoutée de ce certificat pour les élèves ?
Stéphanie Lavigne : Nous avons travaillé avec des professeurs de prépa et des directeurs d’école de commerce. Ensemble nous avons regardé les compétences attendues par les recruteurs et nous avons constaté que plusieurs d’entre elles étaient acquises en prépa.
Les entreprises attendent des jeunes professionnels qui sont autonomes et efficaces, qui savent développer une pensée critique et réfléchie, prendre des décisions, résoudre des problèmes. Or ce sont autant de compétences qui sont acquises en prépa. Ça colle parfaitement !
Alain Joyeux : Tout à fait ! Il donne un petit plus par rapport aux entreprises qui sont nombreuses à regarder l’ensemble du parcours d’un jeune diplômé. Une fois diplômés d’une école de commerce, les étudiants pourront intégrer ce label dans leur CV qui ouvrira à un corpus de compétences large comme la capacité d’organisation, d’analyse et de synthèse, l’efficacité à l’oral…
Avez-vous sollicité le ministère de l’enseignement supérieur pour transformer ce certificat en diplôme ?
Alain Joyeux : Nous avions évoqué l’idée que les étudiants de prépa puissent avoir un accès direct en licence 3, mais elle soulevait de nombreux freins et cela n’avait pas abouti.
Stéphanie Lavigne : Par ailleurs, cela ne rentre pas dans une logique de reconnaissance par le ministère. Une prépa équivaut à un bac +2, or avec le système LMD (licence-master-doctorat), ce n’est pas très cohérent.
Quand ce certificat sera-t-il mis en place ?
Stéphanie Lavigne : Tous les étudiants en master 2 en 2024-2025 qui finissent leurs études cette année vont recevoir ce certificat. Ils recevront leur diplôme d’école comme tous les étudiants et recevront en parallèle le certificat électronique signé par Vincenzo Vinci, le président de la CDEFM.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Un certificat of liberal arts pour “valoriser la continuité entre la prépa et la grande école”.
Création du certificat : À partir de 2025, les étudiants diplômés d’écoles de commerce ayant suivi une prépa recevront un certificat pour reconnaître les compétences acquises durant leur cursus, contribuant ainsi à valoriser leur parcours.
Reconnaissance des compétences : Le certificat vise à combler le vide existant en matière de reconnaissance des compétences des prépas, en validant les blocs de compétences issus d’une formation exigeante de plus de 1 600 heures de cours.
Lisibilité internationale : La dénomination de “certificat des arts libéraux” ou “des humanités” s’inspire des modèles anglo-saxons, facilitant la compréhension du parcours français à l’international, notamment pour les recruteurs étrangers.
Délivrance à la fin du cursus : Ce certificat sera remis aux étudiants à la fin de leur master en école de commerce, soulignant l’importance de la continuité entre la CPGE et la grande école, et valorisant les compétences acquises sur l’ensemble du parcours de cinq ans.
Avantages pour l’employabilité : La certification valorise des compétences clés attendues par les recruteurs, comme la pensée critique et la résolution de problèmes, renforçant ainsi l’attractivité des diplômés sur le marché du travail et leur capacité à communiquer efficacement.