Qu’ils soient spécialisés en ingénierie d’affaires, logistique, finance, export management ou encore en marketing, 90 % des diplômés de l’École supérieure du commerce extérieur (ESCE) travaillent sur des missions internationales, 35 % d’entre eux vivent à l’étranger.
Dans un monde chamboulé par l’instabilité géopolitique, les transformations digitales et les enjeux climatiques, l’école fait sans cesse évoluer ses programmes. Le point avec Christophe Boisseau, directeur général.
6questions à Christophe Boisseau, directeur général de l'ESCE

Quels sont les principaux enjeux auxquels les actuels étudiants de l’École supérieure de commerce extérieure (ESCE) auront à faire face une fois sur le marché du travail ?
Christophe Boisseau : Le contexte international se caractérise par une forte montée des tensions géopolitiques. Nous le sentions déjà il y a 5/6 ans et chaque mois qui passe, c’est plus fort. Que ce soit au Cachemire, à Taïwan, en Corée du Nord, en Ukraine, au Moyen-Orient, en Afrique, les conflits se multiplient. On assiste aussi à un retour assez marqué du protectionnisme et à la remise en question des institutions supranationales.
Le deuxième enjeu dans le monde des affaires, c’est la transformation digitale avec le développement de l’intelligence artificielle, de la blockchain et d’autres technologies de rupture. Cela demande pour nos jeunes de bien comprendre ce qu’est l’IA, l’IA générative et ce qu’on pourrait appeler une IA souveraine et durable, c’est-à-dire où les informations ne partent pas dans des pays ennemis et qui intègre les enjeux éthiques et réglementaires.
Le troisième élément, ce sont les enjeux climatiques, la capacité à concevoir un monde professionnel durable, qui intègre des bonnes pratiques. Les enjeux de RSE sont incorporés dans nos programmes depuis plusieurs années. Les enjeux géopolitiques aussi. Pour l’IA, c’est plus récent, c’est un sujet très évolutif, un vrai enjeu pour les écoles.

Concrètement, comment préparez-vous vos étudiants à faire face à ces enjeux ?
Christophe Boisseau : Depuis 10 ans déjà, nous avons développé une dynamique pédagogique loin des cours top-down, en amphi ou en salle. Nous proposons à nos étudiants des programmes digitaux basés sur des vidéos enregistrées par un enseignant spécialiste avec un ou plusieurs invité(s) qui leur permettent de s’impliquer en amont des cours en présentiel.
Sur notre chaîne YouTube, il y a par exemple “Les rendez-vous de la géopolitique”, dédiés à l’analyse des enjeux économiques et politiques internationaux : des vidéos d’une vingtaine de minutes qui invitent les étudiants à réfléchir sur un sujet précis et à effectuer des lectures complémentaires. En cinq ans, les lectures sur la bibliothèque numérique ont été multipliées par 20. La vidéo sert de vecteur, elle crée un intérêt pour le sujet.
Le cours en présentiel va être beaucoup plus actif, centré sur leurs questionnements à eux, ce qu’ils ont compris, ce qu’ils ont moins compris, on va creuser. Ça leur donne une épaisseur culturelle. Dans les programmes sur le développement durable et la responsabilité sociétale, ils sont par ailleurs amenés à faire des maraudes, des jeux de rôle, à être acteurs. Sur l’IA et la data, l’ESCE travaille avec l’ECE, l’école d’ingénieur du même groupe, et avec DataSciencetest, qui appartient aussi à OMNES Education, pour créer un programme de formation spécifique.
En parallèle, nos étudiants ont, comme dans d’autres écoles de commerce, des cours de marketing, de finance, de ressources humaines, etc. Surtout, ils profitent d’un enseignement de langues exceptionnel : treize langues sont proposées, ils en parlent au moins trois, ce qui constitue une force. Car dans les cours de langues, ils apprennent aussi les diversités culturelles.

Mais comment orienter les élèves vers les marchés ou les métiers porteurs dans un contexte aussi instable et changeant ?
Christophe Boisseau : Nous sommes en permanence à l’écoute. Les conseillers du commerce extérieur de la France interviennent auprès des étudiants sur les besoins des entreprises, les métiers en tension, les débouchés porteurs. Nous disposons d’un conseil d’orientation stratégique, qui réunit une trentaine d’entreprises exportatrices. Son rôle principal est d’étudier l’apparition de nouveaux métiers et de comprendre quelles sont les compétences nécessaires pour les exercer et quels contenus concevoir pour former les étudiants.
Sur ce dernier point, nous avons également une équipe d’enseignants chercheurs qui publient dans des revues, qui assistent à des congrès, à des soutenances de thèse et qui sont force de proposition.
Bon à savoir

Des évolutions pédagogiques sont-elles prévues à court terme ?
Christophe Boisseau : Les contenus de nos programmes évoluent chaque année en fonction des besoins. Nous sommes par exemple en train de monter un master spécialisé en “Trade Finance” qui forme au financement des opérations à l’export ainsi qu’un master spécialisé sur la compliance, le respect des normes, deux domaines dans lesquels énormément d’emplois se développent.

Est-il possible d’identifier les métiers qui seront les plus recherchés dans 5 ans ?
Christophe Boisseau : Non, mais ce qui est sûr, c’est que la partie IA et data sera essentielle. Auparavant il y avait une sorte de cloisonnement entre les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs. Aujourd’hui, pour prendre n’importe quelle décision, on doit être capable de générer des données de bonne qualité et savoir comment utiliser l’intelligence artificielle.
Avec les enjeux environnementaux, le protectionnisme qui se renforce, énormément d’entreprises embauchent pour reconcevoir les chaînes logistiques. L’export management est toujours très demandé. Les métiers du digital, du marketing et de la communication, sont en pleine évolution. La finance et l’assurance aussi. Ce qu’attendent les entreprises des écoles, c’est d’apporter un vent de nouveauté dans leurs équipes.

Avez-vous des inquiétudes pour l’avenir de vos étudiants, même si le taux de placement reste très élevé (98 % à moins de 6 mois) ?
Christophe Boisseau : Les inquiétudes, en ce moment, portent plutôt sur les crédits d’apprentissage. Pas sur l’avenir des étudiant : les entreprises ont besoin de voir arriver du sang neuf et de nouvelles idées. Encore plus que lorsque les métiers étaient stables.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : comment les étudiants de l’ESCE sont préparés à faire face à de nouveaux enjeux internationaux.
Des défis mondiaux en pleine mutation
Les étudiants de l’ESCE évoluent dans un contexte marqué par les tensions géopolitiques, la montée du protectionnisme, la révolution digitale (IA, blockchain) et l’urgence climatique, qui redéfinissent les métiers de demain.
Une pédagogie active et innovante
L’école privilégie des formats interactifs avec vidéos, débats, lectures numériques et mises en situation concrètes (maraudes, jeux de rôle), afin de développer la réflexion critique et l’implication personnelle des étudiants.
Une préparation renforcée aux technologies et à l’IA
Grâce à des partenariats avec l’ECE et DataSciencetest, l’ESCE intègre des formations spécifiques sur la data et l’intelligence artificielle, compétences devenues incontournables dans tous les secteurs.
L’international au cœur de la formation
Avec 13 langues enseignées et au moins trois maîtrisées par chaque étudiant, l’ESCE mise sur la diversité culturelle et linguistique. 90 % des diplômés travaillent sur des missions internationales et 35 % exercent à l’étranger.
Des programmes en évolution constante
L’école adapte régulièrement son offre avec de nouveaux masters (Trade Finance, compliance) et un conseil stratégique composé d’entreprises exportatrices pour anticiper les métiers porteurs (IA, logistique, finance, export management).















