Après de longues semaines de process de recrutement, certains candidats sont finalement aux abonnés absents. Et ne se présentent même pas au boulot le jour J. Mais pourquoi donc ?
Le career catfishing, c’est quoi ?
Le monde du recrutement, habituellement rythmé par les candidatures, les entretiens et les embauches, est confronté à une nouvelle tendance aussi surprenante que frustrante : le « career catfishing ». Un terme qui évoque inévitablement les tromperies amoureuses en ligne. Si le « catfishing » originel consiste à créer une identité fictive pour manipuler une victime, sa déclinaison professionnelle voit des candidats, bien réels ceux-là, disparaître sans laisser de traces à des étapes cruciales du processus d’embauche.
Imaginez : après avoir passé de multiples entretiens, parfois même signé une promesse d’embauche, le candidat ne se présente tout simplement pas au travail le jour J. Il devient fantôme, injoignable, laissant les recruteurs perplexes et dans l’embarras. Ce comportement est loin d’être anecdotique. Une récente étude britannique révèle ainsi que plus d’un tiers des moins de 27 ans auraient déjà eu recours à cette pratique. Évidemment le phénomène a traversé la Manche. Un recruteur français qui préfère rester anonyme, témoigne ainsi avoir contacté un employeur quelques jours après la date prévue de la prise de poste d’un candidat pour s’assurer de sa bonne intégration. Et là surprise, la nouvelle recrue ne s’était jamais manifestée, ni présentée. Ce silence radio, en fin de parcours, est particulièrement problématique pour les entreprises qui ont investi du temps et des ressources dans ces recrutements, parfois au détriment d’autres candidatures.
Pourquoi les candidats disparaissent de la circulation durant le processus de recrutement ?
Il n’y a évidemment pas une, mais plusieurs hypothèses pour tenter d’expliquer ce phénomène. La plus évidente ? Les candidats ont trouvé l’herbe plus verte ailleurs et ont donc signé avec une autre entreprise. Un argument recevable qui ne devrait pas empêcher un minimum de correction et de communication évidemment.
Une autre explication réside dans la longueur excessive de certains processus de recrutement. « Neuf à douze semaines pour obtenir une réponse finale peuvent décourager les candidats, en particulier les plus jeunes, qui perdent leur motivation. Plus la sélection s’étire dans le temps, plus le risque de voir un candidat se désengager augmente », souligne Kaëlig Sadaune, fondateur du cabinet de recrutement Brawo.
Certains experts suggèrent également que ce comportement pourrait être une forme de « revanche » des candidats face à des pratiques de recrutement qu’ils ont pu juger négatives par le passé. Pendant longtemps, de nombreux candidats ont déploré le manque de réponse à leurs candidatures, leurs relances ou des réponses tardives. Le « career catfishing » serait donc un prêté pour un rendu !
Enfin, des raisons plus personnelles, et parfois moins avouables, sont à mettre dans la balance. Certains candidats peuvent avoir surestimé leurs compétences ou leur intérêt pour le poste, et reculent au dernier moment face à la réalité de l’engagement. D’autres manquent simplement de professionnalisme ou de maturité dans leur approche du monde du travail. Quelle que soit la raison, cette absence de communication et ce manque de respect envers le processus de recrutement ont des conséquences non négligeables pour les entreprises. Alors elles s’organisent comme elles peuvent.
Les recruteurs s’organisent pour déjouer le « career catfishing »
Pour minimiser les risques de se retrouver « catfishés » et renforcer l’engagement des candidats avant leur prise de poste, les employeurs se mobilisent. Leur première réaction, et sans doute la plus cruciale, est de revoir et d’accélérer les processus de recrutement. Réduire les délais entre les étapes, limiter le nombre d’entretiens et communiquer régulièrement avec les candidats peut contribuer à maintenir leur motivation et à éviter qu’ils s’impatientent et passent leur chemin.
Souvent, ce sont les cabinets de recrutement qui se chargent de maintenir ce lien. Assurer un contact permanent avec les candidats, même après la signature d’une promesse d’embauche, est également essentiel. La ville de Megève envoie par exemple des « stories » par SMS aux nouvelles recrues. Elles y trouvent la présentation de leurs futurs collègues, des infos sur l’organisation… Tout est bon pour les aider à se projeter dans leur futur poste en attendant leur premier jour. Finalement, la transparence et la courtoisie, ça marche dans les deux sens !
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : le « career catfishing » et la problématique de la disparition des candidats lors des recrutements.
Le phénomène du « career catfishing » : Des candidats, après avoir passé plusieurs entretiens et parfois signé une promesse d’embauche, disparaissent sans donner de nouvelles, laissant les recruteurs perplexes.
Motivation des candidats en déclin : De nombreux candidats se désengagent en raison de la longueur excessive des processus de sélection qui peuvent atteindre neuf à douze semaines, un temps perçu comme démotivant.
Réponse à des pratiques perçues comme négatives : Le « career catfishing » pourrait être une réaction des candidats face à des expériences passées de recrutement sur des offres d’emploi, où ils ont souvent manqué de réponse.
Manque de professionnalisme : Certaines disparitions peuvent résulter d’une surestimation des propres compétences ou d’un manque de maturité des candidats, parfois issus de la génération Z, envers leurs engagements professionnels.
Stratégies des recruteurs : Pour éviter ces situations, les recruteurs révisent les processus de sélection en réduisant les délais et en maintenant un contact régulier avec les candidats et les jeunes travailleurs, même après la promesse d’embauche, améliorant la réputation professionnelle. Le but est de renforcer le bien-être des candidats, leur confiance et leur engagement.
